Une souveraineté non négociable

En l’espace d’une semaine, Ouagadougou a été le théâtre d’un ballet diplomatique singulier. D’un côté, une mission des Nations unies, conduite par Yacoub Ali El Hille, dépêchée dans la capitale burkinabè après l’expulsion de la Coordonnatrice résidente du Système onusien, pour renouer le dialogue ; de l’autre, une délégation du Congrès américain avec en tête, le sénateur James Austin Scott, a salué les avancées sécuritaires, le succès de l’Offensive agricole et le dynamisme de l’économie burkinabè.

A cela s’ajoute le séjour du président de la Haute autorité du Fonds souverain du Sultanat d’Oman, Abdulsalam Bin Mohammad Al Murshidi, à la tête d’une forte délégation, qui s’est soldé par la signature d’un Accord de coopération en matière d’investissement entre le gouvernement burkinabè et l’autorité d’investissement du Sultanat d’Oman.

Des visites dans des contextes différents, mais une même réalité : le Burkina Faso continue de dérouler le tapis rouge à tous ses partenaires, qu’ils soient bi ou multilatéraux, mais avec l’exigence d’une coopération bâtie sur la franchise, la considération et, surtout, le respect de sa souveraineté.

Les pays comme les organisations apprennent désormais que dans le concert des nations, le Burkina Faso exige la reconnaissance de son droit souverain à se frayer son propre chemin, et à choisir librement ses partenaires dans sa lutte implacable contre le terrorisme et pour son développement socio-économique. C’est bien là que se joue la nouvelle donne diplomatique ; celle d’un Faso qui casse les codes dans des relations de coopération où certains partenaires ont longtemps dicté la marche à suivre.

Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, l’a rappelé sans détour à l’émissaire des Nations unies : la collaboration avec le Système onusien est possible, mais dans la transparence et le strict respect de la souveraineté nationale. Aujourd’hui, Ouagadougou fixe ses priorités qui se résument essentiellement à la reconquête du territoire, à la sécurité alimentaire et au développement endogène. Le pays attend de ses partenaires qu’ils s’alignent sur ces priorités et pas plus.

Les félicitations du Congrès américain et l’engagement de l’ONU pour des discussions « franches et constructives » avec les autorités burkinabè sont un signe manifeste que les lignes bougent.
En somme, les peuples en lutte pour leur liberté, comme les Burkinabè, n’ont pas besoin de condescendance ni de leçons, mais d’un soutien et d’un accompagne-ment dignes et sincères.

Dans la courtoisie diplomatique, le message du Burkina Faso est donc clair. La nouvelle ère insufflée dans les relations internationales sonne la fin des tutelles tout en entretenant une ambition de cultiver un partenariat équilibré partout dans le monde. A l’heure où le pays se bat pour reconquérir son territoire et garantir un avenir radieux à ses enfants, il appartient à la communauté internationale de comprendre que le temps des ingérences est révolu.

Les relations bilatérales et multilatérales doivent se construire, non pas dans l’ombre de pressions et de diktats, mais à la lumière d’une déférence entre les différentes parties.
Ainsi, l’histoire va retenir que, dans ce tournant décisif, le Burkina Faso trace en toute fermeté, sa voie pour une souveraineté pleine et entière. Le pays marche résolument debout, porté par l’adhésion de son peuple. Les partenaires qui veulent l’accompagner sont les bienvenus. Le zoom-koom leur sera servi et le chapeau de Saponé, offert. Mais dans ce Sahel en lutte, la souveraineté n’est pas négociable.

Assétou BADOH

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