Un affrontement est intervenu entre autochtones bobos et peulhs, le 5 mai 2020 dans le village de Kokoroyé, un village situé à une quinzaine de kilomètres au Nord-Ouest de Bobo-Dioulasso. Le bilan fait état de plusieurs blessés dans les deux camps et des dégâts matériels. Cet incident est dû selon les Bobos, au non-respect de leurs coutumes tandis que les Peulhs le lient à l’abattage abusif de leurs animaux.
Le village de Kokoroyé est situé à une quinzaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, à quelques encablures de l’Université Nazi-Boni. Ce mercredi 6 mai 2020, le village est calme. La population vaque à ses occupations normalement. Rien ne montre dans ce village qu’il y a eu la veille, un affrontement entre les habitants dudit village à majorité Bobos et Peulhs. Sans doute les négociations et les médiations en cours ont permis d’apaiser les tensions. Cet affrontement entre les deux communautés a fait plusieurs blessés et la destruction de biens, surtout les moyens de locomotion. Les blessés sont en traitement au Centre hospitalier universitaire Souro-Sanou (CHUSS) de Bobo. Les versions de ce conflit diffèrent d’une communauté à une autre. Selon Seydou Sidibé, frère d’une victime, c’est l’abattage de leurs bœufs qui est à l’origine du conflit. « Les Bobos ont abattu nos bœufs et nous sommes allés dans le village de Kokoroyé pour régler ce problème. Mais sur place, nous avons constaté que deux autres bœufs ont été encore abattus et sont en train d’être dépecés. Nous avons alors appelé les autorités pour venir faire le constat. Mais avant qu’elles n’arrivent, la population s’est rassemblée pour nous battre et détruire nos motos et emporter la viande ».
Un conflit ne devrait pas arriver
Selon un habitant d’un hameau de cultures à Kokoroyé d’où sont issus les animaux, ce sont quatre bœufs qui ont été tués. Mais selon le chef du village de Kokoroyé, Mathieu Sanou, ce sont les Peulhs qui voulaient les empêcher de faire leur coutume, d’où cet incident. « Nous sommes en train de faire nos coutumes quand les Peulhs sont venus nous trouver. Les coutumes se font partout. Ils sont venus nous dire qu’ils ont vu quelque chose et ont commencé à nous battre, nous et les enfants. Les Peulhs et leurs animaux ne doivent pas arriver là où nous faisons nos coutumes. Nous faisons chaque fois des communiqués pour informer les gens de la tenue des funérailles et autres afin qu’ils respectent nos coutumes », souligne le chef du village sans trop rentrer dans les détails. Mais selon certaines sources, pendant les périodes de funérailles, les animaux qui rôdent autour des lieux de culte sont systématiquement abattus. Seydou Sidibé dit être au courant de cette pratique. C’est pour cela qu’ils orientent pendant cette période, leurs animaux ailleurs. M Sidibé souligne que ce n’est pas la première fois que leurs animaux sont ainsi abattus, mais que pour cette fois-ci, le nombre est assez élevé. Le 4e adjoint au maire de Bobo-Dioulasso, Alain Sanou, par ailleurs natif du village de Kokoroyé, dit déplorer cet incident. Les Peulhs a, dit-il, sont les parents à plaisanterie des Bobos et ce conflit ne devrait pas arriver. « Ils ont toujours vécu en parfaite symbiose avec la population et ont toujours mené leurs activités sans difficulté. C’est l’occasion pour nous d’appeler les chefs coutumiers et dépositaires de la tradition à s’impliquer davantage par les conseils pour promouvoir le vivre-ensemble », a-t-il suggéré. Alain Sanou a aussi invité les jeunes à rester dans le cadre des coutumes et à faire privilégier le pardon afin que les deux communautés puissent continuer à toujours vivre ensemble dans la quiétude.
Adaman DRABO