Vive l’immersion patriotique !

Désormais, les nouveaux bacheliers du Burkina devront sacrifier à la tradition de l’immersion patriotique. Pendant 30 jours, nos jeunes frères et sœurs iront à l’école du patriotisme. Ils iront à la découverte de soi, à travers l’exploration de notre histoire, de nos valeurs et de nos repères. Le contexte s’y prête, l’actualité en est témoin ; nous ne pouvons plus naviguer à vue avec des générations perdues d’office, faute de rigueur dans la conduite, faute d’engagement dans l’action. Il faut laisser renaitre le nouveau Burkinabè des cendres de l’affront et de la persécution. 

En décidant d’envoyer ces jeunes dans l’univers de l’immersion patriotique, il ne s’agit surtout pas de les envoyer à l’abattoir ou dans un camp de concentration. Il s’agit plutôt de leur inculquer notre intégrité dans son intégralité. Il s’agit de les amener à être des hommes et des femmes dignes de nos aspirations profondes. Le Burkinabè ne devrait plus être traité au rabais pour ses méfaits ; il devrait plutôt inspirer les autres par son exemplarité et sa constance à en faire une priorité. Notre devise traduite dans nos 63 langues dit que la honte est la pire des malheurs qui transcende même la mort. Autrement dit, le Burkinabè digne accepte la mort avec fierté pour échapper à la honte qui ternit l’honneur. Pour le vrai Burkinabè, la honte est comme un fardeau qui sent mauvais, porté sur la tête. Quand vous portez un tel fardeau, chacune de vos sorties ressemble à une partie de suicide doublé d’avilissement, à petit feu. On n’applaudit pas un saint d’esprit qui brûle un feu tricolore ; on ne félicite pas un voleur de dénier public, parce qu’il a du talent en faux ; on ne gratifie pas la paresse pendant que la hardiesse brandit sa part de gloire. L’intégrité est un mérite qui s’arrache avec le cœur.

L’immersion patriotique leur permettra de comprendre qui nous sommes dans ce monde de prédation. Ce monde dans lequel le plus fort abuse du plus faible en se vantant d’être le meilleur dans l’arène des amputés. Mais, il a fallu que nous en arrivions là, pour nous rendre compte que le même plus fort ne vit que de rapines et de pillages à grande échelle, savamment orchestré au nom d’une démocratie qui balbutie. Il a fallu que nous parvenions à ce stade de notre histoire pour nous rendre compte que nous avons manqué de courage politique pour dire non à impénitent puissant aux pieds d’argile. Pour un pays dit indépendant depuis plus de 60 ans, riche de ses ressources mais pauvre sur papier et même classé parmi les derniers de la classe, il y a de quoi se demander : pour qui ou contre qui fait-on la guerre depuis près d’une décennie ? A qui profite ce crime à ciel ouvert entretenu par le mystère de la main invisible qui forme et finance sous le regard d’une communauté dite internationale férue de discours face aux vautours ? Pourquoi ceux qui nous souriaient en nous pillant refusent de quitter nos terres dites arides et pauvres pour rentrer chez eux ? Pourquoi l’Alliance des Etats du Sahel, épicentre de la misère hier seulement, est-elle devenue le centre de tous les intérêts impérialistes ? Ceux qui se vantent de nous avoir apporté le développement sont les mêmes qui ont falsifié notre histoire, étouffé la voix de nos héros et menti sur le cours de notre destin de « damnés de la terre ». Aujourd’hui, le roi est nu, la vérité se laisse piétiner dans la foulée des « barbares » venus du Couchant. Mais cette même vérité est devenue plus brillante, plus éclatante, voire éblouissante, polie par les mauvais frottements qui font du bien. Les relations internationales sont des relations de domination parce que ce monde est une jungle.

L’immersion patriotique, c’est aussi et surtout une occasion pour apprendre à aimer ce pays qui a failli ne plus exister entre 1932 et 1947. Cette partie de notre histoire est charnière et devrait être connue de tous et résonner dans la conscience collective de notre pays comme le tocsin du sursaut de l’intégrité. Parfois, en parcourant les lignes de cette histoire, des larmes de fierté envahissent les yeux du profane. Après l’échec de cette dissolution définitive de la Haute-Volta d’antan, aujourd’hui, la dislocation se présente sous forme de guerre d’usure entretenue par d’impies pseudo djihadistes au plumage terroriste. Et rien ne sert de citer les sponsors de cette macabre escalade de la violence contre le Burkina Faso. Il se trouve même des âmes dites burkinabè pour s’allier à la horde assassine et détruire leur propre pays. 

Chaque pensionnaire de cette immersion devra humblement s’approprier notre histoire, notre culture et notre idéal de vie en tant que Nation. Chaque parent devra encourager son fils ou sa fille à y participer avec le cœur, parce que la relève, c’est maintenant ! Personne ne viendra nous apprendre notre histoire et ces valeurs ; personne ne viendra nous apprendre à nous battre contre l’impérialisme ; personne ne viendra nous apprendre à aimer le Burkina Faso. Alors, allez à cette immersion et revenez nous apprendre ou nous rappeler ce que nous avons peut-être oublié, ce que nous négligeons, ce que nous sommes en train de perdre : le patriotisme ! Vive l’immersion patriotique ! Vive le Burkina Faso ! La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

 

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