La cérémonie de rentrée solennelle de l’Académie de Police a eu lieu sur le site de l’école, dans la commune rurale de Pabré, le vendredi 10 novembre 2017. Cet instant marque le début des activités académiques des élèves commissaires et officiers de police. Une communication sur la réforme de la sécurité a été donnée par le politologue, Dr Abdoul Karim Saidou.
Ouverte en 2015, l’Académie de Police a organisé pour la deuxième fois, la cérémonie de lancement officiel de ses activités pédagogiques. C’était sur son site dans la commune rurale de Pabré, le vendredi 10 novembre 2017. Ce sont près de 200 commissaires et officiers de police qui devront suivre avec rigueur la formation de deux ans.
Le directeur de l’Académie de Police, le Commissaire divisionnaire de police, Amadou Guigma a confié que la formation de cette 3e promotion des élèves commissaires et officiers de police, intègre sept modules. «Nous avons des élèves qui sont chargés du commandement et de la direction. Les commissaires sont des agents publics chargés de la direction des services de police. Les officiers sont chargés de l’encadrement sur le terrain. L’accent est mis sur les compétences de comportement, de discipline, de commandement, de management, de leadership. Mais aussi des connaissances très techniques telles que la police judiciaire et l’approche communautaire», a expliqué le commissaire Guigma. Il a profité de l’instant pour égrener quelques défis notamment l’accès à internet et l’acquisition d’un car de transport.
Des doléances qui ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, a notifié le secrétaire général du ministère de la sécurité, Abdoulaye Ouédraogo. Dans un contexte marqué par l’insécurité, M. Ouédraogo a souhaité une formation qui inculque davantage aux policiers des savoirs et des aptitudes personnelles afin de faire face à la pression sociale.
Abdoulaye Ouédraogo a révélé l’ambition du ministère de la sécurité de faire des structures de formation de la police nationale, des Etablissements publics de l’Etat (EPE).
L’objectif, a-t-il soutenu, est d’améliorer la qualité de la formation et d’offrir une grande autonomie à ces écoles afin qu’elles arrivent à faire face à leurs obligations.«Aux élèves, je vous exhorte à faire de ces moments de formation, une période de quête véritable de connaissances et de développement personnel», a conseillé, le directeur général des écoles de police, le Contrôleur général de police, Alain Joachim Bonzi.
Nécessité de reformer le secteur sécuritaire
Pour lui, l’Académie de police est un maillon important pour constituer un personnel policier de qualité aux fins d’assurer à chaque citoyen la paix et la sécurité. «L’Académie de police est le moyen le plus efficace pour plus de professionnalisme dans le corps de la police», a-t-il ajouté.
Placé sous le thème: «Police nationale et réforme du secteur de la sécurité: enjeux et défis», la conférence inaugurale a été animée par le politologue Dr Abdoul Karim Saidou.
Sa communication a porté sur quatre points essentiels. Il s’est agi du contexte sécuritaire dans la bande sahélo saharienne, du concept de réforme du secteur de la sécurité, du rôle de la police nationale dans ce contexte de réforme et les défis que doivent relever l’institution afin de jouer pleinement sa partition. «Avant, l’Etat semait la terreur et les citoyens se cherchaient. Maintenant, ce sont les citoyens qui sèment la terreur et l’Etat se cherche. Et quand l’Etat sème la terreur, c’est à travers les forces de l’ordre et de sécurité», a affirmé le conférencier à propos de la spécificité du contexte sécuritaire dans lequel se trouve le Burkina Faso.
Dans la foulée, il a évoqué l’avènement du syndicalisme dans la police qui marque une nouvelle dynamique. A propos des mouvements d’auto-défense Kogl-Weogo, le politologue, se fondant sur les actes illégaux que posent ces groupes, a déclaré qu’il s’agit d’un défi sécuritaire pour la Police nationale. « La sécurité ne veut rien dire si elle est construite sur l’insécurité des autres. La réforme du secteur de la sécurité s’inscrit dans la réorganisation spécifique. Elle doit être prise en charge au haut sommet de l’Etat parce que c’est une question d’intérêt national», a dit Abdoul Karim Saidou.
Pour lui, cette réforme doit absolument tenir compte du respect des droits de l’homme. Il a par ailleurs proposé de passer à une politique de sécurité nationale, prenant en compte la défense et la sécurité. Car, a étayé l’analyste politique, une telle rupture paradigmatique implique des choix politiques et techniques importants à opérer. «Pour être actrice de ce processus, la Police nationale doit développer une capacité d’anticipation en renouant avec la réflexion stratégique», a suggéré Dr Abdoul Karim Saidou.
Gaspard BAYALA