Agriculture durable en Afrique de l’Ouest: plaidoyer pour des politiques favorables à l’agroécologie

Le coordonnateur de 3AO, Mamadou Ballo, a indiqué que malgré son importance, l’agroécologie fait face à de nombreux défis, notamment un soutien politique insuffisant, des cadres juridiques inadaptés et une concurrence accrue des modèles agricoles intensifs.

Les organisations de la société civile ouest-africaine, regroupées au sein de l’Alliance pour l’agroécologie en Afrique de l’Ouest (3AO), ont lancé une stratégie régionale concertée de plaidoyer pour l’agroécologie, le mercredi 3 septembre 2025, à Thiès, au Sénégal.

Les organisations de la société civile, à travers l’Alliance pour l’agroécologie en Afrique de l’Ouest (3AO), veulent contribuer à promouvoir et à structurer la transition agroécologique dans la sous-région, en offrant un cadre de collaboration entre divers acteurs, à savoir les organisations paysannes, ONG, instituts de recherche, bailleurs de fonds, etc., pour favoriser l’échange d’expériences et la mise en œuvre de politiques adaptées. Conformément à ses objectifs et missions, 3AO a lancé une stratégie régionale concertée de plaidoyer pour l’agroécologie, le mercredi 3 septembre 2025, à Thiès, au Sénégal.

Pour le coordonnateur de 3AO, Mamadou Ballo, l’agroécologie, en tant que pratique agricole durable et système de pensée holistique, gagne en importance dans les débats mondiaux sur la sécurité alimentaire, la résilience climatique et la préservation des écosystèmes. Portée par les organisations paysannes et les Organisations de la société civile (OSC), elle s’impose progressivement comme une alternative crédible aux modèles agricoles conventionnels, souvent critiqués pour leurs impacts négatifs sur l’environnement et les communautés rurales.

« En Afrique de l’Ouest, où l’agriculture familiale constitue la base de la production alimentaire, l’adoption de l’agro-écologie s’accélère grâce aux actions conjuguées de divers acteurs. Ces efforts visent à intégrer l’agroécologie dans les politiques publiques régionales et nationales pour garantir la souveraineté alimentaire, préserver la bio-diversité, renforcer la résilience face au changement climatique et pour transformer les systèmes alimentaires vers la durabilité », a-t-il ajouté.

Mais malgré son importance, l’agroécologie fait face à de nombreux défis, notamment un soutien politique insuffisant, des cadres juridiques inadaptés et une concurrence accrue des modèles agricoles intensifs favorisant l’utilisation de semences industrielles, d’engrais chimiques et de pesticides synthétiques (produits phytopharmaceutiques de synthèse), a déploré M. Ballo.

Réduire d’au moins 50% la dépendance aux pesticides chimiques

La stratégie a été élaborée pour faire de l’agroécologie une alternative à l’agriculture conventionnelle, à l’utilisation des intrants chimiques afin de bâtir des systèmes alimentaires durables.

Et ces défis, poursuit-il, nécessitent une stratégie cohérente et régionale pour guider les efforts de plaidoyer et accélérer l’adoption de pratiques agroécologiques à grande échelle. Cette stratégie de plaidoyer porte sur plusieurs axes stratégiques et thématiques comme les bio-intrants, les systèmes semenciers paysans et les bio-protecteurs et vise donc à accélérer la transition agroécologique par des politiques, des financements et des cadres juridiques favorables aux systèmes semenciers paysans, aux bio-intrants et bio-protecteurs.

Au niveau des semences paysannes, l’objectif général est d’établir un cadre politique et juridique favorisant la reconnaissance et le développement des Systèmes semenciers paysans (SSP) en Afrique de l’Ouest. De manière spécifique, il s’agit de promouvoir un environnement institutionnel favorable à la reconnaissance et au soutien des SSP, protéger juridiquement les variétés paysannes contre la biopiraterie et l’appropriation illégitime, renforcer les investissements dans des programmes durables de valorisation des SSP, et de mettre en place un système d’enregistrement des semences paysannes pour garantir leur contrôle par les agriculteurs.

Au niveau des bioprotecteurs/biopesticides, l’objectif global est de réduire d’au moins 50% la dépendance aux pesticides chimiques à travers une autonomisation de la production de bio-protecteurs en Afrique de l’Ouest d’ici 2035. En termes d’objectifs spécifiques, la stratégie vise à promouvoir les bio-protecteurs en mettant en place des processus réglementaires, incitatifs et financiers, avec 50% des producteurs utilisant les bio-protecteurs d’ici 2035 et des Etats subventionnant à hauteur de 50% les bio-protecteurs d’ici 10 ans, réduire à hauteur de 30% les subventions de pesticides chimiques de synthèse d’ici 2035, à pousser les Etats de l’Afrique de l’Ouest à ratifier les traités et conventions internationales sur la biodiversité.

Bâtir des systèmes alimentaires durables

Les acteurs ont formulé des recommandations pour une mise en œuvre réussie de la stratégie régionale concertée de plaidoyer pour l’agroécologie.

En ce qui concerne les biofertilisants/biostmulants, l’ambi- tion générale est d’inciter les décideurs à adopter des politiques et législations harmonisées en Afrique de l’Ouest favorisant l’utilisation des bio-intrants produits localement. D’une manière spécifique, il est envisagé de tripler les financements et les rendre accessibles pour la production et l’utilisation des biofertilisants par les producteurs et les entreprises agricoles, renforcer l’information des décideurs politiques sur les avantages environnementaux, socio-économiques et sanitaires de la production et de l’utilisation des biofertilisants pour la souveraineté et de rendre accessible aux producteurs les biofertilisants produits localement.

La stratégie a pour cibles, les organisations et institutions sous régionales, les ministères en charge de l’agriculture, de l’environnement, de la recherche, les parlements, les agences nationales de biosécurité, la société civile, les partenaires techniques et financiers comme la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, le FIDA, la FAO, le GIZ… « Nous allons travailler à réunir ces institutions autour de la stratégie, à les faire adopter et adhérer à cette stratégie, et aussi à les faire mobiliser des ressources pour sa mise en œuvre, car elle est la stratégie de tous », a souligné Mamadou Ballo. Elle a été élaborée pour faire de l’agroécologie, une alternative à l’agriculture conventionnelle, à l’utilisation des intrants chimiques afin de bâtir des systèmes alimentaires et nutritionnels durables, base d’une véritable souveraineté alimentaire dans la sous-région ouest-africaine, a-t-il conclu.

Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com
(Depuis Thiès, Sénégal)

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