Allô, allô, encore le réseau !

Pour commencer, posons déjà les questions de l’équation à plusieurs inconnues : qu’est-ce qui se passe avec nos réseaux de téléphonie mobile ? Y a-t-il au moins quelqu’un pour répondre aux causes de nos désagréments ? Y a-t-il un cahier des charges qui régit l’activité de ces entreprises ?  Y a-t-il des sanctions en cas de non-respect de ce cahier des charges et sont-elles appliquées ? Pourquoi nous grugent-ils si impunément, sans excuses ni remords ? Pourquoi ce sont toujours les consommateurs qui paient la facture de la bavure téléphonique ? Pendant qu’on ne peut pas appeler son voisin à dix mètres, ils nous harcèlent jusqu’au fond de nos rares sommeils avec des SMS à des heures indues. Pendant que le réseau se défait en pleine communication, ils nous bombardent de messages publicitaires sur des promos aux minus bonus. Pendant que le réseau se fait rare même sous un pilonne émetteur, ils vantent chacun leur mérite sans la moindre gloire.
Les réseaux de téléphonie mobile ont tellement évolué que vous pouvez appeler, sans que l’on ne vous décroche. Pourtant ça sonne ! Non, on ne peut être performant et traîner de telles carences ; on ne peut pas être un leader et se comporter comme un « pubère » du secteur. Quand on est premier, on n’est pas derrière, en tête de la queue. Pour une session de connexion internet, c’est une séance de torture morale et une perte du temps précieux qui fuit. Il ne suffit pas d’avoir les plus belles publicités pour avoir le meilleur réseau. A quoi cela sert-il d’être l’ « entreprise citoyenne » qui donne du bout des doigts pour tout reprendre à deux mains sans réseau. Le leadership ne se colmate pas avec du verbiage inutile ; on ne fait pas dans la dentelle quand on veut avoir un strapontin dans la cour des grands. On ne fait pas dans l’à peu près quand on veut vraiment communiquer.
Et avec ces balbutiements et tâtonnements, on parle de développement comme s’il suffisait de le dire pour l’être. Malgré tous ces désagréments, l’autorité ne semble pas vivre le même calvaire pour réagir. Malgré toutes ces déconvenues qui trahissent le tacite contrat social, le consommateur porte sa croix dans un Etat de droit où le mutisme rivalise de cynisme avec l’indifférence. C’est drôle ! A force de subir ces désagréments, le téléphone portable est devenu un outil précaire à l’efficacité rudimentaire. La téléphonie au Faso n’est plus un luxe, mais le réseau qui lui sert de vecteur en est un. Le téléphone portatif a révolutionné la société moderne mais le secteur qui le régit sous nos tropiques est un pathétique tigre en papier aux abois. C’est parfois ridicule de voir que pour renouer avec le réseau, le consommateur est obligé de grimper dans un arbre ou sur une montagne pour intercepter le « filon » au vol.
 
Avec ce réseau en roseau et en morceaux, quelle urgence peut-on sauver sans perdre la face si ce n’est la vie ? Quelle affaire peut-on conclure sans risque de rupture de contrat, faute de réseau ? En tout cas, depuis que le réseau balance, des cœurs aussi balancent en chœur par-dessus la solitude et les risques de rupture par manque de communication. Depuis que le réseau marche en dent de scie, on ne peut même plus faire craquer la « crudité » belle à croquer. Si seulement, on pouvait nous arracher ces pilonnes encombrants qui surplombent nos têtes pour rien. Si seulement on pouvait nous couper ce réseau impuissant et éphémère et nous laisser en paix. Nous repartirions en arrière pour griffonner des lettres romantiques et touchantes avec les plus belles phrases. Nous nous déplacerons pour nous rencontrer en chair et en os dans un élan empreint de chaleur humaine. Nous nous déconnecterons enfin des réseaux sociaux pour nous réinsérer dans le cocon social et familial du giron tribal. Nous déménagerons dans une société plus accueillante, loin des isoloirs de la communauté émiettée et solitaire du village global perdu. Allô, allô, encore le réseau ! Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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