Depuis Buud Yam, de bonne mémoire, du doyen Gaston Kaboré, lui-même précèdé de l’iconique Tilaï du maestro Idrissa Ouédraogo, aucun film burkinabè n’a eu les faveurs de la princesse Yennenga à l’occasion du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) même si le défunt Saint Pierre Yaméogo, aurait pu prétendre au graal avec quelques-unes de ses œuvres, tout comme l’autre baobab, Missa Hebié, malheureusement décédé lui aussi.
A l’orée du nouveau millénaire, une cinéaste de la même trempe semble être née, avec des espoirs de lauriers pour un cinéma, qui devait au regard de l’histoire du pays jouer les premiers rôles en Afrique, voire dans le monde. Appoline Traoré dont il s’agit, n’est pas tombée comme un cheveu dans l’univers du septième art au regard de son parcours universitaire et professionnel. Issue de l’Emerson College de Boston (aux USA), réputé dans le domaine de l’art et de la communication, Appoline Traoré est une “enfant de la balle “ qui a fait ses classes dans tous les genres cinématographiques sous la houlette de grands maîtres comme Idrissa Ouédraogo, avant de s’attaquer au genre majeur, à savoir le long métrage de fiction.
On est mémoratif de ses courts métrages comme le Prix de l’ignorance ou Kounandi, tout comme de ses séries comme le Testament qui ont marqué l’imaginaire populaire. Son premier long métrage, Moi Zaphira en 2013, la révélera au grand public (prix de la meilleure interprétation féminine au FESPACO), avant que Frontières (2017) puis Desrances (2019) ne viennent confirmer ce talent naissant avec de nombreux prix africains et internationaux à la clé.
Cette fois-ci, elle s’attaque à l’Etalon de Yennenga, avec Sira (la grotte de Sira pour être plus précis), un film dramatique sur la nouvelle tragédie que vit l’ouest-africain à savoir le terrorisme, avec sa sensibilité de femme. Le scénario est en effet bâti autour du viol de l’héroïne Sira, avec tous les drames et les déchirements qui découleront de cet acte ignoble.
Voilà qui nous change de ces histoires de fesses, de maraboutage et d’infidélité le tout sur fond de scenarii décousus, avec des dialogues mièvres et salaces qui peuplent de nos jours l’univers du cinéma burkinabè. Un cinéma calebasse selon le bon mot du maestro Idrissa Ouédraogo, feu le “ rebelle “ Saint Pierre Yaméogo , allant plus loin, en traitant ces cinéastes new-look de “ videastes “ dont les productions sont justes bonnes à jeter aux orties .Loin de ce cinéma “ caniveau “, Appoline Traoré trace son chemin qui, nous l’espérons, la conduira à la rencontre de la princesse Yennenga. Une étreinte entre deux amazones qui sera forcément belle. On croise les doigts.
Boubakar SY