Baisse du prix du carburant : Les stations-services traînent les pieds

Le gouvernement a annoncé une baisse de 20, 30 et de 83 F CFA respectivement sur le prix du litre du super 91, du gasoil et du pétrole lampant, dans la nuit du 8 janvier 2019. Pour s’assurer de l’effectivité des nouveaux tarifs qui devraient être effectifs dès le 9 janvier, une équipe de Sidwaya a fait le tour de quelques stations-services dans la ville de Ouagadougou.

Dès le mercredi 9 janvier 2018, le prix du litre de l’essence super 91 devrait passer de 677 à 657 F CFA, celui du gasoil de 601 à 571 F CFA ; le prix du litre du pétrole lampant devrait connaître une baisse de 83 FCFA. La réduction des prix a été annoncée par le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, le 8 janvier 2019, au journal de 20 heures de la télévision nationale.

Pourtant au premier « point de contrôle » à la station Total située à quelques encablures du pont Kadiogo, les index des pompes à essence affichent les anciens prix.  : 677 F CFA pour le litre de l’essence super 91 et 601 F CFA pour le gasoil. « Vous vendez toujours le carburant aux anciens prix ?», avons-nous demandé au pompiste de service. Sa réponse ne tarde pas à venir. « Je n’étais pas informé de la baisse des prix.

C’est ce matin qu’un client m’a dit que le gouvernement a diminué les prix », confie-t-il, tout en nous invitant à nous adresser à son «chef» pour de plus amples explications. «Nous avons l’information qu’il y a baisse des tarifs du carburant mais nous ne savons pas à quel moment les nouveaux prix devraient entrer en vigueur », se justifie le chef de piste, Boukaré Ouédraogo.

Et d’ajouter qu’il attend les services techniques qui doivent procéder au changement des index. En même temps que M. Ouédraogo échange avec nous, il demande à ces collaborateurs de ne plus servir le carburant. «Arrêtez le service et relevez les index », ordonne-t-il aux pompistes.

« Ce n’est pas de notre faute »

Le gérant de OTAM/ 1200 logements, Lassané Kabé : « L’application immédiate des nouveaux tarifs nous créent des dommages ».

De là, direction, la station-service Shell de Kilwin.  Il est 9h 10. Nous trouvons sur place deux techniciens de COBUTAM. Vêtues de tenues uniformes de couleur bleue foncée, ils s’affairent à régler les index d’une pompe à essence. Le travail achevé, nous voyons les nouveaux prix qui s’affichent.

Super 91 : 657 F/litre ; gasoil : 571F/litre. Pendant que nous échangeons avec les pompistes, tout en relevant les prix affichés à la pompe, une dame, enveloppée dans un pagne, nous interpelle : «Oui, monsieur !». C’était la sous-gérante de la station qui, apparemment, supervisait le réglage des nouveaux tarifs que l’équipe de COBUTAM était en train d’opérer.  Visiblement, elle voulait savoir l’objet de notre présence sur les lieux.

Nous lui déclinons notre identité et l’objet de notre présence. « Ce n’est pas de notre faute. On attendait les techniciens pour procéder à la modification des index. Ils sont là et nous travaillons à rendre réels les nouveaux prix », se défend-elle. Lorsque nous lui demandons pourquoi, n’a-t-elle pas fait arrêter la vente en attendant que les techniciens changent les prix, elle s’empresse de répondre : « Les clients vont se plaindre ».

Pour mieux comprendre pourquoi le changement des prix n’est pas effectif jusque-là, nous nous adressons aux techniciens de COBUTAM « D’habitude nous commençons le travail à 7h30. Mais nos équipes sont déployées dans la ville pour procéder au changement des index dans les stations-services », argumente le technicien, Alidou Kiendrebéogo. Quand nous lui demandons si son équipe est à sa première station, il répond par l’affirmative. Et d’ajouter : « Vos questions commencent à être bizarres », tout en poursuivant son boulot.

« L’application immédiate crée des dommages »

9h31. Nous sommes à la station-service SOGEL-B de Tanghin, non loin de l’hôtel Ricardo. Ici aussi, la mesure gouvernementale n’a pas encore produit d’effet. Aux stations-services PETROFA de Zogona (10h09) et OTAM aux 1200 logements (10h20), la baisse des prix du carburant n’est pas encore en vigueur  dans  ces points de vente. Les consommateurs continuent de s’offrir le précieux « jus » aux prix de 677 F CFA pour le litre de l’essence super 91 et de 601 F CFA pour le gasoil. Lorsque nous cherchons à savoir pourquoi la baisse n’est pas appliquée, le refrain est le même : «nous attendons les techniciens ».

L’application immédiate des nouveaux tarifs semble causer des dommages aux gestionnaires des points de vente de carburant. C’est le cas du gérant de la station OTAM aux 1200 logements, Lassané Kabré. « J’ai rempli mes cuves hier avec 25 mille litres, soit 15 mille litres de super 91 et 11 mille litres de gasoil, aux anciens prix. Si je dois vendre toute cette quantité aux nouveaux prix sans compensation, je subirai une perte de 630 mille FCFA », explique-il. Pour éviter de telles situations, M. Kabré souhaite que le gouvernement prévienne les acteurs au moins une semaine avant l’entrée en vigueur de ces décisions de baisse ou de hausse des prix du carburant.

Au niveau des vendeurs d’essence «par terre », le litre du super 91 est toujours au prix de 750 F. Et ces derniers n’envisagent pas une quelconque baisse tant qu’ils ne finiront pas d’écouler leur ancien stock.

Avant de regagner Sidwaya, un tour à la station Total jouxtant le rond-point des Nations unies, aux alentours de 10h45 permet de voir que les index affichent les nouveaux tarifs : Super 91 : 657 F/litre ; gasoil : 571F/litre. « Ici, depuis 9h, nous appliquons les nouveaux prix », relate le pompiste Benjamin Koanda.

Mahamadi SEBOGO
msebogo@yahoo.fr

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