A contre-courant

Alors que l’on s’achemine vers un consensus minimal majorité-opposition (CFOP) sur la tenue des prochaines échéances électorales du 22 novembre 2020, une troisième voix s’est fait entendre le 02 juin dernier. A rebrousse poils, l’Opposition non affiliée (ONA), une alliance informel (pour le moment) de partis politiques est plutôt contre la tenue du scrutin au regard, entre autres griefs, du contexte sécuritaire difficile.

Même si elle se défend de ne pas être une coalition électorale, à moins de 6 mois du scrutin du 22 novembre, c’est à qui fédèrera le mieux autour de son offre et de sa plateforme politique.

Au gré de l’actualité, quelques personnalités politiques réapparaissent, déclarant soudainement leur flamme à la démocratie, à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption, au changement. Certaines d’entre elles reviennent à leur bord d’origine. D’autres changent carrément de camp. L’opportunisme (loin d’être un péché en politique) ne s’est jamais aussi bien porté qu’en cette période électorale, seul créneau pour d’aucuns, de donner un signe de vie.

Il ne fait nulle doute en effet, que les partis et formations politiques tenteront, par tous les moyens légaux (espérons le), de tirer les meilleurs dividendes possibles de la situation actuelle du pays marquée par le péril terroriste et ses manifestations les plus redoutées (les conflits intercommunautaires, la crise humanitaire qui touche plus d’un million de Burkinabè) et la nouvelle donne de la gestion de la maladie à Coronavirus.

Si au nom de la liberté d’opinion, il est loisible à chaque chapelle politique de soutenir, même a coutre courant, un point de vue différent voire contradictoire à une orientation donnée, il est, tout de même impérieux de se garder toute posture populiste, qui n’auront de conséquences, à terme, que la dégradation d’une situation déjà critique.

Les Burkinabè sont-ils pour la plupart favorables à la non tenue des élections ? L’ONA ne le dit pas. Quelles sont les implications et les conséquences de l’inconstitutionnalité que fera peser le scenario de la non tenue des élections à bonne date ?

Est-il opportun de rajouter une crise de légalité et de légitimité au sommet de l’Etat à celle que la Nation se donne tous les moyens de juguler ? Pourrions nous de temps en temps faire fi de notre démocratie lorsque les circonstances l’exigent ?

La recherche des réponses à ces interrogations a, vraisemblablement, conduit la majorité présidentielle et l’opposition politique réunie au sein du Chef de file de l’opposition à regarder dans la même direction à propos du processus électoral.

A contrario, soutenir que le Burkina Faso a mieux à faire en ce moment que d’organiser les élections les plus chers de son histoire est un argument de facilité qui peut séduire sans pour autant prospère car, l’ONA est encore une alliance de partis politiques inconnus ou sans réelle emprise sur la scène politique au-delà de l’aura de quelques uns de ses membres.

Elle ne peut prospérer, disions nous, simplement parce que la voie démocratique à laquelle le pays a souscrit et gravé dans le marbre constitutionnel est irréversible. Du reste, l’avènement de l’ONA ( Il faut compter avec les autres regroupements politiques à naitre) est indéniablement un signe de vitalité de l’expression démocratique.

Il sied cependant que, par ces temps qui courent, elle s’inscrive dans la recherche de ce consensus républicain qui permettra à la nation d’être encore plus forte face aux vents contraires qui assaillent le bateau battant pavillon Burkina Faso.

Au finish, quelques « girouettes » ne feront pas le printemps électoral burkinabè. Tout au plus, annoncent-elles que le temps est apparemment propice à l’éclosion.

Par Mahamadi TIEGNA

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