Au nom de l’intérêt général

Les familles des victimes du régime de l’ancien président gambien Yahya Jammeh ne comptent pas baisser les bras en si bon chemin. En effet, les mobilisations pour la manifestation de la vérité ne faiblissent pas depuis le départ du pouvoir en 2017 de celui qui a dirigé d’une main de fer le pays pendant 22 ans.

La semaine dernière, les ayants droit des victimes ont encore bénéficié d’un soutien de taille de plusieurs organisations de la société civile. Dans un livre blanc, ces défenseurs de droit de l’homme ont interpellé le gouvernement à se pencher sur les recommandations formulées par la Commission Vérité et Réconciliation rendues publiques en fin novembre 2021.

Leur souhait est de voir les personnes, ayant posé des actes de violations des droits de la personne et des crimes contre l’humanité, poursuivies et que justice soit rendue aux victimes. Ce livre blanc sonne comme une piqure de rappel aux nouvelles autorités qui avaient promis de faire toute la lumière sur ces pages sombres de l’histoire de leur pays.

A titre d’exemple, le ministre de la Justice, Abubacarr Tambadou, avait assuré un an après la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation que l’ex-président Jammeh serait « immédiatement arrêté » s’il revenait au pays et « poursuivi pour les plus graves affaires », dont des « crimes contre l’humanité ».

Ces déclarations faites en pompe en janvier 2020 à la suite de manifestations des partisans de Yahya Jammeh à Banjul pour réclamer son retour d’exil avaient redonné confiance aux familles des victimes. Cependant, cette lueur d’espoir est en train de laisser la place au doute. En effet, l’actuel président de la Gambie, Adama Barrow, est soupçonné de vouloir couvrir son prédécesseur.

L’accord entre le Parti national du peuple, son parti politique et celui de M. Jammeh, l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction en vue de l’élection du 4 décembre est perçu pour bon nombre de Gambiens comme une volonté des deux chefs d’Etat de faire un bébé dans le dos de leur peuple.

Pour eux, le fait que le président Adama Barrow n’a toujours pas fait part de ses intentions au sujet des conclusions formulées par la Commission en est une parfaite illustration. D’où cette remobilisation à quelque deux semaines du temps imparti au gouvernement qui a en théorie jusqu’au 25 mai prochain pour se prononcer sur les recommandations formulées par la Commission.

Les regards sont désormais tournés vers le président Barrow. Va-t-il tenir parole ou se dédire ? Loin des calculs politiques, une décision au nom de l’intérêt général et de la démocratie est nécessaire pour cimenter le tissu de la cohésion sociale dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest qui a durant des décennies connu un passé peu glorieux.

Abdoulaye BALBONE

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