Avortements sécurisés au Burkina : Un outil de plaidoyer pour vulgariser les textes

L’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) a échangé le mardi 22 septembre 2020 à Ouagadougou, avec les hommes de média, autour de l’outil de plaidoyer, sur l’avortement sécurisé au Burkina Faso et les enjeux liés à son utilisation.

Un groupe composé d’une quinzaine de structures parmi lesquelles, l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF), la Direction de la Santé et de la famille, l’Association des femmes juristes, a élaboré un outil de plaidoyer sur l’avortement sécurisé au Burkina Faso, avec l’appui technique et financier de Population référence bureau (PRB), une organisation américaine, qui intervient dans le domaine de la Santé sexuelle reproductive (SSR). Le mardi 22 septembre 2020 à Ouagadougou, les membres du groupe ont échangé avec les journalistes, sur la pertinence de cet outil.

Au Burkina-Faso, l’accès à l’avortement est  encadré par la loi, qui ne l’autorise, que lorsqu’il y a un danger pour la santé de la femme enceinte, le viol, l’inceste, ou de grave malformation fœtale. Cependant, la coordonnatrice plaidoyer/Médecin du Monde (MdM) France, Cécile Thiombiano, à travers une visioconférence, a signifié que cette loi est méconnue par la population, les acteurs de prévention et de prise en charge des victimes. « L’outil montre les engagements pris par notre pays et qui ne sont pas mis en œuvre au profit des femmes et des filles. Il a été conçu pour contribuer à l’amélioration des connaissances de tous les acteurs », a-t-elle souligné.

Pour Mme Thiombiano, des données sur l’accès à l’avortement, issues des cas de viol ou d’inceste sont rares. Néanmoins, des statistiques existent dans certaines associations et sur le plan communautaire. Elle a révélé qu’en 2018, 96 demandes d’avortement de filles de 16 ans, sur ces cas déplorables ont été enregistrées, dans certains CSPS à Ouagadougou. Le directeur exécutif de l’ABBEF, Boureima Ouédraogo, a souligné que plus de 97% des avortements non sécurisés sont faits en milieu rural.  Si les femmes avaient un besoin satisfait en contraception, elles pouvaient s’est-t-il convaincu, éviter ces grossesses.

Pour la sage-femme Sanata Sia, la vulgarisation va aider les prestataires, qui vont à leur tour, accompagner les femmes, afin qu’elles ne meurent plus par méconnaissance des textes. Elle a témoigné qu’elle reçoit souvent des cas de grossesses incestueuses, où elle est obligée des fois, de les référer dans d’autres structures sanitaires, parce que, les victimes ne se présentent à eux, que lorsqu’elles ont échoué l’avortement chez des tradipraticiens. « Nous retrouvons parfois des épingles dans le sexe de la femme et des tiges dans leur intestin », a-t-elle avoué. Vulgariser cet outil sera également une aubaine pour les jeunes, selon l’activiste pour la SSR, Stevie Reine Yaméogo, qui va leur permettre de faire la promotion sur les droits de la SSR, car ils ne savent pas qu’ils ont droit à la contraception. Les membres du groupe ont confié que l’avortement est juridiquement limité au Burkina Faso et seulement 37% des femmes en âge de procréer connaissent ces lois.

Le 28 septembre de chaque année, est célébrée la journée mondiale du droit à l’avortement, mais le Burkina Faso comme l’a indiqué la coordonnatrice Mme Thiombiano, ne l’a pas encore fait de façon officielle. « Ce sont les ONG, les associations impliquées et les acteurs communautaires qui le font, à travers la diffusion des messages », a-t-elle précisé.

De l’avis du groupe, le ministère de la Santé peut inclure l’avortement médicamenteux sécurisé et légal, dans les responsabilités de routine des sages-femmes et donner aux infirmiers, la formation et l’autorisation de pratiquer ce soin. Quant à celui de la Justice, il devrait renforcer les connaissances des acteurs de la chaine judiciaire sur les lois en vigueur concernant l’avortement.

 

Afsétou SAWADOGO

Laisser un commentaire