Commune de Namissiguima : le torchon brûle entre le maire et des femmes

A Namissiguima comme dans les autres villages, …

Le 4 juillet 2021, des femmes de la commune de Namissiguima, située à environ 25 kilomètres (km) de Ouahigouya, ont battu le pavé sans autorisation et scellé les portes de la mairie. Elles ont manifesté, pour réclamer la somme de 400 000 000 F CFA que le bourgmestre, Hamadé Bélem, aurait détourné, à la suite des informations rapportées par le journal « Le reporter » dans ses parutions du 1er au 14 mai et du 15 au 31 juillet 2021. Sidwaya est allé à la rencontre des protagonistes.

Depuis 2016, la commune de Namissiguima, située à 25 kilomètres (km) de Ouahigouya, abrite la mine de Karma dans le village de Noogo. En 2019, cette mine, avant l’opérationnalisation du Fonds minier de développement local (FMDL), avait mis en place un programme d’appui au développement local (PADEL), qui couvrait les trois communes impactées par son activité. Il s’agit des communes de Namissiguima, de Oula et de Ouahigouya. « Le plan a été lancé même officiellement en 2019 », souligne le Directeur-pays d’Endeavour Mining au Burkina Faso, Adama Soro, dont la mine est une filiale. Ce programme devrait coûter environ 400 000 000 F CFA annuellement et devrait être financé sur une période de trois ans au profit des trois communes impactées.

Ainsi, un communiqué a été lancé par la mairie de Namissiguima invitant les 349 000 âmes à formuler des projets de développement à travers des associations. « Le communiqué est passé à la radio de la Bourgade », confirme l’association de la commune, Emile Sawadogo. « Chose à laquelle nous avons répondu en déposant nos dossiers », indique-t-il. Selon la Coordonnatrice des femmes de la commune, Mamounata Julienne Zalé, tous ont élaboré des projets de développement et ce sont 26 projets qui ont été déposés, mais seulement quatre axés sur des activités féminines ont été retenus.

« Effectivement, c’est ce qu’on a appris et aucun projet de jeune n’a été retenu. On a accepté le verdict », déclare M. Sawadogo. Finalement, ce programme est resté sans suite, car, aux dires du Directeur-pays, la mine a dû surseoir à ce projet au profit du payement régulier du fonds minier de développement local, dont l’opérationnalisation était en cours en 2019. « Son budget ne lui permettait pas de supporter les deux charges à la fois », explique M. Soro. Mais des femmes, lasses d’attendre les financements promis, accusent le maire de la commune de Namissiguima, Hamadé Bélem, d’avoir détourné 400 000 000 FCFA.

Une incompréhension

C’est ainsi que le 4 juillet 2021, des femmes, des spatules et balaies en main, ont marché sans autorisation dans la commune jusqu’à sceller les portes de la mairie. « Mais grâce à l’intervention du préfet, deux heures après, les locaux ont été rouverts », confie la coordonnatrice. A l’entendre, elle a tenté de faire entendre raison aux manifestantes en

… plusieurs chantiers ont été engagés.

vain. « Etant donné qu’il n’y a pas de preuve de détournement, sachons raison garder et allons à la source pour mieux comprendre la situation », a-t-elle signifié aux femmes. Mais les manifestantes se basant sur l’information que la commune a reçue sa part du fonds minier de l’année 2019 et 2020, soutiennent mordicus que ce sont les fonds du programme et que le maire aurait détourné d’où leur indignation. Pour le président des OSC de Namissiguima, par ailleurs porte-parole des femmes, Abdoulaye Sawadogo, les manifestantes ont raison de croire en cela, car le conseil municipal, durant son mandat, n’a mené aucune action de développement dans la commune.

« Aujourd’hui, nous faisons face à un problème d’accès à l’eau potable, le CEG de la commune est en location. Les infrastructures sanitaires sont en ruine. Rien n’est fait pour soulager la population. C’est pourquoi nous avons appelé à la destitution du conseil municipal », affirme-t-il. Ce mouvement d’humeur a commencé depuis le mois de mai. Dès lors, ce sont des marches de protestations qui animent la commune. De l’avis du maire, Hamadé Bélem, en dehors du village de Namissiguima, les autres ne savent même, pas qu’il y a des mouvements d’humeur dans la commune. « C’est un groupuscule de quatre personnes, avec certaines femmes qui se sont coalisés pour saper le moral du conseil municipal et tous ceux qui font fonctionner notre collectivité territoriale. Une haine sans raison apparente qui les empêche d’entendre parler du développement de la commune », explique M. Bélem.

Le maire porte plainte pour diffamation

Effectivement, confirme le maire, avec l’opérationnalisation du fonds minier, la mine a abandonné son idée de programme de développement local au profit des trois communes. Après répartition, la commune a reçu la somme de 180 692 945 FCFA pour l’année 2019 et pour celle de 2020, 426 592 994 FCFA. Les fonds reçus, a-t-il affirmé, doivent être injectés dans les secteurs prioritaires que sont l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement. « C’est ce que je m’attelle à faire dans des investissements structurants. Avec les 180 692 945 FCFA, nous avons construit un logement F3 dans le village de Koumbané, un bâtiment de trois salles de classe à Goumba », a soutenu le maire.

C’est une fierté pour le village d’avoir reçu ce bâtiment, affirme le président du conseil villageois de Goumba, Boukary Guiro. «Nos enfants ont intégré le bâtiment avant sa réception en décembre 2020, car l’autre bâtisse est délabrée. Pendant la saison des pluies, on avait la peur au ventre sachant que nos enfants sont dans ces classes délabrées. Mais aujourd’hui, nous sommes heureux d’avoir trois salles de classe avec des latrines, un bureau et un magasin. Mieux, on a reçu une promesse de réalisation de forage dans l’enceinte de la cour de l’école », renchérit-t-il tout heureux.

« Je n’ai pas besoin de voler l’argent destiné à développer ma commune », souligne le maire de Namissiguima, Hamadé Bélem.

En plus de cela, quatre forages positifs ont été réalisés à Goulago, à Bagayalgo, à Dombré et Ramatoulaye. En attendant le transfert effectif du Collège d’enseignement général (CEG) de Namissiguima à la commune, le maire dit avoir préféré construire un nouveau dans le village de Kononga. Composé d’une administration, d’un bâtiment à 4 salles, d’une salle de professeur, d’une bibliothèque, des latrines et équipées avec des tables-bancs et des plaques solaires, ce nouveau CEG va accueillir ses premiers élèves pour l’année scolaire 2021-2022, relève le maire. « Nous sommes toujours en discussion avec le coordonnateur du projet d’appui à l’amélioration et à la qualité de l’enseignement PAAQE afin que le transfert puisse se faire rapidement. Il y a de cela deux mois, j’ai encore réitéré mon désir de construite l’infrastructure pour la rentrée scolaire 2022-2023.

Le projet m’a encore demandé de patienter », explique le maire. Le conseil municipal est, aussi en plein chantier pour investir, cette année, les 426 592 994 FCFA perçus en 2020. Au total 16 réalisations, dont 4 écoles primaires, un lycée communal, la clôture du CSPS et la réhabilitation de la maternité de la commune, sont en cours. « Les marchés sont donnés par entente directe mais ils respectent la procédure normale pour leur exécution », fait comprendre le maire. Il affirme, cependant, avoir posé une plainte à la gendarmerie contre le groupuscule de femmes qui a manifesté pour diffamation. L’enquête suit son cours. Et le président des OSC de Namissiguima, de dire qu’ils attendent la suite du dossier.

Fleur BIRBA
fleurbirba@gmail.com

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