De la question foncière

Contrairement à la phraséologie petite-bourgeoise des analystes obtus qui présentent la dernière adresse à la Nation du capitaine Traoré comme un “ramassis “(sic) sans queue ni tête, nous sommes de ceux qui pensons que c’est un véritable discours-programme qui peut-être résumé en un seul paragraphe :”notre combat ne prendra fin que lorsque tous les Burkinabè mangeront à leur faim et dormirons tranquillement dans leur pays.” Vaste programme s’il en est dans un pays en proie à une guerre impérialiste, extraverti au plan économique et arriéré dans le domaine agricole et social. Une arriération au plan agricole qui commande une réforme agraire et foncière qui donnera plus d’allant au secteur clé de l’agriculture, en même temps qu’elle mettra fin à la spéculation honteuse et mercantile sur les terres en zone urbaine. Si le Premier ministre a esquissé ce programme dans les grandes lignes lors de son passage devant la représentation nationale, à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas savoir si une révolution agraire et foncière va se développer d’ici peu dans les villes et les campagnes.

Mais, si le credo sus indiqué du Président Traoré doit se traduire en réalité concrète, il se pose dès maintenant la nécessité de prendre des mesures pratiques immédiatement réalisables et commandées par l’intérêt du peuple dans ses franges les plus défavorisées. Dans cette optique, la nationalisation de toutes les terres c’est à dire leur remise en toute propriété au pouvoir central apparaît comme la première. L’Etat promulguera par la suite des lois dans tous les domaines de la gestion de la terre (dévolution de la terre, protection de la faune et de la flore, schémas d’aménagement etc.) tout en excluant tout intermédiaire entre le propriétaire de la terre (L’Etat) et son locataire (les paysans et autres). Cela aura pour avantage de mettre fin à la spéculation qui a actuellement cours et de désamorcer la bombe foncière qui menace la cohésion sociale. Aussi, avec une politique agricole hardie, débarrassée des mange-mils de l’administration publique, on pourra améliorer les techniques de production et augmenter les rendements ainsi que pour développer la grande exploitation rationnelle. Cela fera de la paysannerie, la force motrice de développement du pays avec la création d’emplois par milliers et la liaison avec le marché qui jettera les bases de l’industrialisation.

C’est cela le développement endogène dont on se gargarise tant et qui est résumé à travers ce mantra : produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons. Une déconnexion qu’il ne faut cependant pas confondre avec l’autarcie dans une Afrique où le développement sera intégré ou ne sera pas en faisant le distinguo entre l’internationalisme en action et celle en paroles. Union libre et fraternelle donc entre les peuples, et, plus l’Etat sera démocratique et populaire, mieux il pourra mettre en œuvre ce programme progressiste d’émancipation. Passons outre les prédictions libérales bourgeoises et bureaucratiques qui font actuellement fureur quant à un échec programmé de cette volonté de changement et mettons-nous résolument à la tâche pour que les résultats probants les fassent taire.

Boubakar SY

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