Dr Elliot est libre

Le gouvernement de la Transition, dans un communiqué en date du 20 mai 2023 et signé du ministre porte-parole, Jean Emmanuel Ouédraogo, a annoncé la libération du Dr Kenneth Elliot, un citoyen australien installé depuis plus de 40 ans au Burkina, notamment à Djibo, dans la région du Sahel.

Ce médecin octogénaire avait été enlevé, le 15 janvier 2016 ,à Djibo en compagnie de son épouse, par des groupes armés terroristes. Si trois semaines après cet enlèvement, l’épouse du docteur, Jocelyn Elliot, avait été libérée, plus rien n’avait été dit sur le sort du docteur Elliot, malgré les appels incessants des autorités et des populations hôtes du médecin australien.

C’est donc à juste titre que le gouvernement burkinabè qui suit de près ce dossier, tout comme ceux d’autres otages, dont celui de l’abbé Raoul Yougbaré, s’est « réjoui de la libération d’un homme de 88 ans », tout en saluant la résilience de celui-ci. Les autorités ont par ailleurs réitéré avec force, leur « détermination à lutter contre le terrorisme et la barbarie au Burkina Faso ».

Certaines personnes, à l’époque, estimaient que les terroristes, en enlevant le couple de médecins Elliot, voulaient plus le toubib que le Blanc. Il y avait toujours un bémol. En 2016, au moment où le Burkina connaissait ses premières attaques, le pays des Hommes intègres n’avait pas une réputation de « puissance de feu militaire qui inquiète les terroristes ».

Sur les conditions de la libération du toubib australien, rien n’a vraiment filtré. Même s’il est de tradition que les terroristes ne font jamais preuve d’altruisme et que toute libération d’otages est certes le fruit de tractations, mais parfois et surtout de rançon colossale à payer. En tout état de cause, cette libération saluée aussi bien à Ouagadougou qu’à Melbourne, la capitale australienne, ne cache pas moins des énigmes que le citoyen attend de voir élucider.

Qui a mené les négociations ? Dans les tentes terroristes, il y a toujours bien d’autres citoyens enlevés depuis lors et dont personne n’a des nouvelles. Les premières images du Dr Elliot sont rassurantes. Malgré la longue captivité, sept ans, cinq mois et six jours et les conditions de détention généralement difficiles au Sahel, le vieil homme présente un visage « radieux » d’une personne qui, à première vue, ne semble pas avoir subi des violences de ses ravisseurs.

Envers Dr Elliot, il y a eu comme un brin d’altruisme des terroristes, mais qui est loin d’être une contrition. Car, avant le Dr Elliot, il y a bien eu d’autres otages qui ont goûté aux affres de la violence de ceux-ci, avant de pouvoir jouir de leur liberté. Mais attention, à ne surtout pas se laisser prendre à ce jeu de « séduction ».

Rappelons-le, les terroristes sont comme les souris, ils mordent et soufflent et n’ont jamais été des enfants de chœur, si bien que leur empathie peut cacher de sombres desseins. La question du paiement des rançons taraude des esprits, quand on sait, selon les experts, que ces rançons permettent aux terroristes de se doter en armement.

En tous les cas, les Burkinabè s’associent à la joie de la famille du Dr Eliott et à celle du peuple australien pour saluer cette libération. Djibo, qui a bénéficié d’une présence hospitalière, espère certainement revoir sur son territoire, son « sauveur ». Madame Jocelyn Elliot qui retrouve son époux ne dira pas le contraire. Vivement que d’autres otages retrouvent la liberté pour le bonheur de leurs familles et de leurs pays.

Par Assetou BADOH

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