Entrepreneuriat agroécologique en Afrique : « L’Engagement de Kampala » pour des politiques publiques appropriées

A l’issue de trois jours d’intenses travaux, les participants ont adopté l’« Engagement de Kampala sur la promotion de l'entrepreneuriat agroécologique et des marchés territoriaux en Afrique »

Les premières assises africaines sur l’entrepreneuriat agroécologique et les marchés territoriaux ont pris fin le jeudi 26 mai 2022 à Kampala, en Ouganda. Ce rendez-vous a été marqué par l’«Engagement de Kampala sur la promotion de l’entrepreneuriat agroécologique et des marchés territoriaux en Afrique ».

Après trois jours d’intenses discussions, partages d’expériences et visites d’entreprises agroécologiques, les premières assises africaines sur l’entrepreneuriat agroécologique et les marchés territoriaux tenues sous le thème : « Faire progresser les entreprises agroécologiques pour des économies alimentaires locales saines », sous l’égide de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique ( Alliance for food souvereignty in Africa -AFSA), ont pris fin le jeudi 26 mai 2022, à Kampala, en Ouganda.

Plus de 300 personnes en présentiel et en ligne, représentant les agriculteurs, les entrepreneurs, les prestataires de services, le gouvernement, le secteur privé, les partenaires de développement, la société civile et les chercheurs, ont pris part à cette conférence continentale, qui s’est terminée par une décision phare à savoir « L’engagement de Kampala sur la promotion de l’entrepreneuriat agroécologique et des marchés territoriaux en Afrique ».

Cet engagement se veut un guide un outil d’interpellation des parties prenantes sur leurs rôles et responsabilités. Il constitue aussi un document-cadre définissant les actions et décisions devant permettre de promouvoir les marchés territoriaux des produits agroécologiques, renforcer les systèmes de soutien aux entrepreneurs agroécologiques africains, soutenir le développement et la mise en œuvre de politiques appropriées pour la promotion des entreprises agroécologiques et des marchés territoriaux, accroître l’engagement des citoyens et la consommation de produits agroécologiques.

Le ministre d’Etat ougandais en charge de l’Agriculture, Kyakulaga Fred Bwino, a laissé entendre que l’agroécologie constitue la condition de la renaissance de l’agriculture africaine.

A travers l’Engagement de Kampala, la conférence appelle, autres entres, à faciliter l’apprentissage des marchés territoriaux et à communiquer largement sur leurs caractéristiques et leurs contributions à la souveraineté alimentaire et aux économies locales, à plaider en faveur d’un soutien public pour l’amélioration de l’infrastructure du marché, à soutenir les producteurs et les vendeurs pour améliorer la commercialisation des produits agroécologiques, à accompagner les initiatives pilotes présentant des innovations sur les marchés territoriaux.

Appel à des mécanismes incitatifs

Ces assises invitent également à renforcer les capacités des entrepreneurs agroécologiques africains, à soutenir la mise en place de processus améliorés de certification des produits agroenvironnementaux qui soient abordables, accessibles, moins laborieux et plus décentralisés.

L’appel de Kampala insiste également sur la nécessité de plaider auprès des gouvernements pour l’adoption des politiques, des lois et des cadres institutionnels pour faciliter la promotion des entreprises agroécologiques et des marchés territoriaux à travers le développement des infrastructures, le financement, les normes, des politiques incitatives encourageant l’adoption de pratiques agroécologiques et des politiques dissuasives visant à décourager l’utilisation de pratiques agricoles industrielles polluantes et non durables.

Il y a également urgence à articuler plus clairement l’entrepreneuriat agroécologique, la sécurité alimentaire, la conservation de la biodiversité et l’adaptation au changement climatique, et à intégrer les impératifs de cette approche agroécologique dans les instruments politiques pertinents.

Selon le président de l’AFSA, Dr Chris Macoloo, le défi pour l’Afrique est de travailler dès maintenant à réussir cette transition vers l’agroécologie.

Les participants se sont en outre engagés à amener les gouvernements à inclure le soutien à l’agroenvironnement dans les plans nationaux d’investissement agricole et utiliser les programmes publics d’approvisionnement alimentaire pour soutenir les marchés des produits agroenvironnementaux, en particulier ceux produits par les femmes ; et à  intégrer les impératifs et les engagements de l’UA et des Communautés économiques régionales relatifs à l’initiative pour une agriculture biologique écologique (EOAI) dans les politiques et programmes nationaux pour l’agriculture et la sécurité alimentaire.

La renaissance de l’agriculture africaine

L’engagement a aussi été pris d’œuvrer à amener les Partenaires de développement et donateurs à mettre en place des mécanismes de financement et des partenariats innovants pour le soutien à l’entrepreneuriat agroécologique ciblant les petits exploitants et producteurs, en particulier les femmes. Quant aux chercheurs, ils sont appelés à privilégier une plus grande équité dans le partage des bénéfices, en donnant la priorité aux producteurs primaires, en particulier aux femmes et aux petits exploitants agricoles.

Pour le président du Conseil d’administration de l’AFSA, Dr Chris Macoloo, s’il n’y a pas de doute que l’avenir du contient repose sur l’agroécologie, le défi reste à travailler dès maintenant à réussir cette transition vers cette approche de production durable qui va permettre de placer l’Afrique où elle doit être, d’occuper la place qui lui revient.

Le ministre  d’Etat ougandais en  charge de l’Agriculture, Kyakulaga Fred Bwino, s’est réjoui de voir son pays abriter ces assises africaines. Pour lui, l’agroécologie est depuis la nuit des temps présente dans les traditions culturales africaines à travers l’agriculture rotative, l’agroforesterie, et transmise de génération en génération.

«L’agroécologie constitue la condition de la renaissance de l’agriculture africaine, a poursuivi le ministre ougandais. Il est important que les Etats africains puissent aligner les politiques, les programmes nationaux à l’agenda agroécologique ; mobiliser les populations vers la transition écologique, à soutenir l’entrepreneuriat agroécologique », a-t-il conclu.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

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