Industrialisation de l’Afrique : La Chine, un partenaire « important » et « fiable »

L’industrialisation de l’Afrique est inscrite comme l’un des objectifs majeurs de l’Union africaine à l’horizon 2063.   

Dans sa quête d’industrialisation, l’Afrique peut compter sur la Chine qui a fait de cet objectif un axe prioritaire de sa coopération avec les pays africains. 

L’Agenda 2063 de l’Union africaine propose de promouvoir la transformation économique de l’Afrique par l’industrialisation, d’augmenter la valeur ajoutée des ressources africaines et d’élargir la part de l’industrie manufacturière africaine dans la chaîne de valeur mondiale, qui a été reconnue comme un choix stratégique pour que l’Afrique parvienne à l’indépendance économique.

Dans sa dynamique de réussir ce pari, la Chine se présente comme un partenaire « fiable et sincère» a même de soutenir les pays. Mais comment la coopération sino-africaine peut-elle contribuer à l’industrialisation de l’Afrique ?

Le Co-président du Forum sur la coopération sino-africain (FOCAC) Ibrahima Sory Sylla, lors d’un séminaire consacré au développement de la chaîne industrielle africaine à Beijing estimait que la Chine donne le bon exemple aux pays africains que l’industrialisation est nécessaire à leur développement.

En effet, a-t-il rappelé, la Chine a commencé par l’industrie manufacturière et s’est progressivement développée pour atteindre une croissance économique très élevée. Malheureusement, a relevé le diplomate sénégalais, l’Afrique qui est riche en ressources naturelles a une part très faible dans la chaîne mondiale de l’industrie manufacturière.

Aux dires du Co-président du FOCAC Ibrahima Sory Sylla, l’industrialisation est nécessaire au développement de l’Afrique.

« Dans les années 1990, la part de l’Afrique dans l’industrie manufacturière était encore correcte, mais plus tard, elle a progressivement diminué », a-t-il déploré.  Pour lui, il est important pour le continent de réfléchir à la façon de redévelopper son industrie manufacturière et de l’intégrer dans le processus de développement industriel mondial. 

En plus de son exemple de développement, la Chine foi de M. Sylla, peut à travers le canal de la coopération aider à l’industrialisation de l’Afrique. 

De son avis, la Chine est un partenaire très important et fiable de l’Afrique.

« Les investissements chinois peuvent nous être plus avantageux que les financements de la Banque mondiale. Car quand la Chine investit chez nous, c’est vraiment pour aider au développement de nos pays, pas pour fixer un cadre ou des conditions. Aujourd’hui, le gouvernement chinois se demande comment aider les pays africains dans leurs propres opportunités de coopération et parvenir à l’industrialisation. Nous sommes très attachés à cette voie et à cette direction générale », a-t-il indiqué lors du séminaire qui a réuni des investisseurs chinois et des diplomates africains. 

« Avancer ensemble »

Pour le co-président du FOCAC, des atouts comme la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) avec 54 pays membres peut être mise à profit en vue d’aboutir à une coopération commerciale et industrielle forte entre l’Afrique et la Chine. 

« Si l’on se contente d’insister sur le fait que chaque pays doit suivre sa propre voie et se développer par lui-même, sans mettre l’accent sur les efforts conjoints, je ne pense pas que ce soit la meilleure voie. Le mieux est que tout le monde avance ensemble », a-t-il insisté.

En tant que partenaire le plus « fidèle », la Chine, aux dires du Directeur général du département des affaires africaines Wu Peng, s’est engagée à aider l’Afrique à traduire ses ressources en avantages de développement grâce à la coopération.

Pour le DG du département des affaires africaines Wu Peng, le développement est une mission partagée pour l’Afrique et la Chine.

Cet engagement se traduit selon lui en quatre actes principaux.

Le premier élément est la volonté politique. De ce qu’il a dit, les dix plans de coopération proposés par le président Xi Jinping lors de la troisième session du FOCAC et le document d’orientation de la Chine sur l’Afrique ont tous deux fait de l’industrialisation du continent un domaine prioritaire de coopération. Par ailleurs, la vision 2035 pour la coopération sino-africaine publiée lors de la 8e Conférence ministérielle du forum sur la coopération sino-africaine stipule clairement que « la Chine et l’Afrique coopéreront pour améliorer le système de fabrication, promouvoir les produits et les marques africaines et les intégrer dans le marché industriel international ». 

Le deuxième élément important que Wu Peng a relevé est l’action. De son intervention lors du séminaire sur le développement de la chaîne industrielle africaine, il est ressorti que son pays a injecté plus de 120 milliards de dollars soit plus de 72 986 milliards de FCFA en matière d’investissement et de financement pour aider les pays africains à améliorer leurs infrastructures et consolider les bases de l’industrialisation.

« Le Fonds de développement Chine-Afrique et celui de coopération Chine-Afrique pour la capacité de production ont également mobilisé des dizaines de milliards de dollars américains pour investir dans des projets non industriels et de capacité de production », a-t-il fait savoir.

En sus, a noté le diplomate, la Chine a mis en place une exposition économique et commerciale Chine-Afrique, un « canal vert » pour les produits agricoles africains à exporter vers la Chine et a mené activement une coopération en matière d’économie numérique telle que le « Festival des achats en ligne des produits africains » en vue de faciliter l’entrée du « Made in Africa » ​​sur le marché chinois.

Des bourses gouvernementales, des « ateliers Luban », des centres d’enseignement professionnel, de démonstration de technologies agricoles et d’autres moyens sont aussi développés pour aider les pays africains à cultiver des talents autochtones de haute qualité.

Une mission partagée

Le troisième point à considérer selon M. Wu est le résultat.

La Chine a en effet établi des mécanismes de coopération en matière de capacité de production avec 15 pays africains, construit plus de 20 parcs industriels avec plus de 3 500 entreprises en Afrique et investi plus de 56 milliards de dollars américains soit plus de 340 milliards de FCFA en Afrique.

En outre, plus de 350 types de produits agricoles et alimentaires africains peuvent être échangés avec la Chine. Toute chose qui fait de ce pays le deuxième exportateur de produits agricoles africains, à en croire le DG du département des affaires africaines. 

La Chine se présente comme un partenaire important pour  l’Afrique dans sa quête d’industrialisation.

Par ailleurs, dans l’optique de promouvoir le développement durable en Afrique, il est aussi important de l’avis de WU Peng d’adopter une approche systématique et holistique.

« Nous devons construire un nid pour attirer le phénix », a-t-il estimé.

Pour lui, il est important de se concentrer sur le développement de la chaîne industrielle et renforcer la synergie des différents facteurs.

« Nous devons renforcer la construction des infrastructures nécessaires à la production à grande échelle, telles que les réseaux ferroviaires, les autoroutes et l’énergie électrique, et construire des parcs industriels pour attirer les investissements industriels et renforcer la force motrice interne du développement indépendant de l’Afrique », a-t-il estimé.

Il est aussi nécessaire, selon lui, d’accroître les échanges et transferts technologiques avec l’Afrique, de former des professionnels et mieux utiliser le dividende démographique.

« Nous devons relier la riche dotation en ressources de l’Afrique à la capacité de production de haute qualité de la Chine et stimuler le Made in Africa  ​​grâce à la fabrication conjointe Chine-Afrique », a-t-il indiqué.

En tant que plus grand pays en développement et continent comptant le plus grand nombre de pays en développement, le développement reste une mission historique partagée pour la Chine et l’Afrique. Faire progresser la coopération sino-africaine en matière d’industrialisation demeure le seul moyen, de l’avis de Wu Peng, de répondre aux besoins actuels et futurs.

« La Chine est prête à travailler avec l’Afrique pour relever les défis en innovant et diversifiant les modèles de coopération surtout celle industrielle dans le cadre du FOCAC », a-t-il promis. 

Nadège YAMEOGO

(Depuis Pékin en Chine)

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