Ménopause : « Tout saignement anormal doit amener la femme à consulter », Pr Blandine Thiéba/Bonané

Pr Blandine Thiéba/Bonané, chef de département de gynécologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo : « La femme peut saigner abondamment pendant deux à trois semaines et après, tout rentre dans l’ordre ».

La ménopause est la période de la vie d’une femme où les menstrues (règles) s’arrêtent définitivement. Phénomène naturel, elle intervient généralement entre 45 et 55 ans.

La ménopause correspond à la fin du cycle menstruel chez les femmes. Cette fin du cycle est en rapport avec un arrêt du fonctionnement des ovaires. Selon le professeur titulaire et chef de département de gynécologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo, Pr Blandine Thiéba/Bonané, il y a plusieurs étapes dans la ménopause. Elle cite la pré-ménopause, la péri-ménopause et la ménopause.

La pré-ménopause correspond à la période qui va précéder la survenue de la péri-ménopause. Cette péri-ménopause se manifeste par l’irrégularité du cycle menstruel, parfois une absence de règles pendant six mois voire un an et après elles réapparaissent. Quand elles apparaissent, elles peuvent être normales ou anormales dans leur durée et quantité du cycle. Lorsque la ménopause est confirmée, la femme ne voit plus ses menstrues qui s’arrêtent définitivement.

Le Pr Blandine Thiéba explique qu’il faut un minimum d’un à deux ans sans règles pour confirmer la ménopause. Les symptômes de la ménopause peuvent apparaître des années avant les dernières règles. L’âge de la ménopause est compris entre 45 et 55 ans. Elle affirme que les premiers signes de la péri-ménopause se manifestent d’abord par l’irrégularité du cycle menstruel. « Les règles commencent à être irrégulières. Elles peuvent disparaitre pendant un à deux mois et réapparaitre.

La femme peut saigner abondamment pendant deux à trois semaines et après tout rentre dans l’ordre », indique-t-elle. Sur le plan physique, explique le professeur, certains phénomènes apparaissent comme des bouffées de chaleur. Au niveau du corps de la femme, des changements s’opèrent également. Les seins flétrissent et relâchent, le vagin sèche rendant parfois difficiles les rapports sexuels, la vulve s’atrophie et vieillit un peu. Parfois, il y a une chute des cheveux et de la pilosité, la peau sèche et se flétrit. Selon Mme Thiéba, tout cela est lié au manque de sécrétion hormonale estrogène, notamment qui fait que les femmes ont tous ces symptômes. La gynécologue souligne aussi qu’au niveau cardiaque, il peut y avoir de petites manifestations, car la femme peut se retrouver avec une hypertension ou certaines pathologies qu’il faut surveiller du fait de l’âge.

Une baisse de la libido

Il y a différentes étapes de la ménopause.

A cela s’ajoute, une déminéralisation des os favorisant des fractures. Il faut manger plus de calcium et avoir une hygiène de vie. « Ce qui dérange beaucoup les femmes, ce sont les bouffées de chaleur qui peuvent être nocturnes comme diurnes. On a chaud, on a froid. On a parfois des vertiges, des maux de tête. Tous ces symptômes rendent désagréable la ménopause », note-t-elle. La ménopause se manifeste également par une crise de la personnalité.

Elle soutient également, qu’à la ménopause, la vie sexuelle de la femme est troublée. « Il va entrainer une légère baisse de la libido. Il n’y a plus d’ovulation, plus de secrétions hormonales. La sécheresse vaginale rend parfois les rapports douloureux. Il y a également une nervosité et une irritabilité qui perturbent la femme », dit-elle. Le fait d’avoir une sécheresse vaginale à la ménopause ne devrait pas, soutient-elle, amener la femme à arrêter la sexualité, notamment les rapports sexuels. « En pré-ménopause, si la femme a la malchance d’ovuler et qu’un rapport sexuel fécondant survient, la grossesse peut arriver », affirme-t-elle.

Consultez au moins une fois par an

Mme Thiéba exhorte les femmes ménopausées à consulter régulièrement en médecine, en cardiologie, en neurologie et avoir une attitude positive vis-à-vis de la ménopause. « Les quatre premières années qui entourent le début de l’installation de la ménopause sont désagréables pour les femmes. Souvent, elles vivent mal parce qu’elles voient leurs capacités à procréer s’en aller », explique-t-elle. A cet âge, il y a souvent des fibromes, des cancers… La consultation permet au médecin de faire un bilan général.

« Il faut que les femmes ménopausées aient au moins une consultation gynécologique, au moins une fois l’an. Faire un examen des seins pour rechercher certains cancers. Le cancer de l’endomètre survient souvent après la ménopause », confie-t-elle. Certains saignements chez la femme ménopausée peuvent être causés par un rapport traumatisant et là c’est superficiel, et cela se traite. Lorsque les saignements viennent de la cavité utérine, c’est inquiétant. Il est nécessaire que la femme consulte pour connaitre la cause.

Elle conseille également à la femme ménopausée de pratiquer une activité physique pour se sentir bien physiquement et psychologiquement. Pour elle, les femmes peuvent s’adonner à la marche, la natation, au vélo d’appartement pour celles qui ont la possibilité de l’avoir. Elle préconise aussi la fréquentation des clubs de gymnastique. Pr Thiéba confie que la pratique d’une activité permet d’éviter la tendance à l’obésité et de se maintenir en forme. Cette activité physique régulière permet à la femme d’oublier toutes les douleurs articulaires. Sur le plan physique, elle doit travailler à avoir une peau bien lubrifiée.

La gynécologue soutient que pour limiter et soulager ces symptômes et vivre bien physiquement, la femme doit avoir une hygiène de vie et une alimentation saine, éviter de prendre trop de poids, en outre. Avec la ménopause, il y a une tendance à l’obésité. Plus cela pèse sur les os, plus ils sont fragilisés, plus cela crée des douleurs. Elle exhorte également les femmes à ne pas déprimer. « Cette évolution physiologique amène souvent à se dire qu’elles sont vieilles. Aucune femme n’est vieille, la vieillesse c’est dans la tête », affirme-t-elle. La femme ménopause doit être, ajoute-t-elle, entourée « pour se sentir bien physiquement ».

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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