Population à Ouagadougou : Depuis 20 ans la fécondité ne baisse pas  

Des chercheurs de l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) de l’Université Joseph Ki-Zerbo appuyés par l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (IUSSP) ont mené une recherche sur les facteurs explicatifs de la stagnation de la fécondité dans la ville de Ouagadougou. Les résultats ont été livrés aux membres de l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (AJC /PD), le vendredi 25 mai 2023 lors d’une rencontre d’échange présidée par le directeur de l’ISSP,  Pr Abdramane Bassiahi Soura et modéré par son adjoint, Dr George Guiella.

Depuis 2003 la baisse de la fécondité à Ouagadougou, connait un ralentissement voire une stagnation. De 1993 à 2003, la fécondité de cette ville était sur une courbe baissière d’environ de 5 à 3 enfants par femme (précisément de 4,7 à 3,1).

Les acteurs de la planification familiale (PF) s’attendaient à ce que cette baisse puisse continuer, mais à partir de 2003 jusqu’en 2021, soit 20 ans, la fécondité a stagné à 3,1.

Une équipe de l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) coordonnée par Dr Moussa Bougma s’est penchée sur les facteurs explicatifs. Ceux-ci sont, entre autres, l’intégration socioéconomique des femmes immigrantes en milieu urbain, la recherche effrénée de mixité dans les enfants au niveau des couples, le rôle des collectivités dans les politiques de planning familial et la perception de vieillesse. Tous ces facteurs, dit Dr Bougma, impactent fortement la fécondité.

Concernant les femmes immigrantes en milieu urbain, il a expliqué que ces femmes du milieu rural ont un statut socioéconomique très faible et leur fécondité est nettement plus élevée que celle des femmes natives du milieu urbain.

Et l’étude recommande la mise en place d’une politique d’intégration socioéconomique des migrants et une amélioration de l’offre des services de PF dans les quartiers périphériques qui accueillent ces migrants.

Le coordonnateur de la recherche sur les facteurs explicatifs de la stagnation de la fécondité, Dr Moussa Bougma : « « Le désir d’enfant supplémentaire est moins fréquente chez les femmes ayant atteint la mixité … » © : Sogoh Augustin SANOU

Par rapport à la recherche effrénée de la mixité, l’étude a déduit qu’elle incite certaines femmes à désirer des enfants supplémentaires.

« Le désir d’enfant supplémentaire est moins fréquent chez les femmes ayant atteint la mixité : près de quatre femme sur cinq ayant des enfants tous de mêmes sexes désirent des enfants supplémentaires contre seulement deux femmes sur cinq ayant les enfants des deux sexes », a expliqué, Dr Bougma.

La recommandation est d’axer les politiques de maitrise de la fécondité sur le changement des perceptions sur la recherche effrénée de la mixité de sexe des enfants.

Aussi, réduire les inégalités de genre entre les enfants et sensibiliser les parents sur la parution sexuée des rôles sociaux en vue de juguler la recherche d’enfant supplémentaire destinée à atteindre la mixité de sexe au sein des enfants.

Progéniture, une assurance vie

Le capital vieillesse basé sur l’enfant conduit à une forte fécondité. Les chercheurs ont montré par exemple qu’une personne qui pense pouvoir gérer sa vieillesse en s’appuyant sur ses enfants peut par anticipation faire beaucoup d’enfants afin de garantir son capital vieillesse.

Pour Dr Bougma, le nombre moyen d’enfant nés vivant de ces femmes est de 3,5. Un nombre significativement plus élevé que celui des femmes qui comptent sur leur épargne/pension pour vivre dans la vieillesse. Aussi, les femmes qui comptent sur leurs enfants pour vivre leurs vieux jours désirent 5,3 enfant en moyenne contre 4,4.

L’étude recommande qu’il ait des sensibilisations des populations sur la sécurité sociale et aussi sur la culture de l’épargne et les plans de retraite.

Les chercheurs invitent la commune de Ouagadougou à soutenir les actions de sensibilisation de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) afin d’enrôler le maximum de personnes évoluant dans l’informel en particulier les femmes.

A propos des collectivités territoriales, la PF n’est pas suffisamment pris en compte. L’étude recommande la mise en place d’un cadre d’échange entre la société civile et les collectivités, le relèvement du niveau de connaissance et du discours sur la PF et enfin la création d’un cadre communal de concertation sur la PF.

Le coordonnateur de l’AJC/PD, Boureima SANGA recevant les résultats de recherche des mains du directeur adjoint de l’ISSP, Dr Georges Guiella. © : Sogoh Augustin SANOU

L’étude a été faite sur la base des données recueillies entre autres par l’Observatoire de population de Ouagadougou (OPO), couvrant cinq quartiers de la ville, Kilwin, Nioko2, Nonghin, Polesgo et Tanghin.

Le public cible est constitué des femmes en âge de procréer soit la tranche d’âge de 15 à 49 ans.

A la fin de la rencontre, les résultats ont été officiellement remis au coordonnateur de l’AJC/PD, Boureima SANGA. Ce dernier à inviter ses confrères et consœurs à s’approprier ces résultats, en vue de s’outiller d’avantage sur les questions liées à la démographie et surtout à la fécondité.

Boureima SANGA

Sidwaya.info

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