RDC : Le compromis salvateur

Les principaux responsables de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), quand bien même ils acceptent échanger cordialement avec le Président Félix Tshisekedi, restent campés sur l’exigence de transparence dans le processus électoral. Depuis la confirmation de Denis Kadima par le chef de l’Etat à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en dépit de la désapprobation de l’opposition et des religieux, un climat de suspicion s’est installé en RDC quant à la crédibilité du processus électoral.

« Nous sommes allés voir le chef de l’Etat pour lui dire que si nous allons aux élections dans ce climat, les scrutins seront contestés, et ils mettront en péril la paix sociale », a indiqué le secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’abbé Donatien Nshole, au sortir d’une rencontre avec le président de la république le week-end dernier.

En clair, la CENCO maintient son intransigeance pour que les réformes inhérentes au processus électoral puissent incarner un minimum de consensus. Les représentants de l’église catholique en RDC tiennent à ce que le pouvoir consente à faire le jeu de l’intérêt général afin de préparer l’opinion à des élections apaisées et acceptées de tous.

Si la CENCO a fait l’option de maintenir le dialogue avec le chef de l’Etat en dépit de sa désapprobation sur la désignation du président de la commission électorale, elle reste convaincue qu’un compromis salvateur est encore possible. Se basant sur l’expérience douloureuse de la présidentielle du 30 décembre 2018, l’église catholique est dans son bon droit d’alerter sur les risques graves que l’échéance de 2023 pourrait comporter si déjà le processus actuel est l’objet de malentendus entre les différents acteurs.

L’on se rappelle que la CENCO, à l’époque, sur la base de ses propres compilations, issues du travail de ses observateurs qu’elle avait déployés dans les bureaux de vote, avaient donné l’opposant Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle. En dépit des graves irrégularités constatées et des protestations, Félix Tshisekedi avait été proclamé vainqueur.

C’est en prévision à d’éventuels troubles préjudiciables à la paix sociale en RDC que la CENCO tente par tous les moyens de convaincre le pouvoir à un exercice de transparence afin que la RDC puisse véritablement renforcer son processus démocratique. Il appartient donc au camp présidentiel de se raviser en examinant les points de discorde avec les autres acteurs.

C’est dans cette perspective que la présidentielle de 2023 pourrait se tenir sans difficulté. Sans ce minimum d’accord sur la commission électorale, il serait difficile d’avoir un scrutin apaisé. Le Président Félix Tshisekedi, s’il est animé d’une volonté de préserver la relative accalmie sociale dans son pays, devrait s’inscrire dans une logique de privilégier le dialogue avec tous les acteurs du processus. Et il est encore temps pour bien faire.

Karim BADOLO

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