Reprise des activités scolaires à Koudougou : Une rentrée timide à l’épreuve des mesures-barrières

La maitresse du CM2 « A », Viviane Guissou : « Nous allons consacrer les premières semaines à rappeler quelques notions de base, pour que les enfants reprennent goût et s’habituent ».

A Koudougou, dans le Centre-Ouest, les élèves des classes d’examen ont repris le chemin de l’école, le lundi 1er juin 2020. Alors que les uns ont effectivement débuté les cours, d’autres attendent toujours que toutes les conditions sanitaires soient réunies.

Retour dans les classes pour les 83 élèves de CM2 de l’école Centre « A » de Koudougou. Après deux rendez-vous manqués, Ibrahim Doumbia retrouve enfin ses camarades, ce lundi 1er juin 2020. Ceux-ci sont mis en file indienne devant deux salles de classe, CM2 «A» et CM2 « B », où sont disposés des kits de lave-mains. Devant le brouhaha et la bousculade, la directrice Elisabeth Ramdé tente de mettre de l’ordre. Elle ordonne aux enfants de se distancier les uns des autres. Impossible !

Pour accéder à la classe, la maitresse de CM2 « A », Viviane Guissou, a invité les écoliers à laver les mains. Ensuite, elle a remis à chacun un cache-nez estampillé « MENAPLN » (Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales). Deux par table-blancs, les élèves prennent place dans la salle de classe. Une fois ces derniers installés, Mme Guissou s’entretient avec eux sur la crise sanitaire due au coronavirus et les mesures de protection contre la pandémie. Avant la suspension des cours, le 14 mars dernier, l’école Centre « A » de Koudougou avait déjà achevé les programmes scolaires pour les classes d’examen.

« Nous allons consacrer les premières semaines à rappeler quelques notions de base, pour que les enfants reprennent goût et s’habituent. Ensuite ça sera les révisions, les exercices, les évaluations… jusqu’à l’examen », indique Viviane Guissou. Elle estime que les élèves seront prêts pour les examens du CEP, prévus pour débuter le 14 juillet prochain et ce, au grand bonheur des écoliers. C’est avec joie et enthousiasme que le petit Doumbia dit avoir retrouvé ses camarades, après une longue période, loin des bancs.

« Je n’étais pas content de rester à la maison. Maintenant, je suis heureux de revenir en classe, de retrouver mes amis et enseignants. Je sais qu’on pourra terminer nos cours et être prêt pour l’examen», dit l’élève en classe de CM2 « A ». L’inquiétude de la directrice de l’école, Elisabeth Ramdé, réside dans l’inconfort du port de cache-nez. En effet, elle dit avoir constaté que nombre d’élèves ont des difficultés pour bien respirer. Les enseignants sont aussi inaudibles par les apprenants avec les masques sur la bouche.

Autre lieu, même réalité. Au collège Saint- Joseph-Moukassa, des lave-mains, acquis avec l’aide de l’Association des parents d’élèves, sont disposés devant toutes les classes concernées par la reprise. Tous les élèves de même que les enseignants ont répondu présents. Pour Linda Ouédraogo, élève en classe de 3e, l’espoir renaît. «On ne pensait pas qu’on allait reprendre les cours, on n’avait plus le courage pour apprendre », affirme-t-elle. «Ici, nous n’avons pas de gros effectifs, donc il n’y a pas eu de réaménagement », indique le frère Bonaventure Yougbaré, directeur du collège.

Toutefois, les élèves ont été disposés dans le respect des mesures-barrières. Aux élèves, seront administrés les derniers cours du programme. Les deux premiers trimestres avaient été bouclés avant la suspension des cours. L’accent sera mis sur la préparation des examens, foi du directeur. Il s’agit d’aider les élèves à retrouver le rythme de travail d’antan. A cet effet, l’administration a dégagé 4 heures supplémentaires par classe et par semaine, pour des séances de rattrapage. Quant aux élèves, ils comptent s’entraider, à travers notamment les travaux de groupe, pour décrocher le précieux sésame.

Dépister les enseignants

Le proviseur du Lycée provincial de Koudougou, Mathias Yaméogo, a demandé l’implication du personnel enseignant pour une issue heureuse de l’année scolaire.

Au Lycée provincial de Koudougou, l’engouement n’est pas le même. La reprise est morose. Les élèves, par groupe, conversent, les uns devant les salles de classe, les autres sous des arbres, et d’autres encore, assis sur des motos. Dans le bureau du proviseur, Mathias Yaméogo, a lieu un défilé du personnel pour entrer en possession des cache-nez « MENAPLN » et du manuel de sensibilisation du ministère sur la COVID-19. M. Yaméogo explique que les élèves des trois classes de 3e ont été répartis dans six salles de classe, en raison d’une vingtaine d’élèves par salle.

Ceux des sept classes de terminale (3 classes de Tle A et 4 de Tle D) ont connu le même sort. « Nous les avons répartis dans les grandes salles. Cela permet de respecter la distanciation imposée », insiste le proviseur.
Devant la salle des professeurs, des militants et sympathisants des syndicats de l’éducation observent un sit-in. « Pour le moment, il n’y a pas de reprise au Lycée provincial », affirme le Secrétaire général (SG) de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) au Lycée provincial de Koudougou, Tiga Nébié.

Il a énuméré de nombreux griefs qui, selon lui, empêchent les enseignants de reprendre sereinement les cours. Il trouve le nombre de cache-nez insuffisant, le dispositif de lave-mains inadapté. Aussi, les effectifs dans les classes ne permettent pas le respect des mesures-barrières. Les syndicats ont demandé que les enseignants soient dépistés pour minimiser les risques de contamination. « Rien a été fait. Je pense que les conditions ne sont pas réunies pour une reprise », se désole M. Nébié. Tiga Nébié appelle l’exécutif à associer les partenaires sociaux pour qu’une solution soit trouvée pour «sauver toute l’année et non une partie des élèves ».

Djakaridia SIRIBIE
Carine MILLOGO
(Stagiaire)

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