Tougan : Le Premier ministre apporte du réconfort aux déplacés internes

Le Premier ministre, Dr Lassina Zerbo, a encouragé les enfants des PDI à Tougan.

Le Premier ministre, Dr Lassina Zerbo, a passé une journée de partage et de solidarité avec les Personnes déplacées internes (PDI) qui ont trouvé refuge à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou, dans la région de la Boucle du Mouhoun, le samedi 15 janvier 2022. Il était accompagné des ministres des Armées et des Anciens combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé, de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Maxime Koné, et du Genre, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Fati Ouédraogo.

En se rendant le samedi 15 janvier 2022 pour la première fois dans son fief à Tougan, chef-lieu de la province du Sourou, depuis sa nomination en tant que Premier ministre, plusieurs priorités ont figuré dans l’agenda de Dr Lassina Zerbo.

Témoigner sa solidarité aux Personnes déplacées internes (PDI) qui ont trouvé refuge dans sa localité d’origine, soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS) au front dans la lutte contre le terrorisme, s’incliner sur la tombe de son père et demander la bénédiction de ses ancêtres dans la conduite de sa mission à la tête du gouvernement burkinabè.

Accompagné par les ministres des Armées et des Anciens combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé, de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Maxime Koné, et du Genre, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Fati Ouédraogo, son programme débute par un briefing sur la situation des PDI dans la région de la Boucle du Mouhoun et particulièrement à Tougan.

« Aller à l’école sans peur »

Selon les chiffres énoncés par les responsables de l’Action humanitaire de la région, 50 mille 42 personnes se sont déplacées du fait de la dégradation de la situation sécuritaire.

Les déplacements des populations touchent toutes les six provinces de la Boucle du Mouhoun. A la date du 13 janvier 2022, la province du Sourou enregistre 15 mille 664 PDI. La ville de Tougan accueille, à elle seule, 11 mille 950 déplacés internes parmi lesquels environ 7 524 élèves.

Le département en charge de l’action humanitaire, avec l’appui de partenaires, accompagne au quotidien ces populations en détresse. Edifié par la situation des PDI dans la région, le Premier ministre, Dr Lassina Zerbo, commence sa visite par les enfants des déplacés internes rassemblés à l’occasion au Centre d’éveil et d’éducation préscolaire de Tougan.

Ils lui réservent un accueil chaleureux en cette matinée froide. Le chef du gouvernement se penche sur certains enfants pour demander leurs noms. La cérémonie se veut sobre. La porte-parole des enfants, Raissa Ilboudo, remercie l’hôte pour cette journée de partage et de solidarité à l’honneur des enfants.

Elle et ses camarades n’ont qu’un souhait : retourner dans leurs villages respectifs pour vivre tranquillement avec leurs parents, s’amuser et aller à l’école. « Merci beaucoup pour ce que vous faites pour nous et pour nos parents en ces moments difficiles.

Nous prions pour que la paix revienne afin de retourner dans nos villages pour pouvoir vivre avec nos parents, nous amuser avec nos camarades et aller à l’école sans peur », plaide la petite Raïssa, la voix quelque peu tremblotante.

Emu, le Premier ministre l’appelle à ses côtés pour la féliciter et l’encourager à travailler à l’école. Pour lui, Raissa Ilboudo, résidant à Tougan, est la preuve que les populations burkinabè vivent ensemble dans la solidarité par-delà leurs appartenances ethniques. Tougan, du fait de son caractère cosmopolite, essaie d’offrir ce melting-pot où Samo, Mossé, Peulh, Bobo et Dioula cohabitent sans distinction et dans la fraternité.

Aux dires de Dr Zerbo, il faut tenir dans la solidarité, la cohésion et le courage pour affronter l’adversité. « Raïssa a dit qu’ils veulent retourner dans leurs familles, nous avons entendu sa doléance et nous ferons en sorte que les PDI puissent regagner leurs localités d’origine. Nous rendons grâce à Dieu pour les victoires que les FDS sont en train de remporter sur le front de la lutte et qu’elles puissent permettre de libérer le territoire », formule le chef du gouvernement.

Les enfants reçoivent des kits de repas chauds et des présents dans une allégresse générale. C’est dans cette ambiance bon enfant que le Premier ministre prend congé de ses hôtes pour aller à la rencontre de leurs aînés réunis au lycée provincial de Tougan. La même ferveur se laisse transparaitre dans l’accueil.

La représentante des Elèves déplacés internes (EDI), Lizèta Gotamé, de la classe de Tle A41, au physique gracile, exprime la reconnaissance de tous au chef du gouvernement et à sa délégation. « Les EDI de Tougan sont environ 7 500 personnes. Certains vivent avec leurs parents et d’autres vivent dans des maisonnettes en location.

Depuis notre arrivée, de nombreux soutiens nous ont été apportés de la part des services de l’action sociale. Cependant, de nombreux autres besoins et difficultés restent à combler », détaille-t-elle. Des besoins qui se rapportent au manque de classes pour accueillir tous les EDI, à l’éloignement de certaines écoles par rapport aux logements, au manque de logements pour certains élèves et à l’insuffisance des vivres pour la restauration…

Solidarité gouvernementale

Au cours de la rencontre avec les FDS, le ministre des Armées et des Anciens combattants, le Gal Aimé Barthélémy Simporé (2e à gauche), a insisté sur la cohésion face à l’adversité.

En dépit de cela, Lizèta Gotamé et ses camarades tiennent à poursuivre leurs études, d’autant plus qu’ils sont convaincus que « l’éducation est le meilleur moyen de vaincre l’ignorance et d’amorcer le développement.

C’est ainsi qu’avec le concours de nos parents et avec notre ferme volonté de ne pas renier cette conviction, nous avons, malgré les difficultés et les intimidations, choisi de repartir à l’école dans la commune de Tougan. Et ceci du fait de la fermeture des écoles dans presque toutes les autres communes de la province », explique-t-elle à Dr Lassina Zerbo.

En attendant que la paix revienne, soutient Gotamé, elle voudrait que le gouvernement aide davantage les EDI à améliorer leurs conditions de vie. « Cette visite nous redonne espoir et nous fait comprendre que nous avons choisi la bonne voie », soutient la porte-parole des EDI.

Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Maxime Koné, rassure Lizèta Gotamé et ses camarades en leur disant que leur présence à leurs côtés est le témoignage de la solidarité gouvernementale. « Nous travaillons pour faire en sorte que, dans un proche avenir, vous puissiez regagner vos familles respectives et continuer normalement vos cursus scolaires.

Nous avons cette lourde responsabilité à laquelle nous n’allons pas déroger », déclare-t-il. A l’entendre, le Burkina Faso va rester debout, quelle que soit la situation. « Nous allons assumer notre responsabilité avec beaucoup d’engagement et d’abnégation pour vaincre les forces du mal », martèle M. Koné. En réaction aux doléances des EDI, le Premier ministre informe que le gouvernement et le président du Faso sont conscients de leurs difficultés.

Dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement et la Banque mondiale, précise-t-il, 70 classes sont en train d’être construites dans le cadre du projet de développement territorial et de résilience. « Cela pour vous permettre d’avoir accès à l’éducation dont vous avez besoin et de vous permettre de passer les examens dans de meilleures conditions. Nous sommes venus toucher du doigt vos réalités et voir ce que nous pouvons tous faire ensemble pour que la paix revienne », argue Dr Lassina Zerbo.

La ministre du Genre, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Fati Ouédraogo, salue l’initiative de la journée de partage et de solidarité qui traduit l’engagement du Premier ministre à aider ces élèves déplacés afin qu’ils aient de meilleurs lendemains. « Je dis merci aux travailleurs sociaux qui, nuit et jour, sont aux côtés des PDI pour leur offrir des conditions décentes de vie », souligne la ministre.

Après les élèves, ce sont leurs parents réunis à l’école paroissiale de Tougan qui reçoivent la délégation gouvernementale au son de tambours. Le porte-parole des PDI, Jérémie Drabo, est un électricien et éleveur qui gagnait dignement sa vie dans son village, Louta, relevant de la commune de Toéni. Il réside depuis deux ans à Tougan à cause de l’insécurité. Il salue le dévouement des agents de l’action sociale à leurs côtés au quotidien. Il y a des jours, confie-t-il, ils viennent à pied s’enquérir de leur situation.

Selon lui, l’action sociale fait beaucoup en matière de logements et de vivres, mais l’arrivée fréquente des nouvelles PDI complique davantage leur prise en charge. « Nous demandons au Premier ministre de ravitailler le grenier de l’action sociale afin qu’elle puisse satisfaire les PDI.

Nous sollicitons aussi la création d’activités génératrices de revenus à notre profit afin que nous puissions être autonomes », affirme Jérémie Drabo, visiblement touché par la visite du Premier ministre. A son tour, le visiteur du jour prend la parole en langue dioula. Le message passe tellement bien que les émotions de contentement se lisent sur les visages. Dr Lassina Zerbo exhorte les PDI à faire confiance au gouvernement dans la quête de solutions pour le retour de la paix.

« Unis et solidaires dans cette épreuve »

La ministre du Genre, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Fati Ouédraogo (gauche), a salué l’élan de solidarité du chef du gouvernement à l’endroit des PDI.

Les doléances formulées, assure-t-il, ont été bien enregistrées. « Nous devons rester unis et solidaires dans cette épreuve. C’est au nom de cette solidarité gouvernementale que nous sommes avec vous en ce jour de partage et de solidarité. Tous les efforts sont en train d’être mobilisés pour que le pays retrouve sa quiétude et que nous puissions vivre dans la quiétude », promet le chef du gouvernement.

Dans une atmosphère empreinte de réconfort et de convivialité, 7 500 plats chauds sont servis aux PDI. A l’issue de cette étape, le Premier ministre se rend dans les locaux de la Croix-Rouge. Avant d’être appelé à la tête du gouvernement, Dr Lassina Drabo avait été sollicité par l’organisme pour mettre en œuvre des initiatives au profit des PDI.

Sur place, le point des différentes interventions lui est détaillé. Le coordonnateur en charge de la préparation et de la réponse aux catastrophes de la Croix-Rouge burkinabè, Yacouba Guébré, explique qu’avec l’appui des partenaires, différents projets sont mis en place pour venir en aide aux PDI. « Nous intervenons dans le volet sécurité alimentaire où nous appuyons les ménages avec du cash transfert money.

Nous intervenons aussi dans le domaine des abris et des articles ménagers essentiels. Dans le volet wash, nous avons réalisé des forages, offert des kits wash et sensibilisé des ménages aux bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement. Nous prenons en compte également le rétablissement des liens familiaux », relève M. Guébré. Des actions que le Premier ministre loue et encourage le personnel à maintenir le cap de l’appui aux PDI.

C’est par des échanges avec les responsables des forces de défense et de sécurité et les forces vives de la région de la Boucle du Mouhoun que le chef du gouvernement a clos son séjour à Tougan. Bien avant toutes ces activités, le Premier ministre s’est incliné sur la tombe de son père et reçu les bénédictions de ses ancêtres. Sur la route, il a présenté ses civilités aux notables de Toma et de Kassan.

Karim BADOLO


Propos du Premier ministre à l’issue de son séjour à Tougan

«Tougan, c’est chez moi. Cela fait un mois que j’ai reçu la confiance du président du Faso pour former un gouvernement. Chez nous, il est de coutume et de tradition de venir prendre des bénédictions d’où l’on vient. Mais les conditions de sécurité ont retardé ce déplacement que je devais faire pour d’abord m’incliner sur la tombe de mon père qui est enterré ici et saluer le quartier samo d’où je viens.

C’était aussi l’occasion pour moi de m’enquérir de la tragédie que vit la province, à savoir le phénomène de l’insécurité qui a engendré près de 13 mille déplacés internes. Je venais souvent à Tougan, mais dans un Tougan libre. Et je veux que Tougan soit libre, que le Sourou soit libre, que tout le Burkina soit libre. J’ai eu la grâce d’être accompagné par les collègues ministres des Armées, de la Sécurité et de l’Action humanitaire. Les populations m’ont demandé de les remercier pour leurs actions auprès des Personnes déplacées internes (PDI).

Le porte-parole des PDI a dit que même quand les agents de l’action humanitaire ont des difficultés avec leur équipement mobilier, ils se déplacent à pied pour s’assurer qu’ils ont des vivres. Il faut partager ces actions positives pour montrer que ces fonctionnaires qui travaillent au niveau décentralisé ont le cœur à l’ouvrage. J’ai été très touché d’entendre ce message. L’autre point positif que j’ai retenu, c’est le fait que dans le quartier samo, le représentant des Mossé ait parlé en dioula.

Cela montre l’image d’intégration que Tougan donne au reste du Burkina. Tougan n’appartient pas qu’aux Samo, il appartient aussi aux Dioula, aux Bobo, aux Mossé… qui sont là depuis longtemps. Nous devons garder ce concert de communion que nous avons. C’est ce message que les communautés coutumières ont donné au quartier samo ce matin. C’est un message de solidarité et de communion qui a été donné.

C’est ce que le président du Faso a souligné aussi, être solidaire dans la lutte contre le terrorisme. Sans solidarité, nous n’allons pas vaincre le terrorisme. Sans solidarité, nous n’allons pas réussir. Laissons un tant soit peu nos divergences de côté. Les médias doivent aussi nous aider dans ce sens. Je suis content de savoir que les gens sont mobilisés à Tougan pour qu’il y ait la paix et la sécurité dans cette région.

Nous espérons aller dans d’autres localités du pays pour être aux côtés des populations. Nous voulons transmettre ce message de motivation, de solidarité et de cohésion aux FDS pour qu’elles puissent défendre les couleurs du pays. Nos Etalons sont au Cameroun pour défendre les couleurs du pays. Nous devons également nous inscrire dans cette dynamique de défendre les couleurs du pays dans la solidarité.

Le ministre des Armées et des Anciens combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé, a porté un message de solidarité et de cohésion aux FDS. C’est un message de motivation, de volontarisme et de cohésion entre les différentes forces que nous leur avons livré afin qu’elles puissent avancer en synergie dans la défense de la patrie.

Le gouvernement ne ménage aucun effort pour qu’elles aient les équipements et les ressources nécessaires pour gagner. Quand les FDS remportent des victoires, c’est à l’avantage de tout le monde. Nous voulons aussi qu’il y ait des VDP à Tougan pour aider les FDS dans la lutte contre le terrorisme »

Propos recueillis par K. B.

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