Un dénouement in extremis

Après plusieurs mois de tractations, la Coordination des syndicats du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (CS-MINEFID) et le gouvernement sont parvenus à un accord le mardi 23 avril 2019.

Au-delà des détails, l’on peut simplement affirmer que ce dénouement constitue une bouffée d’oxygène pour les Burkinabè, pour des acteurs économiques exaspérés et pour l’économie du pays qui était au bord de l’asphyxie. Ce qu’il faut souhaiter cette fois-ci, c’est une trêve durable.

Peu importe les engagements pris lors des discussions, chaque camp doit mettre un peu d’eau dans son vin afin que ces crises à répétition dans un département aussi stratégique ne soient que de vieux souvenirs. En tout état de cause, ceux qui en doutait encore auront bien compris, une bonne fois pour toute, que «l’argent n’aime pas le bruit».

Espérons que ce modus vivendi avec les financiers n’engendrent pas d’autres revendications maximalistes préjudiciables. Un autre aspect non moins important qu’il faut prendre en compte dans les négociations, et qui ne concerne pas uniquement les financiers, est la communication.

Pour éviter toute suspicion, il est important d’apprécier l’opportunité de la communication autour de la question, de l’élargir aux autres acteurs de la société. Informer l’opinion des conditions dans lesquelles les négociations ont été menées et ce à quoi elles ont abouti est aussi important que dénouer une crise.

La preuve, sans même laisser le temps aux protagonistes (CS-MINEFID et gouvernement) de s’exprimer sur leurs échanges, certains citoyens s’offusquaient déjà sur la toile dès l’annonce de l’accord. Ils ont vite fait de crier haut et fort à une solution non transparente concoctée sous les manteaux.

Certains sont allés plus loin en appelant les autres syndicats à remettre en marche leur machine de revendications parce que les argentiers auraient obtenu gain de cause. Pourtant, il ne faut pas se voiler la face, devant certaines réalités, il faut que chacun fasse des concessions pour l’intérêt supérieur de la nation.

Et sans être dans le secret des dieux, nous osons croire que c’est cet esprit qui a prévalu pendant les échanges. Si c’est le cas, tant mieux, car le problème devenait de plus en plus inquiétant. Ce n’est d’ailleurs pas exagéré de dire que nous tutoyions les précipices.

Des syndicats de commerçants, lors d’une conférence de presse n’avaient-ils pas prévenu que jusqu’à la fin du mois d’avril, si une solution n’était pas trouvée à la «grève», eux-aussi allaient se faire entendre ? Et, à les écouter ce jour-là, l’on pouvait présager des conséquences de ce qu’ils entrevoyaient.

Après eux, qui d’autre allait se mettre dans la danse? On ne pourrait le deviner. Maintenant que la sérénité semble revenue au MINEFID, il ne faut surtout pas perdre de vue l’approche globale préconisée le processus de mise à plat des systèmes de rémunération des agents publics? En apparence, c’est la solution qui s’impose, même si pour le moment, les travailleurs concernés ne savent pas grand-chose sur le traitement qu’ils recevront.

Daniel ZONGO

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