Ils transforment les barriques ou les tôles en ustensiles de cuisine, en cantines ou même en jouets pour enfants. Eux, ce sont les ferrailleurs. Pour mieux comprendre ce métier de ferrailleurs, le journal de tous les Burkinabès a fait une incursion dans la matinée du mardi 19 janvier 2021 dans leur univers.
Installés le long du marigot Houet en face du boulevard de la Révolution, sous le crépitement des marteaux et des enclumes à longueur de journée, Adama Sanou et ses 40 employés, à base de barriques récupérées fabriquent des poêles, des cantines, des fourneaux, des louches, des sceaux, etc. Un métier que M. Sanou pratique depuis une quarantaine d’années. « Cela fait 40 ans que je suis dans le métier. Nous transformons les barriques récupérées en ustensiles de cuisine et des cantines », confie Adama Sanou. Pour la matière première, les barriques notamment, le ferrailleur Sanou s’approvisionne au Nigéria et au Bénin. Mais avec l’avènement de la pandémie de coronavirus, qui a amené les autorités à fermer les frontières, c’est la croix et la bannière pour s’en procurer. « Nous importons les barriques depuis le Nigéria, mais avec la fermeture des frontières pour cause de coronavirus, nous éprouvons les difficultés pour en trouver.
Les quelques barriques que nous arrivons à avoir, c’est à prix d’or qu’on nous les cède. Ce qui se répercute aussi sur les prix du produit final », indique-t-il. Outre la difficulté d’approvisionnement de la matière première, la rareté du marché est l’autre goulot d’étranglement de ces ferrailleurs de la cité de Sya. « En plus des clients de l’intérieur, nous avions des expatriés qui venaient payer avec nous pour les vendre dans les pays côtiers et même en Europe. Mais la fermeture des frontières a marqué un coup d’arrêt à cette clientèle de l’extérieur », déplore Adama Sanou. « L’autre difficulté, c’est le manque de matériel adéquat. Ci fait que nous travaillons manuellement sans protection avec tous les risques encourus », renchérit Boureima Millogo. Pour ce faire, cette frange des travailleurs de la ville de Bobo-Dioulasso sollicite le concours de l’autorité afin de leur alléger les impôts, et travailler à ouvrir les frontières pour leur permettre d’accéder facilement à la matière première, et aussi reconquérir la clientèle de l’extérieur. « Avec toutes les difficultés que nous connaissons dans l’exercice de ce métier depuis l’apparition de la COVID-19, l’on aurait aimé qu’on nous allège les taxes et autres pour nous permettre de survivre.
Par an, par exemple, on peut nous taxer jusqu’en 120 000 FCFA alors que nous n’avons pas de marché », dit M. Millogo tout déconcerté. « Quand on parle d’aide, ce n’est pas forcément de venir nous donner des enveloppes financières. Mais, si on prend des mesures en notre faveur, comme l’ouverture des frontières, on peut librement aller chercher les barriques et faciliter l’accès des clients des pays côtiers qui venaient acheter en grande quantité nos produits », soutient, à son tour, l’employer Moussa Dembélé qui confie gagner 4 000 à 5 000 FCFA par jour avec son patron lorsque le marché tournait à plein temps. Mais avec le chapelet de difficultés égrainées, eux les employés, poursuit-il, gagnent à peine 3 000 FCFA le jour. « Du moment où, il y la mévente, il va de soi que le patron ne puisse pas à tout moment honorer ses engagements en vers nous. Donc nous souhaitons qu’on nous aide à résoudre ces problèmes pour nous permettre de nous épanouir dans ce métier qui nous permet de gagner notre vie », dit Moussa Dembélé.
Emerveillée par le travail de ces ferrailleurs, Abibata Ouédraogo n’a pas pu résister à marquer un arrêt pour admirer le savoir-faire de ces forgerons modernes. Elle a fait escale pour admirer, dit-elle, les produits, et profiter voir ce qu’elle peut payer. Malheureusement, déplore Mme Ouédraogo, l’argent qu’elle détenait par devers elle ne lui a pas permis de se procurer ne serait-ce qu’une cantine, question de les encourager. « Mais, ce n’est que partie remise, je reviens bientôt voir ce que je pourrais acheter », promet-elle. Qu’à cela ne tienne, Adama Sanou, parvient à tirer son épingle du jeu. C’est avec ce métier qu’il dit avoir financé les études d’un de ses enfants qui, aujourd’hui, est à l’extérieur. « En plus de payer les quarante employés, j’arrive à prendre en charge ma famille et la scolarisation de mes enfants. Un de mes fils est aujourd’hui à l’extérieur, et c’est avec l’argent de ce métier que j’ai pu financer ses études », se réjouit-il.
Kamélé FAYAMA