Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, ne sera pas candidat à la présidentielle, malgré les réformes constitutionnelles, qui ne le lui interdisaient pas. Cette information donnée, hier 5 mars 2020, met fin à toutes les spéculations sur un troisième mandat d’un homme au destin fulgurant. Le natif de Dimbokro, qui a transité par la Haute Volta avant de regagner la Côte d’Ivoire, est entré de façon « tumultueuse » dans l’histoire politique de son pays. Premier et unique Premier ministre du père de la nation ivoirienne, Houphouët-Boigny, dans les années de conjoncture, il avait pour mission de redresser une économie exsangue du fait de la chute drastique des cours du café.
En plein parcours, la mort du président Houphouët donnera un surplus d’ambition à celui qui a fait l’essentiel de sa carrière dans les institutions monétaires internationales. Depuis lors, Alassane Ouattara devenu l’égérie, sinon, le porte-drapeau d’une partie du Nord de la Côte d’Ivoire, s’est vu auréolé de la mission de porter l’espoir d’une grande partie de cette population à majorité musulmane. Devenu président, il écrira son nom dans l’histoire des grands bâtisseurs de la république. Il a, sans doute, compris que pour graver son image dans les esprits, il fallait s’investir dans la réalisation des infrastructures. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a réussi ce pari des réalisations, assorti d’un taux de croissance positif. Après, il fallait trouver la voie de la sortie. Une attitude que bien de dirigeants sur le continent ne peuvent pas franchir allègrement. La preuve, le voisin guinéen, Alpha Condé, peine à se retirer du pouvoir. En décidant de se mettre de côté, pour faire place à la génération montante comme il l’a dit, Alassane Ouattara donne à la fois la preuve qu’il est un homme de parole, mais aussi, qu’il s’apprête à rentrer dans le panthéon des grands hommes d’Etat, contrairement à ceux qui se font chasser par la rue ou la baïonnette.
A la vérité, c’est une étape de gagner dans cette lourde décision à prendre. L’autre partie est maintenant, on peut le dire, entre les mains de tous ceux et toutes celles qui se découvrent un destin national. Dans le camp présidentiel, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), il y en a à la pelle. Sauront-ils trouver ce consensus qui fait les grands hommes d’Etat ? Les noms foisonnent sur les rives de la lagune Ebrié. Le successeur, pas si naturel, Gon Amadou Coulibaly, actuel Premier ministre, devrait faire plus que batailler pour s’imposer. Avec lui, le truculent ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon Dano, qui ne cache plus ses ambitions pour le fauteuil présidentiel. En dehors de ces deux personnalités de poids, d’autres n’ont pas encore dit leur dernier mot, notamment Hamed Bakayoko, Daniel Kablan Duncan, Mabri Touakeuse, qui croient aussi en leurs étoiles.
Jean Philippe TOUGOUMA