De la mesure en toute chose !

Apprends à voler plus haut que la mêlée entêtée des menées de Bebel, parce que dans la mêlée, tout est entremêlé, pêle-mêle ! Le bon grain et l’ivraie se battent dans le panier de toutes les incertitudes en attendant que le coup de vent des vannes donne la sentence de la vérité. Le mensonge ne tient pas debout sous le vent des soupirs de son propre souffle.

Pendant que le borgne imbu se moque de l’aveugle arrogant qui se perd, le profane au regard diaphane prend des vessies pour des lanternes en criant eurêka la main au feu. Quand les murs du sang s’écroulent, les soutiens du toit s’effondrent dans l’abîme des liens intimes. Il n’y a point d’appui sur du sable mouvant ; il n’y a pas de vainqueur dans la rancœur en chœur.

A force de tirer sur la corde de la discorde, on finit par couper le seul ressort de notre essor. Les meilleurs amis se rencontrent parfois dans la rue en crue ; les pires ennemis partagent parfois le plat et le lit de la fratrie en quête de survie. Tant pis pour la rancune qui se nourrit de sa propre colère noire en cédant à l’excès dans un cœur en abcès. Tant pis pour l’écurie de la fratrie qui sacrifie la patrie sur l’autel de l’incurie qui se gave d’apories.

Quand la contradiction prend l’allure d’une addiction, on peut vite parvenir à faire jaillir la lumière, mais avec les étincelles de l’incendie. Parfois, il faut savoir dompter ses propres émotions pour s’élever au-dessus des contradictions, sans concession. Entre les irréductibles qui se disputent la paternité de la seule calebasse en tirant sur la même calebasse, le regret est un partage égal de l’inconséquence totale, à l’aune de la persistance dans l’intransigeance fatale.

Apprends à te nourrir plus du silence du sage qui élève plutôt qu’à céder à la réplique du vacarme qui rampe dans tous dans la fange dans tous les sens. Même la raison peut se perdre quand elle emprunte la voie de la passion sans compassion. On peut être juste et manquer de justesse tout comme on peut être fort et avoir tort. La vérité n’a pas besoin de preuve de sa propre véracité pour être vraie.

Tu peux crier cent fois ta bonne foi, si tu n’es pas capable de reconnaître ta part d’humanité, tu te battras pour rien, tu resteras neuf sur dix. Quand tu cries à la justice sans mettre dans la balance le lourd boulet que tu traines sous ta robe, à qui te caches-tu pour mieux paraître ? Et toi, quand tu te bombes le torse dans l’arène du faible, au nom de quelle fierté veux-tu tuer un moustique avec un canon ?

Non, reçois les coups avec humilité et reste concentré sur la trajectoire de tes priorités. Souvent, nos maladresses ne se trouvent pas dans nos actes, elles couvaient dans nos intentions maladroites. Il paraît que les tonneaux vides font plus de bruits que ceux remplis ; à quoi bon donc ajouter du bruit au vacarme sans charme qui désarme plutôt que de laisser le silence assourdir le tintamarre des bavards.

Alors, garde la tête sur les épaules et marche à contre vent malgré les rafales tranchantes des orages ! Continue de pédaler sur la pente raide qui surplombe le gouffre ! Le cartouchard qui vise dans le brouillard ne tire pas dans le tas à l’aveuglette ; il fait preuve de discernement même dans l’embrouillamini des tempêtes de verre. Apprends à aimer avec hardiesse et zèle une cause dont la noblesse te fait pousser des ailes par-dessus la hantise de ceux qui défendent des choses.

Entre le plus important et l’essentiel, il n’y a juste qu’un superlatif de trop pour dire la même chose sans excès. Mais attention, entre le contenant et le contenu, certains sont prêts à renverser la bouillie ! Juste pour montrer que la calebasse est fêlée, pendant que la disette se moque de la coquetterie qui creuse le ventre. Entre l’emballage et le produit, il y a une querelle de clocher dans laquelle seul le bon sens peut en découdre.

Entre la forme et le fond, il n’y a que de farouches partisans aux œillères de fer qui se tiraillent entre les mailles des cloisons de concepts tranchés. Pourtant, parfois, il suffit de faire preuve de tempérance pour sauver le fond de sa propre profondeur face aux fers en papier de la captivité de la forme froissable qui fait fi des contours en dur du même fond. Parfois, le contexte t’obligera à t’adapter et à adopter une posture de fortune malgré les principes qui t’importunent sans forcément te faire changer de position.

Parfois, la réalité te commandera d’accepter sans rien concéder ni céder. Parce que l’homme n’est pas un monstre de ferrailles conçues « hors-sol » selon des principes mécaniques figés et sans concession. Bref, seuls les dieux ne se trompent au point de se prévaloir de leur vérité ! Seuls les malappris marchent dans la boue de leur propre bévue en brandissant la merdeuse fierté d’être le plus fort ou d’avoir plus raison. « De la mesure en toute chose », disait le philosophe grec, Solon !

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

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