Longtemps annoncé, le dialogue entre les protagonistes de la classe politique est officiellement prévu pour se tenir du 15 au 22 juillet 2019. Cela, au grand bonheur de la société burkinabè dans toutes ses composantes au pied de l’Edifice républicain qui semble prendre de l’eau de toute part. Car, il faut le dire, les Burkinabè sont quelque peu inquiets face à la montée des conflits avec leurs corollaires de drames humanitaires débordants, les irrédentismes qui naissent çà et là, compromettant le vivre-ensemble, voire l’avenir du pays. La réconciliation nationale est donc devenue pour eux une nécessité qui leur permettra de mieux appréhender leur avenir commun à travers les deux principaux points inscrits à l’ordre du jour de «ce grand débat national» à la burkinabè: l’organisation des élections de 2020, la situation nationale et la cohésion sociale. Se mettre ensemble, pour colmater les fissures dont les conséquences n’épargneraient aucun occupant de la Maison commune, n’est qu’une simple question de bon sens que le président du Faso n’a de cesse de cultiver. Avec un sens du dialogue et du compromis reconnu, même par ses contempteurs, il a su œuvrer depuis le début de son mandat, à l’instauration d’une tradition de dialogue républicain. En effet, six mois après son accession à la magistrature suprême, le président du Faso a eu une rencontre de prise de contact avec le chef de file de l’opposition politique en juin 2016. Depuis lors, les contacts formels ou non ont toujours eu lieu, jusqu’au 19 avril 2018, date à laquelle le chef de l’Etat a reçu à nouveau le chef de file de l’opposition en vue d’échanger sur le projet de la nouvelle Constitution et le vote des Burkinabè de l’extérieur. Un an plus tard, soit le 4 avril 2019, le président Kaboré recevait, tour à tour, l’opposition politique, la majorité présidentielle, pour leur exprimer sa volonté d’ouvrir un dialogue politique. Lequel dialogue s’ouvre ce lundi matin. Plus qu’une simple rencontre, ce dialogue politique est plein d’enjeux, car il doit être le catalyseur de la réconciliation voulue par tous. De l’espoir donc mais aussi des appréhensions, si tant est que les prémices de ce dialogue ont été « entachés » de déclarations sinon maximalistes, à tout le moins compromettantes pour des échanges féconds. De l’espoir peut-être, des appréhensions peut-être, mais certainement une opportunité. Celle d’un questionnement, d’une introspection profonde sur ce que nous avons appelé «les maladies infantiles» de nos politiques, dont les principaux symptômes sont les revendications maximalistes, les remises en cause systématiques et anticipées, le nombrilisme frileux, la politique du «ôte-toi que je m’y mette» sans parfois aucune référence à celui pour qui toute la planète politique est censée se battre : le peuple. Celui-ci ne saurait tolérer pareil cirque si d’aventure les débats achoppaient sur des préalables inutiles voire superfétatoires. Pourquoi par exemple l’exigence d’un engagement anticipé de l’Autorité à mettre en œuvre les recommandations qui résulteraient de ce dialogue ? Sans aucun a priori, personne ne saurait marchander sa participation à cette dynamique salvatrice pour le Faso. Autrement dit, on aurait un problème de fond avec notre démocratie. Les pratiques politiques et sociales du passé doivent être bannies, car il s’agit d’engager les Burkinabè dans une nouvelle citoyenneté.