En attendant la pluie !

En plus d’intercéder auprès de l’Eternel et des ancêtres pour le retour à la paix au Burkina Faso, un autre vœu a occupé une place de choix dans les rites et sacrifices de la première édition de la Journée des coutumes et des traditions : « que Dieu accorde au pays une bonne saison pluvieuse ». Cela est primordial d’autant plus que la majorité des Burkinabè compte sur cette période de l’année pour reconstituer les greniers et s’assurer une pitance annuelle.

Le mois de mai tire à sa fin. Les acteurs du monde paysan ont les yeux rivés vers le ciel dont les vannes commencent à s’ouvrir peu à peu, suscitant
l’espérance d’une campagne agricole fructueuse. En dépit de la lutte contre l’hydre terroriste, le gouvernement ne perd pas de vue la nécessité de mener concomitamment l’autre combat qui consiste à gagner l’autosuffisance
alimentaire. En effet, il s’est attelé à libérer des zones potentiellement
productives et à entreprendre un certain nombre de chantiers pour asseoir les bases d’une agriculture dynamique et performante.

Toutefois, une bonne pluviométrie est aussi un paramètre de réussite de l’Offensive agricole lancée par les autorités au plus haut sommet de l’Etat. C’est en cela que le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques a pris les devants pour rendre le terrain propice à une campagne agricole abondante. Son premier responsable ne cesse de multiplier les descentes sur les principaux sites afin de donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre des projets agro-sylvo-pastoraux. Outre les cultures vivrières, les spéculations de rente bénéficient d’une attention particulière.

La campagne agricole 2024-2025 constitue donc un vrai challenge, parce qu’il faut non seulement produire les vivres nécessaires à l’alimentation de toute la population mais aussi renforcer la dynamique d’une agriculture rentable, c’est-à-dire pourvoyeuse de revenus. Le gouvernement n’a donc pas hésité à mettre les bouchées doubles pour gagner le pari. En témoignent les travaux d’extension du périmètre aménagé de Bagré qui accueille désormais des étudiants et la mise à la disposition des acteurs du monde rural d’un important lot de matériel agricole.

Il s’agit entre autres, de 239 motoculteurs, 1 000 tonnes d’aliments poisson, 68 963 tonnes d’engrais, 10 000 litres de produits phytosanitaires, 10 000 tonnes d’aliments concentrés (SPAI), 18 000 tonnes de semences végétales, 2 300 tonnes de semences fourragères, 400 tracteurs, 710 motopompes et 714 motos agents-terrain. A cela s’ajoute la subvention d’intrants à hauteur de près de 11 milliards F CFA dans le cadre de la relance de la culture de coton dont les ambitions portent cette année sur 595 000 tonnes contre
383 144 tonnes produites la campagne écoulée. Cette relance de l’une des principales sources de devises du pays requiert des mesures exceptionnelles.

En somme, l’autosuffisance alimentaire s’impose aussi au pays comme le recouvrement de la paix au point qu’en dépit du contexte sécuritaire actuel, le front agricole est à gagner coûte que coûte. La conjugaison des capacités opérationnelles des Forces combattantes (FDS et VDP) et des masses laborieuses est bien réelle pour offrir un bel avenir au pays. Ainsi, les encadrements techniques et autres soutiens à la production dont bénéficient les populations réinstallées dans leurs localités par les Forces combattantes donnent à espérer. L’élan de solidarité exprimé en faveur des Personnes déplacées internes (PDI) et des personnes vulnérables à travers la remise d’alevins participe également à la dynamique de leur autonomisation dans leurs activités principales que sont l’agriculture et l’élevage.

La bataille pour l’autosuffisance alimentaire doit canaliser toutes les énergies étant donné qu’une nation qui a faim ne peut résolument pas se frayer le chemin du développement. Même si des efforts énormes sont consentis sur le plan de l’irrigation pour tenir une campagne sèche productive, la pluie est une aubaine pour permettre à chacun de jouer sa partition dans la politique de l’offensive agricole. Les acteurs-terrain, en plus d’aller au charbon, doivent utiliser à bon escient les équipements et intrants subventionnés. Il est aussi à espérer que la pluie soit abondante, régulière et bien répartie sur toute la saison au grand bonheur de tous.

Par Assetou BADOH

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