L’Etat burkinabè qui devait supporter 80% du coût total de construction de l’aéroport de Donsin, allait s’en tirer au finish avec seulement 10% des parts dans la société mixte de gestion, laissant 60% au groupe français Meridiam…C’est l’une des six raisons qui ont pesé à la résiliation de la convention de concession pour la construction de la partie marchande de l’aéroport de Donsin et son exploitation.
En janvier 2023 devant les Forces vives des Hauts-Bassins à Bobo-Dioulasso, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré faisait part de son intention de suspendre la convention régissant la construction de l’aéroport de Donsin et de relire les textes. Le 9 août 2023, c’est le conseil des ministres qui résiliait carrément la convention signée, le 12 octobre 2021, entre la société AERO et l’Etat burkinabè, représenté à l’époque par le ministre des Transports Vincent T. Dabilgou et son collègue des Finances Lassané Kaboré. Notons que AERO est la société de droit burkinabè mis en place par le concessionnaire Meridiam/Aéroport de Marseille pour la conduite des travaux, conformément aux règles de la convention.
Selon les sources contactées par l’AIB, plusieurs raisons ont motivé la décision du gouvernement de résilier cette convention. Il nous revient que l’Etat burkinabè qui doit supporter 80% du coût total du projet (près de 500 milliards de FCFA), ne bénéficiera que de 10% des parts dans la future société d’économie mixte de gestion de l’aéroport contre 60% pour Meridiam, 20% pour des privés locaux et 5% pour l’ASECNA. Selon nos sources, l’Etat sortait également perdant au niveau du recouvrement des redevances, car le concessionnaire gardait 80% de la redevance de sûreté.
La redevance de développement des infrastructures des aéroports qui devraient permettre à l’Etat de rembourser ses emprunts revenait intégralement au partenaire. Autre incongruité, l’Etat perd à travers la convention, la partie la plus rentable de l’exploitation de l’aéroport, c’est-à-dire les services d’assistance en escale qui reviennent au concessionnaire, contrairement à ce qui se fait dans la sous-région. Pour le gouvernement burkinabè, la durée de la concession qui est de 30 ans est totalement disproportionnée par rapport à l’apport financier du partenaire.
Aussi, l’exécutif a rejeté la convention parce qu’elle ne garantissait pas la préservation de tous les emplois au niveau des services d’assistance en escale. Enfin, pour les autorités burkinabè, la convention devait être résiliée parce qu’elle ne prend pas en compte l’aéroport de Bobo-Dioulasso et les autres aéroports secondaires, dont le fonctionnement est pris en charge en grande partie par les recettes de l’aéroport de Ouagadougou.
En rappel, le 17 août 2023, le collectif des syndicats de l’aéronautique a salué la décision courageuse du gouvernement de résilier cette convention. Par ailleurs, le collectif souhaite que les personnes qui ont participé aux négociations d’avant signature soient entendues.
Agence d’information du Burkina