Pays riche en biodiversité, le Burkina Faso abrite une grande variété d’animaux sauvages et d’oiseaux dont dépendent certaines communautés locales pour leur survie. Cependant, plusieurs causes majeures sont responsables du déclin de cette biodiversité. Les acteurs tirent la sonnette d’alarme sur des espèces menacées d’extinction, en raison de la diminution inquiétante de leur population. Une situation qui se répercute négativement sur la santé environnementale.
Quelques hangars exposent des os, têtes, pattes, griffes, plumes d’oiseaux, queues et peaux séchées d’animaux sauvages. Toutes ces parties d’animaux vendues dans ce marché de Ralo, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Koudougou, dans la région du Centre-Ouest ont une utilité et un sens.
Un décor baroque et mystérieux, même si le degré d’efficacité de ces panacées reste difficile à évaluer. Seuls les vendeurs, les acheteurs, les guérisseurs et marabouts détiennent le secret. Idrissa Zoubga, la soixantaine, commerçant de ces produits, explique que l’activité lui rapporte, mais il remarque qu’il lui est de plus en plus difficile de se procurer certaines espèces très demandées par ses clients pour des besoins mystiques ou thérapeutiques, comme la peau d’éléphant, la tête de vautour, la graisse de lion … « Trois clients peuvent venir pour la même espèce et dans les endroits où je m’approvisionne, il n’y a aucune trace de ces restes d’animaux », dit-il, tout timide. Comme M. Zoubga, de nombreux commerçants de restes d’animaux sauvages s’inquiètent de la rareté croissante de ces espèces qu’ils imputent à la fermeture de la chasse, due au terrorisme qui secoue le Burkina Faso depuis une dizaine d’années. Cette crainte est également partagée par les guérisseurs, conscients que certains oiseaux et mammifères possèdent d’importantes vertus thérapeutiques et représentent une richesse pour la pharmacopée traditionnelle. Le tradipraticien Boukaré Soumabingbeogo qui dit soigner différents types de maladies à l’aide des plantes et des restes d’animaux depuis une quarantaine d’années, insiste sur l’efficacité de ses traitements, si tous les « ingrédients » sont bien réunis. « Les produits se font de plus en plus rares sur le marché et en plus, ils coûtent chers. Si nous ne trouvons pas les restes de l’espèce que nous recherchons, nous arrêtons la préparation du produit pour le mal à soigner, parce que si une autre espèce est utilisée, le traitement ne sera pas efficace », argumente-t-il.
Braconnage, dons et chasse villageoise
De l’avis des forestiers, ces restes d’animaux qu’on trouve sur le marché peuvent provenir de plusieurs sources, comme le braconnage, les dons et la chasse villageoise. Pour eux, les gestions des produits de chasse sportive sont encadrées par des textes. A titre d’exemple,
un expatrié qui abat un animal aura juste le trophée et le ¼ de la viande. Les ¾ sont données à la population. Cependant, ils avertissent que l’ivoire ou toute autre partie d’un éléphant qui se commercialise est issue du braconnage ou d’une mort naturelle. Cette perte des espèces animales, foi des acteurs, est intimement liée à celle des espèces végétales. Le Burkina Faso devient de plus en plus sec et cela favorise la migration des animaux sauvages vers des lieux plus propices. Le chef de programme de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au Burkina Faso, Jacques Somda, confie que les éléphants par exemple, sont des migrateurs permanents. « Des troupeaux d’un site
peuvent recevoir des étrangers. Certains parcourent des centaines de kilomètres. D’autres effectuent de petits déplacements, juste pour s’abreuver et revenir. Nous n’avons pas la certitude que les espèces que nous avons, viennent toutes du Burkina », relativise-t-il. Il clarifie que dans leurs zones, certaines espèces peuvent être nombreuses, mais ce n’est pas certain qu’au niveau national, leur population soit suffisante. C’est la raison pour laquelle, l’évaluation du statut de conservation des espèces migratrices, à son avis, est plus complexe, si les différents pays frontaliers ne mènent pas leurs études simultanément.
Selon M. Somda, établir la « liste rouge » des espèces, consiste à collecter toutes les informations. Une fois que l’espèce n’apparait plus dans la littérature ou qu’elle devient moins populaire, il y a un risque qu’elle ait disparu de son environnement. « Mais cela ne signifie pas qu’elle a effectivement disparu. C’est pour cela, nous alertons les décideurs, qu’il y a un risque que cette espèce soit en train de disparaître de la terre et qu’ils doivent voter une loi pour la protéger, afin qu’on ne l’abatte plus », dit-il. Organisation basée sur la science, l’UICN, foi de Jacques Somda, fait confiance aux scientifiques, car si ceux-ci n’ont pas mentionné l’espèce, c’est qu’ils ne l’ont pas observée. Pour lui, scientifiquement, on ne peut pas confirmer qu’une espèce a totalement disparu, on la considère comme disparue. « Annoncer que l’espèce a disparu, c’est pour choquer. C’est un message politique pour que les décideurs prennent des décisions fortes, car les espèces dont le nombre a drastiquement diminué méritent d’être protégées », justifie-t-il.
643 espèces protégées
Pour le directeur régional en charge de l’environnement du Centre-Sud, le lieutenant-colonel des Eaux et forêts, Aboudou Ouédraogo, le mot « disparu » est ambigu. « Dire que la population de l’espèce a diminué convient mieux, parce qu’à l’entendre, il faut des études approfondies et des inventaires très réguliers, pour prouver que l’espèce a
totalement disparu », relève-t-il. L’enseignant-chercheur, spécialiste en biologie et écologie animales (biodiversité), Pr Adama Ouéda, indique qu’en réalité, il n’y a pas de temps précis pour confirmer qu’une espèce a disparu.
« Le temps à consacrer dépend de ce que nous appelons effort d’échantillonnage et des connaissances que nous avons de l’espèce. Plus l’espèce est facile d’observation et d’étude, plus le temps est court. Mais généralement, il faut 3 à 5 ans ou parfois des dizaines d’années, 20 à 30 ans d’observation », détaille-t-il. Au Burkina Faso, la deuxième monographie publiée en 2020 par le ministère en charge de l’environnement, répertorie 123 espèces de mammifères sauvages protégées et environ 520 espèces d’oiseaux. La situation de ces espèces préoccupe jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. En effet, lors de la 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité biologique tenue en Colombie en octobre 2024, sur le thème : « Faire la paix avec la nature », le ministre burkinabè chargé de l’environnement, Roger Baro, a fait savoir que le plan d’action triennal 2025-2027 du Burkina Faso nécessite des financements prioritaires de 515 000 dollars US, pour catalyser des investissements futurs, impactant pour le patrimoine biologique qui compte ces espèces de mammifères, d’oiseaux, de poissons, d’herbacées ligneuses et cultivées. « Cette 16e conférence doit être celle des actions urgentes pour un monde en harmonie avec la nature, car cette nature nous parle. Nous avons l’obligation de l’écouter et apporter des réponses adéquates. Il y va de notre survie et de notre responsabilité historique envers les générations futures », se convainc-t-il.
« Que chaque pays établisse sa liste rouge »
Le Ranch de gibier de Nazinga, créé en 1979, est situé au sud du Burkina Faso, à cheval
entre les provinces de la Sissili et du Nahouri. Il s’étale, selon son directeur, le commandant des Eaux et forêts, Kévin Tiendrébeogo, sur une superficie de 91 300 hectares et constitue une référence en Afrique de l’Ouest. Cette aire protégée, la mieux fournie de potentialités de tout le complexe Pô-Nazinga-Sissili (PONASI), héberge actuellement 18 mammifères diurnes, environ 21 espèces nocturnes, 32 espèces de poissons et 273 espèces d’oiseaux déjà inventoriées, sans occulter les reptiles comme les varans du Nil et des savanes, le python royal de Seba. Les espèces les plus dominantes en termes de valeur écologique et économique sont entre autres, l’éléphant, l’hyppotrague ou coba, le buffle, les bubales, le cobe de buffon, le céphalos, les singes rouge et vert, l’hyène tachetée et rayée, le chacal et
d’autres carnivores de taille moyenne. Pour les oiseaux, il y a les outardes, les canards, le calao, le francolin et les espèces protégées comme les vautours. Parmi toutes ces espèces, il y a celles dont leur nombre est en baisse. Le pays des Hommes intègres n’ayant pas encore une liste rouge nationale, il se base, selon le chef de programme de l’UICN, Jacques Somda, sur la liste rouge internationale pour classifier le statut de conservation de ses espèces. Cette liste a été développée pour les espèces sauvages et l’UICN dénombre des
espèces de mammifères et d’oiseaux menacées d’extinction qui se retrouvent dans des catégories qualifiées de « en danger »,
« quasi-menacée », « vulnérable » et « critique ».
« Toutes ces catégories font partie du groupe des menacés. Si l’espèce est menacée au niveau global et la même espèce se retrouve au Burkina Faso, elle est considérée comme menacée. Mais cela n’est pas totalement juste, parce qu’une évaluation de la liste rouge n’a pas été faite », souligne M. Somda.
900 éléphants dans le ranch de Nazinga
Des explications du chef de programme de l’UICN, il ressort que concernant les espèces menacées dans le monde, il y a entre autres, le pangolin soupçonné d’être à l’origine de la COVID-19 qui a probablement disparu, l’éléphant « vulnérable » et « protégé », car le nombre est en baisse. Le lion, la panthère, l’hylochère (voisin du sanglier), le potamochère (nom scientifique, le Potamochoerusporcus), sont aussi menacés de disparition. Le chimpanzé, lui est déjà proche de la disparition. Au niveau de l’avifaune, on note la tourterelle, le vautour et les espèces d’outardes.
« A l’UICN, la liste rouge mondiale est mise à jour annuellement. Mais les données obtenues du Burkina datent de 1993. Une espèce peut être menacée au niveau global et ne pas l’être au niveau local », clarifie-t-il. M. Somda souhaite que chaque pays établisse sa liste rouge nationale pour toutes les espèces. Contrairement à la menace de l’éléphant qui fait partie de la liste rouge de l’UICN, le directeur du ranch de gibier de Nazinga, le commandant des Eaux et forêts, Kévin Tiendrébeogo, rassure qu’au niveau du site, l’éléphant se porte à merveille, avec un effectif de plus de 900 têtes. « C’est plutôt le cobe de Buffon qui tend à disparaitre de nouveau du ranch, mais pas au niveau national. L’espèce peut être menacée dans une aire protégée mais pas dans toutes les zones », précise-t-il. Il confie qu’à partir d’un inventaire de 1982, le cobe de Buffon a donné un effectif néant et c’est en 1983 que les gestionnaires l’ont réintroduit. L’espèce provenait du parc national d’Arly, avec un noyau effectif de huit individus. Quant aux lions, guépards et léopards, il n’y a plus d’empreinte dans tout le complexe PONASI, regrette le commandant Tiendrebéogo. Il souligne que c’est depuis les années 70, que les rugissements du lion n’ont plus été entendus dans ce complexe, précisant toutefois qu’une espèce peut disparaitre et réapparaitre. Elle peut migrer et se retrouver dans un autre continent et cette migration peut être, selon lui, continentale ou intercontinentale. Ces espèces ont des bagues électroniques et elles sont suivies.
Assurer un bon suivi écologique
Le chef de programme de l’UICN indique que le Burkina avait tenté de faire une liste pour les poissons, malheureusement, il n’est pas allé jusqu’au bout, car l’accès à l’information scientifique est très difficile, en plus du fait que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique ne sont pas suffisamment développés de manière à avoir un document, où toutes les publications sont stockées comme dans les pays développés. « Cela ne signifie pas qu’au Burkina, il n’y a pas de connaissances scientifiques. Il y en a, mais la plupart se trouve dans des tiroirs. Ce qui explique la difficulté de l’établissement d’une liste rouge nationale », déplore-t-il. Il dit reconnaitre que les ressources sont limitées, mais tant que le
pays n’aura pas cette liste, il prendra toujours des décisions sur la liste rouge globale et le risque de se tromper est élevé. Pour lui, l’Etat burkinabè doit s’engager à mettre des moyens financiers à la disposition des services compétents, comme les universités, les centres de recherches et les directions en charge de la biodiversité, pour l’établissement de cette liste. Le directeur général de l’Office national des aires protégées (OFINAP), le colonel
Philippe Tamini, de renchérir qu’il faut des financements pour assurer un bon suivi écologique, afin de pouvoir donner avec exactitude le nombre des espèces dont regorgent les forêts du Burkina Faso. De l’avis de M. Somda, l’espèce peut quitter son état sauvage à l’état domestique. A la ferme de Wedbila, située dans le département de Koubri dans la région du Centre, le promoteur Clark Lungren, vit sa passion de l’élevage d’animaux sauvages. Parmi ceux-ci, il y a des espèces « menacées » et « disparues », comme l’autruche à cou rouge qui, selon lui, a déjà disparu du Burkina depuis au moins 50 ans.
Trois sacs de 100 kg de vautours saisis
Pour les spécialistes et les défenseurs de l’environnement, beaucoup d’animaux fournissent une multitude de services éco-systémiques essentiels à la santé de l’environnement et au bien-être humain. Il est démontré, à les entendre, que des espèces telles que les éléphants d’Afrique contribuent de manière significative d’une part, à la capture du carbone et d’autre part, ils sont des agents pollinisateurs et jouent un rôle de germination et de fertilisation des sols. En déposant leurs excréments qui contiennent des graines provenant des nombreuses plantes qu’ils consomment, ces graines sont semées et se transforment en nouvelles herbes, buissons et arbres, offrant ainsi un abri et de la nourriture à de nombreuses autres espèces, tout en améliorant la santé de l’écosystème.
« La semence des excréments de l’éléphant est comme une semence prétraitée. Si l’éléphant disparait, il faudra qu’on trouve d’autres animaux qui ont des capacités de traiter les semences dures », préviennent-t-ils. Ils attestent que les oiseaux sont des champions de la pollinisation du fait qu’ils volent d’arbre en arbre et permettent à l’écosystème de se reconstituer. Pour M. Somda, le charognard, lui, est un agent d’assainissement. Le
commandant Tiendrebéogo révèle que le charognard a des vertus et il y a des aspects mystiques autour de l’espèce. « Elle est chassée illégalement par centaine, pour être vendue. En 2011, trois sacs de 100 kilogrammes de vautours séchés, en partance pour le Nigéria, ont été saisis », se rappelle-t-il. Si une espèce a été enlevée de la chaîne alimentaire, déplore le directeur de l’OFINAP, c’est la chaîne qui a été cassée et, à long terme, l’environnement en souffrira, car l’espèce disparaît avec tout le processus écologique auquel elle est liée. « Si la tendance de la menace se poursuit, il y aura des réfugiés climatiques, car le Burkina ne sera plus vivable », avertit-il. Tout comme les
changements climatiques affectent les populations, ils affectent la faune. En décrivant l’état actuel de la biodiversité au Burkina Faso, le spécialiste en biologie et écologie animale, Pr Adama Ouéda souligne qu’elle est marquée par de fortes pressions, aussi bien anthropiques que climatiques.
Ces pressions sont liées à des facteurs socio-économiques, politiques, institutionnels et culturels qui renforcent l’effet des menaces directes et les facteurs de stress, tels que la fragmentation de l’habitat. Il détaille que dans une de leurs études publiées en 2021,
l’exploitation minière apparaît comme l’une des trois principales menaces sur la biodiversité animale, avec la modification du fonctionnement et la pollution des écosystèmes. « La ville de Ouagadougou est un exemple d’écosystèmes fragilisés par la perte de la biodiversité, car plusieurs espèces végétales et animales qui auraient pu contribuer à améliorer la
qualité de vie ont disparu », argue-t-il. L’autre « épine » qui trouble la quiétude des animaux est le braconnage. « Avec la fermeture de la chasse, nous faisons face ces dernières années à un sérieux problème de braconnage, surtout du côté du Ghana », confie le directeur provincial chargé de l’environnement du Nahouri, le commandant Jean Bosco Zongo. Il relate que le ranch a été attaqué en 2019, occasionnant une perte en vie humaine et des blessés. Mais un maillage a été fait au niveau des points d’eau, puisqu’il soutient que c’est autour de ces endroits que rôdent les braconniers surtout en saison sèche.
Des actions pour enrayer la perte de la biodiversité animale
Face à la menace, l’UICN mène des efforts pour que les grands secteurs économiques qui contribuent à la destruction des habitats des espèces puissent les reconstituer. Le chef de programme de l’UICN, Jacques Somda, raconte qu’il y a de cela deux ans, le projet Biodev2030 avait identifié les trois secteurs : minier, coton et élevage, comme ayant des impacts négatifs sur les écosystèmes. « Ces secteurs qui détruisent progressivement peuvent aussi reconstruire. Nous nous sommes entretenus avec certains acteurs miniers, en vue de les soutenir dans la mise en œuvre du projet. Malheureusement pour des raisons politiques, le partenaire a suspendu son financement », regrette-t-il. Pour que les populations ne se rabattent pas sur les ressources naturelles, elles sont sensibilisées sur leur rôle dans la conservation et les dangers actuels pesant sur la biodiversité. Pour cela, des activités de surveillance, de suivi écologique, de réaménagement, ainsi que la création de zones communautaires de conservation, des Organisations de la société civile (OSC) œuvrant dans la conservation et des Activités génératrices de revenus (AGR) ont été mises en place. « Sur le plan opérationnel, il y a une surveillance accrue de la ressource. Le personnel doit être bien formé sur tous les plans : technique, matériel et humain, pour une meilleure protection », indique le commandant Tiendrebéogo. De manière générale, plusieurs stratégies sont mises en œuvre par le Burkina Faso pour la réduction des menaces et la restauration des écosystèmes.
Il s’agit du Code forestier, du Code de l’environnement, du Code minier, de la Réforme agraire et foncière (RAF) et des Stratégies et plans d’action nationaux sur la biodiversité (SPANB). Au niveau international, le pays a adhéré aux conventions sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), celle de RAMSAR qui réglemente toutes les zones humides, et celle de Rio sur les défis liés au changement climatique, à la perte de la biodiversité et à la désertification. « Néanmoins, nous pensons qu’il faut renforcer les mesures de restauration de nos écosystèmes, car nous avons des écosystèmes déjà assez dégradés », constate Pr Ouéda. Il estime que si rien n’est fait, le Burkina Faso restera dans un cercle vicieux où la perte de la biodiversité entraînera une incapacité des populations à être résilientes, ce qui accroîtra la pauvreté, elle-même source de dégradation environnementale accrue. Il recommande donc de développer une agriculture résiliente à forte productivité et une exploitation des ressources naturelles respectueuse de l’environnement. Le lieutenant-colonel des Eaux et forêts, Aboudou Ouédraogo, confie que, dans la région du Centre-Sud, de nombreux programmes mettent en œuvre des plantations d’arbres pour compenser la dégradation de l’environnement, séquestrer le carbone et atténuer les effets du changement climatique. Il y a également le projet PONASI-PNUD. « Toutes ces initiatives sont liées à la préservation de l’environnement et à la protection de la faune. Les populations, étant en contact direct avec l’environnement, ont pris conscience et s’impliquent activement dans les activités », se réjouit-il. Des textes de protection de l’environnement existent certes, mais le directeur du ranch et celui de la direction provinciale en charge de l’environnement estiment que la faune « sauvage » n’est pas suffisamment protégée et que ces textes doivent être revus, afin que la gestion des infractions soit plus stricte.
Avec la crise sécuritaire, le commandant Jean Bosco Zongo avertit que, si la sécurisation des aires protégées n’est pas maîtrisée, celles-ci pourraient devenir des refuges pour les terroristes qui puiseraient dans le cheptel faunique pour leur alimentation. Il fait savoir que
des projets ont été récemment lancés pour la sécurisation des massifs forestiers, financés par le PNUD et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). « Les animaux ont besoin de tranquillité, d’aménagements, de surveillance et de points d’eau. Si ces conditions sont réunies, la faune se développera sans aucune difficulté », se convainc-t-il. C’est pourquoi le ministère en charge de l’environnement a mis en place l’OFINAP. Cet établissement public de l’Etat est chargé de mettre en œuvre la politique nationale de protection et de gestion de la faune, dans les huit aires protégées regroupées en six unités de gestion, dont trois unités fonctionnelles, à savoir Bekuy, les Deux Balé et Nazinga. Les trois autres sont actuellement inaccessibles en raison de l’insécurité, mais l’OFINAP selon son directeur général, continue de travailler pour gérer la faune à travers des aménagements, en attendant de reconquérir tout le territoire national.
Afsétou SAWADOGO
afsawad@gmail.com
Sanctionner à la hauteur du crime
Le Burkina Faso est riche en faune et occupe les deux premiers rang en Afrique de l’Ouest. Quand une espèce est menacée, une loi est votée pour interdire sa capture, son abattage etc. Les défenseurs de l’environnement souhaitent d’une part, que les amendes au niveau du code forestier, surtout les infractions à l’intérieur des forêts classées, soient revues à hauteur de 5 à 6 millions F CFA, avec un emprisonnement ferme de 6 ans, compte tenue de la situation sécuritaire actuelle du pays. D’une part, que des moyens adéquats soient mis à la disposition des services forestiers, les motiver et les galvaniser davantage pour une surveillance plus accrue des aires protégées.
A.S