Parmi les victimes collatérales des mesures barrières prises pour endiguer le coronavirus, figurent les enseignants vacataires et permanents des établissements scolaires privés. Pour s’imprégner de leurs conditions de vie, Sidwaya a échangé avec certains d’eux, le vendredi 17 avril 2020, à Kaya.
Depuis la fermeture des établissements scolaires, le 14 mars dernier, la plupart des professeurs vacataires et permanents éprouvent d’énormes difficultés pour ‘’joindre les deux bouts’’. Nos interlocuteurs ne cachent pas leur désarroi. Bachirou Sawadogo est un professeur permanent d’anglais dans les lycées et collèges privés de Kaya, depuis 2015. Pour lui, cet arrêt des cours a des conséquences ‘’désastreuses’’ sur ses conditions de vie.
« Depuis le 14 mars dernier, nous sommes obligés de dépenser chaque jour alors qu’il n’y a pas de rentrée d’argent. Du coup, vivre devient difficile. Nous essayons de jongler pour s’adapter à la situation de COVID-19 », déplore-t-il. Même s’il trouve la gratuité de l’eau et d’électricité pour les mois d’avril à juin salutaire, le professeur Sawadogo estime que les professeurs vacataires ont été relégués aux oubliettes dans les mesures prises par le gouvernement.
« En aucun point les vacataires ont été pris en compte dans les mesures d’accompagnement alors que les établissements scolaires sont aussi fermés. Pourtant, nous vivons exclusivement de la vacation », soutient-il. Pour lui, le gouvernement doit davantage consentir d’efforts, d’autant plus que les charges quotidiennes ne se limitent pas seulement à l’eau et à l’électricité. Le professeur d’anglais exhorte aussi les chefs d’établissement à faire preuve d’indulgence et de solidarité envers leurs employés. « Si nous arrivons à avoir nos salaires à la fin du mois d’avril, cela nous soulagerait beaucoup », a-t-il déclaré.
Suspension des contrats
Nakaossé Ouédraogo est un enseignant de mathématiques. Il subit les mêmes difficultés dues au coronavirus. « Les coûts sont énormes parce que les vacataires vivent en fonction de leurs efforts directs. S’il n’y a
pas de vacation, il n’y a absolument rien », a-t-il souligné. Pour M. Ouédraogo, les mesures sociales d’accompagnement édictées sont insuffisantes. « Beaucoup de choses restent à faire concernant la nourriture, le loyer et la santé.
En réalité, si l’on ne mange pas, l’on ne peut pas boire l’eau, pire suivre la télévision », poursuit-il. A écouter Nakaossé Ouédraogo, les enseignants vacataires permanents sont des laissés-pour-compte. « Aucun établissement scolaire à Kaya n’a pris des initiatives pour nous accompagner durant cette période difficile. Pire, certains enseignants permanents, censés entrer en possession de leurs salaires du mois d’avril, ont vu leurs contrats suspendus en attendant la reprise des cours », a-t-il dénoncé.
De ce fait, il a exhorté le Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) à se pencher sur leur sort. « Le ministre Ouaro peut ordonner les chefs d’établissement à payer au moins leurs permanents, quitte à ce que l’Etat les rembourse », a-t-il proposé.
Pour lutter contre le COVID-19 dans le milieu scolaire, nos interlocuteurs préconisent la sensibilisation des élèves, parents d’élèves et fondateurs d’établissement aux mesures de protection. « Chaque établissement privé doit aussi mettre en place ses dispositifs de lave-mains et de bavettes pour ses élèves, avant la reprise des cours », souhaite M. Ouédraogo.
Emil Abdoul Razak SEGDA
Segda9emil@gmail.com