Flambée de la dengue au Burkina : « La pratique de l’automédication peut conduire à des conséquences désastreuses ou à la mort », Dr Abdoul Aziz Ouédraogo

Le moustique du genre Aedes-aegypti est responsable de la dengue.

Le Burkina Faso connait ces dernières semaines des flambées de dengue particulièrement dans la région du Centre et des Hauts-Bassins. Entre le 28 août et le 3 septembre 2023, ce sont 703 cas probables de dengue qui ont été enregistrés au Burkina Faso dont 330 dans la région du Centre et 329 dans la région des Hauts-Bassins. Le Médecin chef du district sanitaire de Boulmiougou, Dr Abdoul-Aziz Ouédraogo donne plus d’explication.

Sidwaya (S.) : Comment peut-on définir la dengue ?

Abdoul-Aziz Ouédraogo (A.A.O.) : La dengue est une maladie virale transmise par la piqure d’un moustique infecté, le plus couramment appelé Aedes aegypti.

Ce moustique infecté va piquer une personne saine qui est susceptible d’avoir la dengue. D’abord ce moustique va piquer une personne infectée lors de son repas sanguin, il prélèvera le virus de la dengue pour aller piquer une personne saine afin de la contaminer. Il y a quatre sérotypes du virus responsable de la dengue qu’on appelle couramment DEN-1, DEN-2, DEN-3, et DEN-4.

S. : On parle souvent de cas suspect, cas probable, est-ce que vous pouvez nous clarifier ces termes ?

A.A.O. : Pour le terme de cas suspect il faut dire que c’est tout patient qui présente une forte fièvre qui évolue pendant 2 à 7 jours avec des signes de céphalées intenses et de vomissements des saignements, des douleurs abdominales et aussi il peut avoir des épistasiques (saignement par le nez, les gencives, les vomissements de sang et des agitations).

Ce sont ces deux signes associés à une fièvre évoluant qu’on appelle cas suspect. Le cas probable est un cas suspect qui bénéficie d’un test de diagnostic rapide de la dengue. Et si ce test est positif, on dit que c’est un cas probable. Au niveau du cas confirmé, des examens plus sophistiqués sont réalisés. Il s’agit du PCR, les tests de l’IRA où on va isoler le virus de la dengue.

S. : Quelle est aujourd’hui la situation épidémiologique de la dengue au Burkina Faso ?

A.A.O. : De la semaine 1 à la semaine 35 la situation épidémiologique au Burkina est de 40760 cas de dengue. Parmi ces cas dengue probables nous avons malheureusement enregistré onze décès par rapport au chiffre qui nous viennent des structures sanitaires.

Le Médecin chef du district sanitaire de Boulmiougou, Dr Abdoul-Aziz Ouédraogo : « Ce qui est plus primordial ce sont les mesures préventives individuelles par exemples utiliser les moustiquaires imprégnées a longue durée… »

S. : Qu’est ce qui explique le nombre du taux élevé de décès dans les Hauts-Bassins ?

A.A.O. : La région de Centre a enregistré plus de cas probable que celle des Hauts-bassins. On totalise plus de 2000 cas probables pour le Centre contre 1031 cas pour les Hauts-Bassins. Cela peut s’expliquer par le volume de la population qui est plus énorme au niveau du Centre que des Hauts-Bassin.

Cela peut également être lié à cette promptitude de la population à avoir les centres de santé comme premiers recours. Ce sont là, des raisons qui peuvent être des facteurs en plus des mauvaises mesures d’hygiènes qui ne sont pas totalement appropriés dans les protections individuelles et collectives. Ce sont des études qui pourront affirmer cette différence.

S. : Qu’est ce qui fait la différence entre la dengue et le paludisme en termes de signe ?

A.A.O. : En ce qui concerne les signes du paludisme et de la dengue, il faut dire qu’ils s’apparentent. Vous constaterez dans les deux maladies ces différents symptômes que sont la fièvre, les maux de tête, les douleurs retro orbitaires (douleurs au niveau des yeux), les vomissements, des saignements. Mais la différence se trouve au niveau du Test de diagnostic rapide (TDR) au niveau des deux pathologies.

Le TDR du paludisme va isoler les parasites c’est-à-dire le plasmodium et le TDR de la dengue va montrer la présence du virus de la dengue. C’est au niveau de ces TDR que nous faisons la différence. Mais il faut noter qu’il peut avoir des possibilités d’infections de ces deux maladies.

S. : Aujourd’hui est-ce qu’il y a un traitement approprié de la dengue ?

A.A.O. : Le traitement de la dengue est essentiellement symptomatique, lorsqu’il y a la fièvre il faut prendre des antipyrétiques pour casser la fièvre. Quand il y a des vomissements il faut prendre des médicaments pour arrêter les vomissements, pour les saignements il faut prendre des hémostatiques pour arrêter les saignements pour tout ce qui est symptômes il faut trouver des médicaments appropriés.

Ce qui est plus primordial ce sont les mesures préventives individuelles. Par exemples il faut utiliser les moustiquaires imprégnées à longue durée, frotter des pommades répulsives, porter des vêtements long qui couvrent le corps. Pour les mesures préventives collectives il y a la lutte anti-larvaire qui est organisé actuellement par le ministère de la santé.

S. : Beaucoup de personnes pratiquent l’automédication, quel est l’appel à leur endroit ?

A.A.O. : Nous lançons un appel à ceux qui pratiquent l’automédication de l’éviter au maximum surtout à ces périodes de la dengue car cela peut conduire à des conséquences désastreuses. Car il y a des médicaments qui sont contre indiqués contre la dengue vu que leur usages est nocives pendant la dengue.

Il s’agit des anti-inflammatoires non stéroïdien. C’est notamment les diclofénac comprimés les ibuprofènes et autres. Dans nos sociétés, nous constatons que cette automédication est fréquente.

Il y a des gens dès qu’ils ont des douleurs, ils vont payer les comprimés pour soulager le mal. Mais en ses périodes, c’est contre indiqués car cela peut entrainer des perturbations dans l’organisme qui peut conduire à des conséquences désastreuses ou à la mort.

Propos recueillis par

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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