Forum des citoyens de l’Union africaine à Malabo: l’ADS parvient à faire entendre ses recommandations contre les VBG

Les acteurs de la société civile ont mené des réflexions pour bâtir un nouveau contrat social en Afrique 

L’Alliance droits et santé (ADS) a participé, du 7 au 9 juillet 2025, à Malabo, en Guinée équatoriale, au dialogue interrégional des Organisations de la société civile (OSC), suivi du Forum des  citoyens. Elle y a porté haut le plaidoyer pour la prise en compte d’actions concrètes contre les Violences basées sur le genre (VBG) auprès de l’Union africaine.

Les travaux du dialogue interrégional sur les défis communs et les opportunités en matière de consolidation de la paix, ainsi que ceux du Forum des citoyens organisés par le Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (ECOSOCC), se sont achevés respectivement les 7 et 9 juillet 2025, sur des notes de satisfaction pour l’Alliance droits et santé (ADS), qui a activement pris part à toutes les sessions.

Lors du dialogue interrégional, ouvert par le président de l’ECOSOCC, Louis Cheick Sissoko, les participants ont débattu de consolidation de la paix, de prévention des conflits, de médiation et de reconstruction post-conflit. Les résultats de ces discussions ont ensuite nourri les échanges du Forum citoyen, tenu sur le thème : « Réimaginer la démocratie et faire progresser la justice réparatrice : un nouveau contrat social ».

Dès l’ouverture, le président Sissoko, ainsi que les autres intervenants, ont souligné l’importance du rôle de la société civile dans la construction d’un nouveau contrat social entre gouvernants et citoyens, condition essentielle à la paix et à la sécurité sur le continent.

Parmi les thèmes abordés figuraient : la justice réparatrice et l’intégration régionale ; la réforme de la gouvernance mondiale et le rôle de l’Afrique à l’ONU ; la résilience climatique et la transition écologique juste ; la souveraineté sanitaire et l’équité ; la justice fiscale et la transparence ; et enfin, le rôle de l’intelligence artificielle dans la promotion de la bonne gouvernance.

Le président de l’Union panafricaine des avocats, Donald Deya, a souligné que « la crédibilité de l’ordre mondial est mise à rude épreuve », et que les inégalités restent criantes. Il a regretté que l’Union africaine n’aborde pas clairement les enjeux constitutionnels, souvent sources de conflits sur le continent. Il a lancé un appel :

« Que fait la société civile ? Que font nos dirigeants et institutions africaines ? Dans le contexte actuel, il est nécessaire et urgent de repenser les politiques et de définir un nouveau contrat social. »

Face à ces réflexions, l’ADS a saisi chaque occasion pour rappeler l’importance du rôle des femmes dans la prévention des conflits, les négociations de paix et la reconstruction post-conflit.

« Le monde, et l’Afrique en particulier, ne saurait construire une paix réelle et durable en occultant la moitié de sa population – faite de femmes et de filles », a plaidé la présidente de l’ADS, Caroline Wend-Goundi Tapsoba.

Elle a ajouté que les femmes, souvent les plus touchées par les conflits, doivent être pleinement impliquées dans les processus de médiation et de résolution.

L’ADS a ainsi formulé des recommandations pour que les violences sexistes et sexuelles soient placées au cœur des problématiques de paix et de sécurité, et pour que la prise en charge holistique des femmes soit une priorité en contexte de crise.

L’ADS réclame des actions concrètes

Lors de ces deux événements, l’ADS a multiplié les échanges avec les organisateurs, afin de se positionner comme un acteur stratégique dans la réflexion sur l’avenir du continent et des femmes et des filles.

A l’issue d’une audience avec William Carew, chef du secrétariat de l’ECOSOCC, l’Alliance a plaidé pour la mise en œuvre effective de la Convention de l’Union africaine sur l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles, adoptée en février dernier.

Les acteurs de la société civile ont mené des réflexions pour bâtir un nouveau contrat social en Afrique

Dans un document remis à M. Carew, les 22 organisations membres de l’ADS, réparties dans six pays d’Afrique de l’Ouest, appellent à transformer les engagements politiques en mesures concrètes contre les violences faites aux femmes et aux filles. Elles appellent à la mise en place de politiques et de cadres législatifs propices à cette lutte. Elles demandent également aux Etats-membres, en particulier ceux de l’Alliance (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal), de ratifier la Convention et de mettre en œuvre des plans d’action budgétisés et dotés de ressources suffisantes.

« Grâce à notre document de positionnement, nous avons pu faire passer des recommandations concrètes pour que l’Union africaine, les Etats-membres et les parties prenantes prennent des mesures efficaces contre les VBG. Notamment en matière de prévention, de protection, de répression, et avec une prise en charge holistique des survivantes », a précisé Mme Kaya Sy, responsable du développement stratégique et des partenariats pour Equilibres & Populations, membre du Réseau ADS.

Selon elle, la Convention de l’UA constitue « un texte fondateur, porteur d’une approche novatrice », en ce qu’il mentionne explicitement les rapports de domination hommes-femmes, qu’il faut déconstruire collectivement. Il met également l’accent sur la question des féminicides, une forme de violence de plus en plus répandue en Afrique.

Ce forum a permis à l’ADS d’amplifier ses messages de plaidoyer, dans l’objectif d’influencer les politiques publiques, et de renforcer l’impact de ses actions en faveur des droits des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest.

 

Boureima SANGA

De retour de Malabo

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