Après un trimestre d’attente consécutivement à la « dissolution suicidaire » de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la France tient son nouveau gouvernement nommé par le Premier ministre, samedi 21 septembre dernier. Un gouvernement dit de « rupture » chargé de répondre aux préoccupations essentielles du peuple, parmi lesquelles, le chômage, la pauvreté liée à la baisse drastique du pouvoir d’achat et l’impossibilité de relancer une économie exsangue depuis la chute du mur de Berlin, occupent une place de choix.
Un gouvernement qui a peu de chance de tenir sur la durée dans la mesure où de « grands censeurs » comme Marine le Pen ou Jean Luc Melenchon dénoncent des alliances contre nature pour la première et un déni démocratique pour le second. Toutes choses qui augurent de débats corsés à l’Hémicycle avec la multiplication de motions de censure et cela, dès la session budgétaire d’octobre.
Absence d’une majorité de gouvernement au parlement, fragilisation de l’Elysée, la France est dans une impasse durable, et, l’analyse clinique de son tableau économique permet de dire que le pays amorce son déclin dont les premiers signes datent de l’avènement de la mondialisation et des bouleversements d’alliances qu’elle a entraîné. Le tout conjugué à la montée en puissance de nouveaux acteurs notamment asiatiques sur l’échiquier international et à la révolution culturelle opérée par certains pays de son « precarré » africain.
La mondialisation d’abord qui a mis fin au gentlemen agreement de la fin de la deuxième Guerre mondiale, avec la solidarité occidentale aussi bien sur le plan politique qu’économique et militaire, avec la création d’outils de domination où les Occidentaux détiennent la part du lion par le biais du droit de veto.
De plus en plus de voix s’élèvent de par le monde pour dénoncer cet ordre mondial désuet qui ne reflète plus les réalités contemporaines avec l’émergence des dragons et autres tigres asiatiques et la prise de conscience des Africains. Une superstructure en déphasage avec l’infrastructure du moment et dont l’inéluctable remise en cause a déjà commencé.
Ainsi, Paris n’est plus l’acteur majeur dans son precarré avec les pertes économiques immenses que cela entraîne sur son tissu industriel.
Les plus anciens se souviennent de l’époque où les automobiles françaises faisaient la loi sur le continent africain, pendant que les voitures en provenance d’Asie étaient vilipendées et traitées de ferrailles sans consistance. De nos jours, la tendance s’est nettement inversée, car les populations ont les « yeux ouverts ». Une prise de conscience qui se traduit aussi par la diversification des partenariats et la remise en cause des accords léonins issus du pacte colonial.
Le nerf de la guerre se raréfie donc dans l’Hexagone avec des conséquences désastreuses au plan social (impossibilité de financer le système de sécurité sociale et les retraites) et économique (déficit budgétaire abyssal, désindustrialisation, chômage massif). François Fillon, Premier ministre de Sarkozy l’a du reste illustré depuis 2017 en déclarant crûment qu’il dirigeait « un état failli ».
La situation actuelle est un nième avatar de cette faillite irréversible au regard de l’évolution du monde. Certains dirigeants ont du reste prophétisé en affirmant que la France sera bientôt dépendante de ses ex colonies. Omar Bongo avait été le premier de ces « prophètes », lui qui avait déclaré pince sans rire que la France sans l’Afrique est une voiture sans essence. Avis donc de panne sèche à l’horizon.
Boubakar SY