
L’Association des étudiants en médecine du Burkina Faso (AEM-BF), section de l’université Joseph-Ki-Zerbo a organisé une conférence publique sur le thème : « Main dans la main face au deuil », jeudi 24 avril 2025, sur le campus de Ouagadougou. Objectif, outiller davantage les futurs médecins à comprendre les mécanismes du deuil, développer des compétences pour accompagner de manière adaptée et bienveillante les personnes endeuillées.
Le terme deuil « désigne à la fois, le fait de perdre un être cher et la réaction à cette perte. Une réaction qui se caractérise par un affect douloureux, une suspension d’intérêt pour l’extérieur, une inhibition ». Une définition du dictionnaire de la psychanalyse, donnée par le psychologue clinicien et psychopathologue, psycho- thérapeute, Abdoulaye Delma. C’était, dans l’après-midi du jeudi 24 avril 2025, lors de la conférence publique organisée par l’Association des étudiants en médecine du Burkina Faso, la section de l’Université Joseph- Ki-Zerbo, (l’AEMBF/UJKZ) à Ouagadougou, sur le thème : « Main dans la main face au deuil ».
La communication de Abdoulaye Delma, l’un des deux conférenciers du jour, a porté sur « Le deuil : comprendre pour mieux soutenir ». Il a expliqué que le deuil est tout d’abord une situation de perte, que ce soit une personne, un animal, ou un objet auquel on est fortement attaché. Il a poursuivi que le deuil ne résulte pas que de la mort. Il est l’ensemble des pertes et des frustrations, réelles ou symboliques, ayant une valeur significative pour un sujet donné. « Le deuil désigne également la période de douleur et de chagrin qui suit cette disparition », a soutenu M. Delma. Une période qui, selon lui, est marquée par plusieurs phases que sont : le choc initial, la culpabilité, l’inconfort général et la cicatrisation.
Aux étudiants en médecine, le psychologue clinicien et psychopathologue, psychothérapeute, a indiqué que le deuil n’est pas une maladie, mais un processus avec des étapes. D’où pour lui, la nécessité de comprendre les mécanismes du deuil afin de développer des compétences pour accompagner de manière adaptée et bienveillante une personne endeuillée. Pour y arriver, le soignant doit d’abord identifier les étapes du deuil, ensuite distinguer le deuil normal et le deuil compliqué et proposer enfin un sou- tien concret à une personne endeuillée. A ce sujet, Abdoulaye Delma a confié que soutenir une personne en deuil ne nécessite pas de solutions miracles, mais de la patience, de l’empathie et une écoute authentique. « Le deuil n’est pas un problème à résoudre, mais un chemin à parcourir, parfois ensemble », a-t-il précisé. Toutefois, le conférencier a déploré des complications qui peu- vent subvenir et sous plusieurs formes. Ce sont le deuil différé, le deuil inhibé, le deuil chronique, le deuil anticipé, le deuil traumatique ou post-trauma- tique.
Annoncer le décès avec humanité

La 2e communication a porté sur le thème : « Faire face à la perte d’un pa- tient ». Une thématique abordée par le psychiatre-addictologue et expert psy- chotrauma-victimologie psychothéra- pie, Dr Boubacar Bagué. Aux futurs médecins, il a rappelé que la perte d’un patient marque profondément le soi- gnant. « Chaque patient perdu laisse une trace pour les proches et le soi- gnant », a-t-il relevé. Toute chose qui,
selon le 2e intervenant, peut engen- drer des risques chez le soignant, comme l’épuisement, la fatigue de compassion, entre autres. La stratégie de Dr Bagué est centrée sur la gestion des aspects émotionnel, professionnel et humain. Il a mis l’accent sur l’an- nonce du décès avec humanité et l’ac- compagnement des personnes endeuillées. Pour le spécialiste de la santé mentale, le bien-être des soi- gnants est également essentiel. Sur le plan émotionnel les outils de Dr Bagué sont la normalisation des émo- tions, la respiration, l’ancrage, le de- briefing entre pairs et le soutien collégial.
Sur le plan professionnel, il a conseillé les participants de toujours mettre en avant le professionnalisme, et ce, mal- gré l’émotion et la douleur. Un profes- sionnalisme qui commande la poursuite des obligations administra- tives telles que la délivrance du certi- ficat de décès et autres documentations, et le maintien de la communication avec les proches des victimes. A cela, le psychiatre-addicto- logue et expert psychotrauma-victimo- logie psychothérapie a ajouté la checklist mentale pour rester organisé. Des conseils que la secrétaire générale et vice-présidente chargée des projets de l’AEMBF/ UJKZ, Abzèta Sanfo et ses camardes comptent mettre en pra- tique. Puisque les étudiants en méde- cine dès leur 2e année de formation font des stages en soins infirmiers dans des centres de santé, ou ils sont confrontés à la perte des patients. Une situation assez traumatisante et difficile à gérer.
Abzèta Sanfo a rappelé que l’AEMBF/ UJKZ existe depuis 2027, avec pour slogan pour qu’être étudiant en méde- cine ne soit pas seulement un titre, mais aussi un engagement social. A ce propos, les membres organisent régu- lièrement des sessions de renforce- ments de capacité professionnelle et aussi des activités communautaires. Pour cette année, il est prévu entre au- tres activité un séjour de solidarité à travers une immersion dans un camps de déplacées pour les sensibi- liser aux facteurs de risques cardio- vasculaires, les cancers féminins et sur la santé sexuelle et reproductive.
Mariam OUEDRAOGO