Cela fait exactement 59 ans que l’ancienne Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, a accédé à l’indépendance politique proclamée le 5 août 1960 par le président Maurice Yaméogo, père de la nation. Cette indépendance, à l’instar de bien d’autres pays africains, a connu plusieurs étapes. En effet, la communauté française, proposée par référendum le 28 septembre 1958, est acceptée par 99,5 % des votants, et 75 % des inscrits. Le 11 décembre de la même année, la République voltaïque est proclamée, et adhère aussitôt à la Communauté. En 1959, la République devient autonome, et se retire dès le mois de mars de la même année du projet de Fédération du Mali qui regroupait à l’époque la Haute-Volta, le Soudan français, le Dahomey et le Sénégal. La mutation se poursuit avec la transformation de l’Assemblée territoriale de 1957 qui devient Assemblée constituante. Une Constitution est élaborée et adoptée par référendum le 15 mars 1958. L’on observe cependant à cette occasion des divergences géographiques : les électeurs de l’Est du pays approuvent majoritairement le projet, tandis que ceux de l’Ouest, plus intéressés par le projet de fédération, optent majoritairement pour le «non». Aux élections législatives du 19 avril 1959, le Rassemblement démocratique africain (RDA) arrive très largement en tête avec 70 % des suffrages, et occupe 65 des 75 sièges de l’Assemblée puis 71 à la suite de désistements : le PRA, très minoritaire, disparaît peu après. Le sénateur Begnon Koné se voit élu président de l’Assemblée, tandis que Maurice Yaméogo, qui avait succédé à Ouezzin Coulibaly (décédé deux ans plus tôt) à la tête du gouvernement, devient président du Conseil des ministres. Après une période de relative instabilité, l’autorité de l’Etat est peu à peu rétablie. Yaméogo renforce son autorité et élu à la tête du Rassemblement démocratique africain le 30 décembre 1959, conduit la Haute-Volta à l’indépendance le 5 août 1960. Voici le discours de Maurice Yaméogo prononcé depuis la radio nationale :
‘’Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta. Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de l’homme voltaïque. Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre nation, j’exprime ma profonde reconnaissance à tous les artisans de notre indépendance nationale.
A la France, au Général de Gaulle, dont le courage et la magnifique lucidité lui valent l’immortalité devant l’histoire, à toutes les nations qui nous assistent, au clergé qui fournit à ce pays sa première élite avec les moyens du bord, aux professeurs français, qui, patiemment, ont façonné les responsables de ce pays, à nos chefs traditionnels qui ont su sauvegarder l’intégrité de notre Etat contre les atteintes de l’extérieur, aux anciens combattants et anciens militaires, toujours fidèles à l’honneur, à tous nos parlementaires, aux militants politiques de tous les échelons, aux vaillants combattants qui sont morts pour le triomphe de notre liberté, j’adresse, au nom du gouvernement, l’hommage de ma profonde gratitude. “Vive la Haute-Volta indépendante, vive la France, vive la fraternité des peuples de la terre’’.
Pourquoi la célébration le 11-Décembre et non le 5-Août ?
Au Burkina Faso, certains semblent se perdre dans les dates de célébration de la fête de l’indépendance. Certes, le pays a acquis son indépendance le 5 août mais le date du 11 décembre (date de la proclamation de la République au sein de la Communauté française) a été retenue pour les festivités commémoratives. Cela pour plusieurs raisons. D’abord le mois d’août étant le plus pluvieux de l’année au Burkina, il fallait éviter que la fête ne soit gâchée par la pluie, ensuite ce mois est celui des travaux champêtres qui occupent la population dont l’écrasante majorité est paysanne. Enfin, les élèves dont on a besoin pour le défilé civil sont en vacances en août.
Synthèse de Beyon Romain NEBIE
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