
Blessés sur le champ d’honneur pour la défense de la mère-patrie contre les forces obscurantistes, les gendarmes bénéficient d’une panoplie de soutiens allant des soins médicaux à leur reconversion en passant par l’apprentissage aux métiers porteurs. Formés en informatique-bureautique, mécanique moto et auto, écriture littéraire, agriculture-élevage …, ces vétérans de guerre sont réaffectés dans divers services administratifs de leur institution. Cette insertion socioprofessionnelle favorise la reconstruction de la vie personnelle, sociale et professionnelle de ces blessés en opération, symboles de la résilience.
Camp Paspanga de la gendarmerie nationale, en cette matinée du vendredi 29 août 2025. Après le contrôle d’usage, la barrière nous est ouverte. Nous faufilons entre véhicules et engins à deux roues, parqués le long de l’avenue du Président Thomas-Sankara. Moins de dix minutes pour rallier la Direction de l’action sociale et des services psychologiques de la gendarmerie nationale (DASSP-GN). Créée en 2022, sa mission principale : promouvoir le bien-être social et psychologique des gendarmes, de leurs familles et des blessés. Sous la coordination de l’adjudant-chef, Zakari Zougmoré, chef de service presse de la Direction de la communication et des relations publiques de la gendarmerie nationale, nous franchissons le portail de cette direction qui donne de l’espoir de vie aux blessés, veuves et orphelins des pandores tombés sur le champ d’honneur.
10h55mn. La DASSP-GN grouille de monde. Les chants des oiseaux dans les arbres se mêlent aux cris des bébés dorlotés par des femmes au « grand cœur » officiant à la crèche de la DASSP-GN construite par l’association GoPaga. Sous le hall du secrétariat, des enfants accompagnés de leurs mères attendent devant le Service de la solidarité et de
l’insertion sociale (SSIS). Affectés en janvier 2023, dans ce service, l’adjudant Mohamed Ouédraogo et ses collègues donnent quotidiennement du sou- rire aux personnes en détresse. Ayant été victime d’une blessure balistique au niveau de son tibia droit, occasionnant une fracture et par la suite une lésion du nerf, il est actuellement suivi par un neurologue.
Un traumatisme physique survenu le 20 août 2020, à Bilbalogho, de retour d’une mission de sécurisation du territoire dans la zone de Foubé, région des Koulsé, suite à une embuscade tendue par l’ennemi. Remis sur pied, notre interlocuteur salue sa prise en charge médicale et psycho-sociale. « Je tire mon chapeau au corps médical du camp Sangoulé-Lamizana qui, dans l’ombre, redonne de l’espoir de vie aux blessés », félicite l’adjudant Ouédraogo. En 2023-2024, il a été aussi pris en charge par un
attaché en santé mental de l’infirmerie du Camp-Paspanga.

« Aujourd’hui, je me porte très bien. Le moral est au top », rassure le combattant. Pour faciliter son insertion socio-professionnelle, l’adjudant Ouédraogo a bénéficié d’une formation de quatre semaines en informatique-bureautique, en avril 2025, organisée par l’Agence de soutien aux veuves, orphelins et victimes de guerre (ASVOVIG). Un renforcement de capacité lui permettant de s’adapter au monde de bureau. « Les connaissances sont toujours bénéfiques à l’homme, qu’elles soient personnelles ou professionnelles.
C’est un plus pour ma carrière … », se réjouit Mohamed Ouédraogo. Au plan social, il confesse avoir bénéficié de la solidarité de son commandement, de ses frères d’armes et de sa famille. Un soutien qui lui a permis de se remettre rapidement sur pied. C’est pourquoi, il exprime sa gratitude au commandement militaire. L’adjudant Ouédraogo invite les forces combattantes à garder un mental de fer pour vaincre le terrorisme.
Rester solidaire
Le Marechal des logis chef (MDL-chef), Brice Nougtara est en service au secrétariat de la DASSP-GN. Victime d’un « traumatisme lombaire caractérisé par une propulsion discale L4L5 », sa blessure est survenue après avoir heurté un Engin explosif improvisé (EEI) lors d’une mission d’escorte logistique de Fada N’Gourma à Boungou (Diapaga), en mars 2023. Lui aussi a été médicalement pris en charge au camp Sangoulé-Lamizana. Son psychologue évalue régulièrement son état de santé mentale et lui prodigue des conseils.
Sa famille, ses collègues sont restés à ses côtés durant ses dures épreuves. « La hiérarchie s’imprègne quotidiennement de mon état de santé. Je bénéficie de jours de repos … », se réconforte le MDL-chef Nougtara. Pour lui, cette attention particulière envers les blessés joue sur la détermination des unités sur le terrain. « Si tu sais qu’en te blessant au front, tu seras bien pris en charge, tu es déterminé à combattre l’ennemi jusqu’au sacrifice ultime », estime-t-il. Brice Nougtara a été formé en information-bureautique par l’ASVOVIG. Une formation capitale pour sa fonction.
« Nous utilisons beaucoup l’outil informatique au secrétariat et cette formation m’a permis de m’intégrer dans ce monde de bureau différent de celui du front », approuve-t-il. Notre interlocuteur encourage les unités à rester solidaires pour une victoire finale contre les forces du mal.
« Que le Seigneur et les mânes de nos ancêtres les protègent toujours », prie Brice.
L’adjudant-chef Edmond Kaboré est un autre exemple de résilience. Il a heurté deux EEI au cours de ses missions de sécurisation au Groupe d’action rapide, de surveillance et d’intervention (GARSI) à Toéni en 2020. « De retour d’une mission de sécurisation, j’ai pris une mine à Toéni, le 29 janvier 2020. Evacué à Ouagadougou pour des soins, un mois plus tard, j’ai retrouvé la santé et j’ai rejoint mon détachement.
Cinq mois après (29 mai 2020, ndlr) le premier incident, nous sommes allés à Tougan et de retour, j’ai pris une deuxième mine », raconte chef Kaboré. Ses blessures furent complexes : colonne vertébrale détachée, bassin et talon cassés. Treize fers sont placés dans son dos. Pris en charge au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo et au camp Sangoulé-Lamizana, l’adjudant-chef Kaboré fut évacué en Tunisie à trois reprises pour des soins spécialisés. « Entre-temps, je commençais à perdre mes jambes et je pensais que c’était mon bassin qui avait un problème.

Et, le personnel soignant a jugé nécessaire mon évacuation en Tunisie. Arrivée, les médecins m’ont dit qu’il s’agit de la colonne vertébrale, parce que les fers se sont déplacés. J’ai subi urgemment une intervention pour les replacer. Lors de ma première évacuation, j’ai fait un mois en Tunisie. Même cette année, j’y étais et le médecin m’a rassuré que toutes les blessures se cicatrisent », se réjouit Edmond Kaboré. A l’entendre, toutes les charges liées à ses évacuations et ses soins ont été assurés par son institution.
Un soutien holistique
Depuis sa blessure, il a toujours fait preuve de résilience. « La première fois que le psychologue a échangé avec moi, il a rassuré ses collègues que mon moral est au top. Depuis lors, il n’est plus revenu », indique l’adjudant-chef Kaboré. Ce moral haut est tributaire à l’élan de solidarité dont il a bénéficié de la part de ses proches et de son commandement. Il appelle les unités à garder ce même élan de solidarité. Depuis 17 mois, M. Kaboré est en service aux ressources humaines de la DASSP-GN, après un temps passé à l’Etat-major de la gendarmerie.
Formé en agriculture et élevage durant un mois au Camp Sangoulé-Lamizana et doté d’une dizaine de têtes de poulets, d’une couveuse et d’aliments à volaille, ce métier constitue pour lui une autre source de revenus pour sa reconstruction sociale et économique.
L’adjudant-chef François Sawadogo, lui aussi, est formé en informatique-bureautique et écriture littéraire par l’ASVOVIG. Un renforcement de capacité qui améliore ses qualités intellectuelle et professionnelle en tant que personnel administratif à la direction de l’intendance militaire de la gendarmerie nationale.
Projeté sur le terrain au GARSI-Toéni en 2020, il a été victime d’une blessure à la tête et dans la région lombaire après avoir heurté un EEI, le 3 avril 2020, lors d’une mission de ravitaillement et de recueillement de certains de leurs éléments. Aussitôt héliporté à Ouagadougou, il subit deux interventions chirurgicales au camp militaire capitaine Alassane-Coulibaly. « J’ai rencontré aussi par deux fois un psychologue militaire et à l’issue de cela, j’ai entièrement recouvré ma santé physique et mentale », rassure l’adjudant-chef. A l’entendre, sur le plan affectif, sa famille, ses proches et son institution l’ont soutenu moralement ; ce qui lui a permis de recouvrer ses aptitudes physique et mentale.

« C’est une prise en charge globale. L’intervention et les prestations liées à la blessure ont été totalement gratuites », témoigne-t-il. Pour lui, ce soutien holistique des blessés en opération renforce la résilience, la solidarité et la cohésion au sein de l’armée. C’est pourquoi, l’adjudant-chef Sawadogo invite les unités sur le terrain à toujours garder le courage et la même fougue de vaincre.
Le MDL Oumarou Soré est victime d’un traumatisme balistique facial, d’un autre traumatisme balistique plateau tibia gauche et d’une plaie au niveau de la plante du pied. Blessé au cours d’une mission de contrôle de zone et de fortification des différents postes des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pour leur éventuel retour, à Kohogo (Koulpélogo), le 29 mai 2024, sa prise en charge médicale a été faite en trois phases. Il s’agit des séances d’intervention à la mâchoire et à la jambe qui ont duré sept mois, des séances de pansement des plaies qui ont pris quatre mois et celles de rééducation. En plus des soins médicaux, il a rencontré à plusieurs reprises un psychiatre mili- taire qui lui a prodigué des conseils et prescrit des produits pour faire baisser la colère, la peur et autres anomalies émotionnelles.
Galvaniser les unités au front
A l’entendre, il a reçu la visite de plusieurs personnalités lors de son hospitalisation au Camp Sangoulé-Lamizana. Parmi ces hôtes figurent l’ex-ministre chargé de la Défense, le général Kassoum Coulibaly et ses homologues chargés de l’Environnement, Roger Barro et de la Sécurité, Mahamadou Sana ainsi que d’autres personnalités civiles. Une marque de compassion qui a remonté son moral et surtout renforcé sa résilience. M. Soré est actuellement affecté au Peloton hors-rang du Groupement mobile de Ouagadougou. Formé en informatique-bureautique durant trois semaines par l’ASVOVIG, Oumarou Soré aspire se spécialiser dans le domaine de la cyber-sécurité, afin d’apporter davantage sa touche dans la lutte contre l’insécurité.
Les frères d’armes actifs de ces gendarmes blessés en opération apprécient positivement cette prise en charge holistique qui s’inscrit en droite ligne de la Politique de l’action sociale des armées telle que prônée par les plus hautes autorités. Pour le chef secrétaire de la DASSP-GN, Soulemane Valéan, cette batterie de mesures joue pleinement un rôle social pour tous les soldats et leurs familles. De son avis, le soutien médical et psycho-social contribue à soulager la souffrance des blessés et à raffermir l’espoir de leurs familles.
« Il galvanise aussi les troupes au front, parce que les gens sont conscients que même si une blessure survient, ils ne seront pas oubliés », félicite M. Valéan.
Abondant dans le même sens, le chef de service blessé en opération, Arnaud Sawadogo soutient qu’il s’agit d’une prise en charge intégrée qui met en évidence la responsabilité, l’humanisme et la cohésion de l’institution vis-à-vis de son personnel. A l’écouter, outre le blessé, ses enfants sont aussi soutenus dans leur soin et leur scolarité. Son service, poursuit M. Sawadogo, mène plusieurs activités au profit des blessés, notamment les causeries-débats sur des thèmes psychoéducatifs, les repas communautaires, les visites à l’hôpital et à domicile, les formations professionnelles …

ses aptitudes physique et mentale.
Le chef secrétaire Valéan ajoute que tout est mis en œuvre pour qu’aucun blessé ne soit en marge de la prise en charge. Cependant, la préoccupation majeure des blessés reste leur décoration et les avancements. Ils souhaitent donc que leur sacrifice soit reconnu
par la Nation. « Certains blessés physiques ne peuvent plus prendre part
aux épreuves sportives des concours professionnels. D’autres, qui ont perdu la vue ou des membres supérieurs, ne peuvent pas non plus à participer aux épreuves écrites.
Si la hiérarchie peut trouver des alternatives pour les évaluer afin qu’ils puissent avancer au même titre que leurs promotionnaires », plaide le MDL-chef Nougtara. L’adjudant Mohamed Ouédraogo renchérit que l’allégement des textes d’avancement permettra de galvaniser les blessés, d’encourager les unités sur le terrain et de favoriser la cohésion au sein de l’armée burkinabè. François Sawadogo, lui, pense que décorer un blessé est un signe de grandeur et une reconnaissance de la Nation envers ces vétérans de guerre. En attendant, les intervenants sont tous unanimes que les blessés en opération bénéficient d’une meilleure prise en charge et leur insertion
socioprofessionnelle est en marche.
Emil Abdoul Razak SEGDA
Segda9emil@gmail.com
Il refuse son évacuation sanitaire pour poursuivre le combat !
Courant 2020, le chef de service blessé en opération, Arnaud Sawadogo, est déployé en mission dans un détachement situé dans une localité du Soum (Djibo). Au cours de sa mission, son unité a eu un contact avec l’ennemi occasionnant une blessure grave à la cuisse d’un de ses camarades. Ce dernier a été rapidement soustrait des feux pour bénéficier des premiers soins. Et, une évacuation sanitaire est demandée.
« Pendant que nous continuons le combat, à notre grande surprise, l’élément blessé a refusé son évacuation pour poursuivre le combat au péril de sa vie. Son engagement et son courage nous ont galvanisés davantage dans le combat et nous avons pu prendre le dessus sur l’ennemi. Son caractère de combativité m’a beaucoup marqué », témoigne-t-il. Aujourd’hui, dit-il, lors des départs des unités au front, il est toujours là pour rehausser le moral de ses frères d’armes en leur prodiguant des conseils.
E.A.R.S
Il renseigne depuis son lit d’hôpital !
« En 2015, j’ai effectué une mission avec un frère d’armes dans la zone du Sahel. Au cours d’une attaque, il a été grièvement blessé. Arrivée sur les lieux, une équipe a poursuivi les assaillants pendant qu’une autre lui prodiguait les premiers soins avant de l’héliporter à Ouagadougou. Il est resté en contact permanent avec nous depuis son lit d’hôpital. Maitrisant bien la zone, il avait déjà des sources au sein des populations qui nous renseignaient et il nous mettait sur ces pistes. Souvent tard dans la nuit, il peut nous appeler pour nous dire de voir telle personne ou nous donner des informations. On sentait qu’étant sur son lit d’hôpital, il était toujours préoccupé par ce qui se passait au front. Son engagement et son soutien nous ont permis de bien accomplir la mission. Cela m’a beaucoup touché. Jusqu’à présent, malgré son handicap, il arrive toujours à entrer en contact avec des unités sur le terrain soit pour apporter son soutien moral soit pour diriger. Je l’ai connu en 2013. C’est un gendarme très dynamique qui accomplissait avec abnégation les missions qu’on lui confiait », témoigne Soulemane Valéan, chef secrétaire de la DASSP-GN.
Propos recueillis
par E.A.R.S
Quid du centre Massadjami ?
Inauguré le 11 novembre 2022, le centre Massadjami (résilience, en langue nationale Gouin) a pour slogan : « Quoi qu’on me fasse, je reste débout ». Logé dans l’infirmerie militaire du Camp Paspanga, ce centre, au-delà des loisirs, est un lieu de ressourcement, de suivi psychologique et de réinsertion socioprofessionnelle des blessés en opération. En plus d’armer leur moral, il donne aussi l’occasion aux blessés de se former dans divers métiers tels que l’informatique-bureautique, la mécanique auto et moto, l’élevage et l’agriculture, l’écriture littéraire, etc. Selon le capitaine Maurice Landry Darga, sa direction travaille en étroite collaboration avec ce centre pour le suivi médical, psychologique et psycho-social des blessés en opération. A l’entendre, Massadjami accueille les blessés en convalescence le temps que la DASSP-GN assure leur insertion professionnelle. Massadjami permet d’éviter l’isolement des blessés. Toute chose qui améliore leur résilience.
E.A.R.S
Le capitaine Maurice Landry Darga, directeur de l’Action sociale et des services psychologiques de la gendarmerie nationale « L’ouverture de centres de formation et de production agrosylvopastorale nous tient à cœur »
Sidwaya (S) : Présentez-nous les missions de la direction de l’action sociale et des services psychologiques de la gendarmerie nationale.
Maurice Landry Darga (M.L.D) : La mission principale de notre direction est de veiller à l’amélioration des conditions sociales et matérielles d’existence, à l’équilibre psychologique, à l’encadrement socio-éducatif et économique des personnels militaires et civils de la gendarmerie nationale ainsi que leurs familles. De façon spécifique, elle met en œuvre la politique de l’action sociale au sein de la gendarmerie nationale, assure la protection sociale par la prévention et la prise en compte des problèmes sociaux et psychosociaux des personnels et leurs familles, harmonise et coordonne toute activité permettant l’épanouis- sement du militaire et de sa famille et renforce les mécanismes de la solidarité au sein des militaires et leurs familles.
S : Quels soutiens apportez-vous aux blessés en opération ?
M.L.D: Nous ne soignons pas directement les blessés, mais nous participons, à travers les visites à l’hôpital pour évaluer les besoins immédiats du patient en termes de couvertures, de vêtements, de kits d’hygiène, etc. Une fois que le patient est libéré, nous faisons régulièrement des visites à domicile pour suivre et évaluer son état de santé, rehausser son moral et surtout rassurer sa famille qu’il n’est pas abandonné par son institution. Nous organisons aussi des séances de thérapie de groupe ou de thérapie individuelle au profit des blessés pour une prise en charge psychologique. Sur le volet protection sociale, nous constituons leurs dossiers de carrière et les transférons à la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO) pour des éventuels traitements.
Une fois que les blessés retrouvent leurs aptitudes physique et mentale, nous organisons des formations à la réinsertion socioprofessionnelle à travers l’apprentissage aux métiers porteurs pour leur insertion socioprofessionnelle dans certaines fonctions. Il s’agit des formations en informatique-bureautique, mécanique moto-auto, élevage-agriculture, saponification… Ceux outillés en informatique-bureautique sont directement affectés dans les services courants et administratifs. Les formés en mécanique auto et moto renforcent les effectifs dans nos garages. Ceux qui ont fait l’élevage, l’agriculture et autres métiers attendent toujours l’opérationnalisation des centres de formation et de production agrosylvopastorale.
S : Quel est l’objectif visé dans la reconversion des blessés en opération ?
M.L.D: L’objectif est double. Le premier est de leur donner une seconde carrière afin qu’ils restent utiles à l’institution malgré leur limite physique. Le second est de favoriser leur autonomie et de préserver la dignité en leur permettant de se réinsérer dans les fonctions adaptées : administrative, formation, appui et logistique. Actuellement, la plupart des blessés formés dans les fonctions de l’administration, de l’informatique et de la logistique, sont directement employés au sein de l’institution. Seuls ceux formés en élevage-agriculture et autres métiers attendent l’opérationnalisation des centres de formation et de production.
La formation et la reconversion des blessés dans d’autres fonctions leur évite d’être oisifs. Toute chose qui renforce leur estime de soi et leur résilience. Laisser nos blessés dans l’oisiveté à la maison fait croire que leur institution les a abandonnés. C’est pourquoi, nous travaillons à ce que tous les blessés soient actifs. Toute chose qui leur donne une seconde vie et renforce la cohésion au sein de l’armée. De même, le déploiement de nos unités sur le terrain engendre un déficit en personnel au niveau de nos services. Dans cette optique, l’apport des blessés demeure essentiel pour garantir la continuité et l’efficacité du fonctionnement de notre institution.
S : Quel bilan faites-vous de la prise en charge des blessés ?
M.L.D: Le bilan est globalement satisfaisant ! Le cycle est vraiment complet. Cependant, des défis subsistent. Le projet qui nous tient à cœur est la création des centres de formation et de production en élevage, agriculture et pisciculture, pour former, créer des opportunités et améliorer les conditions de vie. Pour certains blessés psychiques, les casernes deviennent des environnements anxiogènes. De ce fait, nous sommes en train de négocier avec des structures civiles pour leur mise à disposition afin de permettre leur plein rétablissement. Si les plus hautes autorités peuvent aussi accélérer la procédure d’indemnisation. La question des avancements des blessés revient régulièrement dans leur doléance. Les textes ont été amendés et nous attendons impatiemment leur vulgarisation. Si on arrive aussi à décorer les blessés en opération suivant certains critères, cela galvanisera les unités sur le terrain. Puisque la manière dont nous prenons en charge nos blessés influe directement sur l’efficacité et le continuum des opérations. Vraiment, si tous ces aspects pouvaient être pris en compte, on aura de meilleures unités sur le terrain et une armée résiliente, solidaire où règne la cohésion.
Interview réalisée
par E.A.R.S