La paix sociale comme leitmotiv

En l’espace de 24 heures, deux candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 ont été investis. Après le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), il y a deux semaines, l’Union pour le progrès et le changement et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont désigné, à quelques heures d’intervalle, leurs champions pour la conquête du pouvoir d’Etat. Victime de la « fatwa » de la loi électorale modifiée en 2015, le CDP entend reconquérir le fauteuil présidentiel avec l’expert-comptable Eddie Komboigo qui surfe, entre autres, sur la vague de l’insécurité qui secoue durement le pays depuis 2015. En faisant allusion à la même thématique, Zéphirin Diabré, arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle de novembre 2015, se voit en « sauveur du pays» et ambitionne faire mieux en mettant fin au rêve du « coup KO » caressé par le président-candidat, Roch Marc Christian Kaboré. « Zeph » se voit déjà califé au point d’envoyer, sur un air taquin, un salut au président du parti majoritaire, Simon Compaoré, censé être, selon lui, son futur chef de file de l’opposition. On le voit, la campagne est lancée, pourvu que le fairplay auquel nous assistons à l’entrée en scène des ténors prévale tout au long de la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives. En effet, depuis les premiers cas de la maladie à coronavirus au Burkina et la prise des mesures préventives qu’il a entraînées, notre pays a traversé une zone de calme relatif, bénéfique pour notre vivre-ensemble mais surtout salvateur pour l’économie nationale. Dans un contexte de lutte contre le terrorisme qui se poursuit de façon résolue avec des résultats tangibles à la clé et la légère accalmie du front social, les partis politiques se mettent en ordre de bataille dans la perspective du scrutin de novembre prochain. Mais ce n’est pas pour autant que le pays soit sorti de l’auberge. Cela, au regard des déclarations de certaines chapelles syndicales et politiques qui s’apprêtent à aller à l’abordage. A cela, viendront s’ajouter la gestion des émotions à venir et les traditionnelles scènes de démissions-adhésions, à la suite des choix définitifs des candidats aux élections législatives au sein des différentes formations politiques.
C’est dire que nous sommes tous dans l’expectative quant à l’avenir de notre maison commune. Pour prévenir le mal qui pourrait ébranler durablement le socle de la Nation, le consensus doit être recherché et trouvé afin que le débat sur la tenue des élections à bonne date se déplace du terrain de la polémique stérile à celui des propositions concrètes. C’est pour cette raison que le projet de Pacte de bonne conduite des acteurs des élections présidentielle et législatives couplées de novembre 2020 du Conseil supérieur de la communication (CSC) mérite un soutien ferme de la classe politique. Rappelons que cinq ans plus tôt, un pacte similaire avait eu le mérite d’avoir contribué à éviter que les élections ouvertes de 2015 ne virent à la contestation et à la crise postélectorale. Dans le même ordre d’idées, les “petits pas” du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) qui a déjà entrepris de prendre langue avec les forces vives de la Nation pour prospecter les voies d’une sortie par le haut du Burkina Faso des difficultés qui l’assaillent afin d’aboutir à un scrutin apaisé dont l’issue ne souffrirait d’aucun doute, sont encourageants. Consensus et hauteur d’esprit sur les principales questions de l’heure, voilà ce que le peuple attend de ses élites qui sont condamnées à avoir la paix sociale comme leitmotiv, afin de ne pas trahir leur mission historique qui est de consolider les bases d’une démocratie postinsurrectionnelle que toute l’Afrique regarde désormais comme un exemple à suivre.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

Laisser un commentaire

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.