Le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso : «la coopération entre la Russie et le Burkina est assez stratégique »

En sejour en Russie dans le cadre de la célébration du 80e anniversaire de la victoire de la Russie dans la Grande guerre patriotique, le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé une interview, au média Sputnik Afrique. Dans cet entretien, la participation du président du Faso à cet anniversaire, la guerre contre le terrorisme, la situation au Sahel, la géopolitique mondiale, les déclarations du commandant de l’Africom…étaient au menu.

Votre déplacement se déroule dans le cadre des célébrations du 80e anniversaire de la victoire de la Russie dans la Grande guerre patriotique. Vous avez donc assisté au défilé sur la Place Rouge. Que retenez-vous de cette expérience ?
Comme vous avez situé le contexte, c’est bien la célébration de la victoire de la Russie dans la Grande guerre patriotique. Nous avons été beaucoup impressionnés par le défilé surtout la partie motorisée avec les engins, le mythique char T-34 qui a contribué à la victoire. Jusqu’aujourd’hui, aux engins récents, les T-90 et bien sûr d’autres types de missiles qui ont été développés. Cela nous a beaucoup impressionnés. Cela nous a donné beaucoup de leçons et permis de voir comment la Russie a évolué technologiquement sur le plan militaire depuis cette Grande guerre jusqu’au jour d’aujourd’hui.

Monsieur le président, pourquoi a-t-il été important pour vous de répondre à l’invitation du Président Poutine et de rejoindre la Russie dans ces célébrations ?
C’est important pour moi à plusieurs titres parce que d’abord c’est une invitation d’un pays ami. La Russie et le Burkina Faso, aujourd’hui sont en étroite collaboration. Notre coopération est assez stratégique. Ce qui fait que nous devons venir participer aux côtés du peuple russe. Deuxième chose, c’est que nos ancêtres aussi ont contribué à la libération de l’Europe dans cette guerre, à lutter contre le nazisme, ce qui veut dire que nous avons une histoire commune dans la célébration de cette victoire. C’est très important. Et l’autre élément, c’est qu’aujourd’hui, la Russie et le Burkina Faso sont dans le même combat. Nous vivons dans un monde que je peux qualifier d’unilatéral. Nous voulons un monde multipolaire. Nous voulons un monde libre, indépendant, un monde de paix, où les nations ne dictent pas à d’autres nations ce qu’elles doivent faire et comment elles doivent être. Donc, la Russie est activement dans ce combat, qui est aussi un combat de dénazification, si je peux dire. Nous aussi, nous sommes dans ce même type de combat contre l’impérialisme qui veut nous asservir, qui veut nous garder dans l’esclavage. Donc, nous avons les mêmes perspectives. C’est très symbolique qu’on vienne participer aux côtés du peuple russe à cette célébration.

Le peuple soviétique a contribué largement à vaincre le nazisme. Et le Burkina Faso, comme vous le dites bien, applique aujourd’hui les efforts pour lutter et pour éradiquer le terrorisme. Voyez-vous des similitudes entre nos deux peuples et en quoi cela se manifeste-t-il plus concrètement ?
Oui. J’ai appris beaucoup de leçons dans cette célébration et il y a beaucoup de similitudes dans la lutte que nous menons actuellement. Le peuple soviétique a sacrifié près de 27 millions de vies pour avoir cette victoire. Ils pouvaient à un moment donné dire que c’est bon, ils signent l’armistice, ils abandonnent. Mais le courage, la ténacité, la résilience a fait qu’ils ont continué le combat et ils ont fini par gagner. Le Burkina mène une lutte depuis maintenant 10 ans contre le terrorisme. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de morts. Il y a beaucoup de morts depuis cette époque jusqu’aujourd’hui. Mais, nous n’abandonnons pas parce que nous savons que nous allons gagner la victoire. Donc, il y a cet état d’esprit qui nous fédère. C’est ce qui est aussi très intéressant dans ce moment.

Et comment analysez-vous l’influence de la victoire soviétique lors de la Seconde guerre mondiale sur le processus de décolonisation de l’Afrique et que serait-il arrivé à l’Afrique si le nazisme avait gagné ?
Je peux dire que cela a beaucoup contribué. Alors, si le nazisme avait gagné, je ne peux pas imaginer. Vous savez que les gens ne respectaient pas le Noir. Jusqu’aujourd’hui cela continue. On a toujours qualifié le Noir de sous-homme. Certains nous voyaient comme des animaux en fait. Vous avez suivi les histoires de la colonisation, de l’esclavage. Les Noirs ont été torturés, exposés dans des cages comme des animaux sauvages en Europe. Les Noirs ont été castrés pour les empêcher d’avoir même de la progéniture. Les Noirs ont été traités comme des animaux. Vous savez qu’au Congo on trouvait que le carton coûtait plus cher que la peau du noir. On préférait sécher le caoutchouc sur la peau du noir que de payer du carton pour sécher le caoutchouc. Les Noirs ont beaucoup souffert de l’esclavage durant des siècles. Et cette guerre, vous voyez qu’on est venu prendre nos ancêtres sans leur consentement. On est allé les mettre en boucherie en première ligne. Et au retour encore, vous avez appris ce qui s’est passé au Sénégal. Quand ils ont voulu réclamer leur argent, on les a tués. Ça veut dire qu’ils ne considèrent pas le Noir. Et cela, ils sont allés se battre aux côtés de soi-disant alliés qui les traitent ainsi. Mais imaginez si c’est le nazisme qui avait gagné. Cela allait être une catastrophe. Donc, voilà pourquoi j’ai dit que c’était une lutte à mener. C’était une vraie folie dans le monde. C’était une lutte à mener et l’Afrique a participé. Aujourd’hui, on peut dire merci parce que le peuple qui a consenti le plus grand sacrifice, c’est le peuple soviétique. Personne n’a perdu autant d’hommes. Personne n’a connu autant de destructions pendant la guerre que le peuple soviétique. Donc, nous sommes reconnaissants. Et je pense que c’était nécessaire pour que le monde soit aujourd’hui et que l’Afrique aussi puisse espérer continuer.

Vous avez récemment déclaré que le Burkina Faso sera le tombeau du terrorisme. Imposez-vous des délais concrets pour le vaincre complètement et comment voyez-vous la future aide de la Russie en ce qui concerne ceci, l’un des axes principaux du partenariat russe avec le Burkina Faso ?
Aujourd’hui, il y a beaucoup de criminels qui recrutent pour venir combattre le Burkina Faso. Ce n’est pas du terrorisme, je ne sais pas comment on qualifie cela. C’est de la criminalité. Ce sont des bandits qui ont été armés par les impérialistes pour nous déstabiliser, pour nous maintenir dans la guerre permanente et nous exploiter. Je l’ai dit, nous travaillons à sécuriser le Burkina Faso, afin que ce soit le tombeau du terrorisme. Il faut que lorsqu’on recrute quelqu’un pour venir combattre le Burkina, qu’il préfère se suicider. Et cela va arriver. Parce que ces criminels les équipent, les forment, leur donnent la technologie. Mais, nous nous adaptons permanament. Actuellement, nous sommes dans une phase assez particulière. Ils ont acquis de nouvelles technologies, de nouvelles techniques de combat, grâce donc au soutien de ces impérialistes. Maintenant, nous avons étudié la situation et nous allons avoir la réponse tout de suite face à tout cela. Donc, vous allez le voir. Le terrorisme va finir, je ne veux pas donner un délai, mais le terrorisme va finir. Et très vite, aussi vite qu’on le peut. Et la Russie, tout ce que nous demandons, c’est surtout l’apport, je dirais, intellectuel, aider à former intellectuellement sur notre industrie militaire qu’on devait développer et aider à former les jeunes sur tout ce que nous pouvons développer pour faire face à cette guerre. C’est cette partie qui nous intéresse le plus.

Et plus concrètement, quel matériel, peut-être quel équipement vous intéresse le plus ?
Déjà, je peux dire merci parce que la Russie fait partie d’un de ces rares pays dans ce monde qui a pris du matériel militaire pour venir nous donner pour faire la guerre. Donc, cela est significatif. A part la Russie et la Chine, il n’y a personne. Ailleurs, nous voulons payer, mais on refuse de nous vendre les armes. Mais là, ils ont compris que nous sommes en guerre. La Russie aussi mène son opération spéciale. Nous savons que ce n’est pas facile. Mais, malgré cela, ils ont pu prendre du matériel pour donner au Burkina Faso. Je pense que c’est déjà très important. Mais comme je l’ai dit, la Russie contribue à nous former. Tout ce que nous payons, les militaires russes forment les militaires burkinabè sur l’emploi de cet équipement. Mais, nous voulons continuer à développer nous-mêmes l’industrie militaire avec l’accompagnement de la Russie qui a une très grande avance sur le monde en matière d’armement. Donc, nous devons faire cette collaboration étroite pour que nous puissions avancer dans notre guerre.

Ces dernières années ont été marquées par de grands changements pour le Sahel et pour chacun des pays de l’AES particulièrement, par exemple, la rupture définitive avec la CEDEAO et l’adoption de ses propres symboles, comme le drapeau commun. Dans ce contexte, comment décrivez-vous le Burkina Faso d’avant et d’après ? Evaluez-vous l’Alliance des Etats du Sahel comme un format de coopération régionale ? Y a-t-il des projets d’élargissement, probablement ?
Pour comprendre l’AES aujourd’hui, il suffit de regarder la jeunesse africaine. Je pense que la jeunesse africaine a espoir que c’est un modèle d’union. Et nous, dirigeants de l’AES, cela nous donne une pression et nous devons réussir parce que l’Afrique a besoin maintenant de s’unir. Nous étions dans une organisation qui était censée être une organisation où il y a la solidarité, la coopération, l’entraide. Mais, on ne peut pas être dans une organisation où vous vous dites frères et à un moment donné, on coupe l’électricité pour que les malades meurent à l’hôpital et que l’économie s’arrête. On ferme les banques pour que vous ne puissiez pas avoir accès à quoi que ce soit. Vos transferts pour acheter le minimum vital, les médicaments et tout, on a empêché cela à certains peuples sahéliens. On a même formé une armée pour venir combattre des peuples sahéliens. Pendant que le terrorisme sévit depuis des décennies, ils sont incapables de lever un seul soldat pour venir combattre. Ce ne sont pas des frères, il ne faut pas se voiler la face. Et cela, ce ne sont pas les peuples, ce sont les dirigeants. Sinon, les peuples de ces pays de la CEDEAO soutiennent et comprennent l’élan de l’AES. Donc, cela nous réconforte à nous structurer, à être un modèle pour que dans l’avenir, cela puisse s’étendre. Même pour s’étendre, nous avons besoin d’asseoir des bases fortes. Et, c’est ce que nous sommes en train de faire actuellement. Voilà, un peu ce qui nous a amenés à nous retirer et à nous structurer pour nous relancer.

Monsieur le président, pour beaucoup en Afrique, vous n’êtes plus qu’un président d’un pays. Mais l’incarnation du renouveau panafricanisme. Pourquoi, l’Afrique a-t-elle aujourd’hui tout particulièrement besoin d’un nouveau Thomas Sankara et qu’est-ce que cela vous fait d’assumer toute cette responsabilité à seulement 37 ans ?
L’âge n’est pas important. Mais, je peux dire que c’est de la pression. Il ne faut pas en faire de la folie de grandeur. C’est un message que la jeunesse me passe. Et cela me met plus la pression. Si j’arrive à dormir deux heures, j’ai réduit mon temps de sommeil à une heure. Et s’il ne faut pas dormir, il ne faut plus dormir. Parce qu’ils ont vu quelque chose, sûrement, qu’on est en train de faire. Et selon eux, cela peut permettre à l’Afrique de sortir de cette situation. Et nous, cela nous encourage, nous remotive à continuer le combat. C’est pourquoi, j’ai dit que c’est une pression. C’est une très lourde responsabilité. Et je peux promettre que tout ce qu’on peut faire, c’est de ne pas trahir. C’est de continuer dans notre ligne de combat panafricain. Espérer que cela puisse donc prendre toute la jeunesse africaine. Et que le panafricanisme que nous souhaitons tant, puisse être une réalité. Parce que l’Afrique a beaucoup souffert. Il est temps qu’on puisse finir, travailler, se développer. Autant les Africains partent ailleurs, voient le mode de vie et tout ce qu’il y a. En Afrique, c’est possible. C’est donc notre mission. Et nous allons l’assumer.

De plus en plus de pays africains revendiquent la souveraineté et exigent le retrait des troupes occidentales de leurs sols. Récemment, par exemple, le Tchad, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ont formulé des demandes similaires. A votre avis, où l’Occident s’est-il trompé dans ses relations avec le continent africain ?
Ce que je connais, c’est notre situation. Nous étions en guerre. Nous avons vécu avec les troupes occidentales. Nous avons vu et nous avons décidé de nous séparer de ces troupes. Parce que cela ne cadre pas avec la lutte, au contraire, cela amplifie le phénomène. Les autres pays qui se sont séparés, je ne peux pas me prononcer, ils se sont justifiés pour se séparer. Mais après, le Président Macron a dit que c’est lui qui leur a dit de trouver la formule. Moi, je ne peux pas rentrer dans ce débat. Seuls eux, connaissent la vérité. Mais une chose est sure, on ne peut pas parler de souveraineté et avoir une armée d’un autre pays sur notre sol, qui nous dicte ce qu’il faut faire. L’économie, l’éducation, tout le développement d’un pays est basé sur l’armée. Donc, chaque pays devrait développer son armée, être souverain et indépendant. C’est ce que nous sommes en train de faire. Quand je prends le cas du Burkina, ces armées ont été présentes et cela a contribué à tuer l’armée burkinabè. On ne recrutait plus. C’est eux qui disaient quel volume il faut recruter. Il n’y avait plus d’armement, d’équipements. Même les années 85 sous le Président Thomas Sankara, nous étions mieux équipés que dix, vingt ans après. Et finalement, le terrorisme est rentré. Quand le terrorisme est arrivé, on n’avait pas d’armée. Donc, on souffre jusqu’aujourd’hui. C’est dans la guerre que nous sommes en train de créer une armée. Donc, c’est normal que cela prenne un peu de temps qu’on souffre. Mais, il faut créer une armée et sortir de cette guerre. Quand je regarde les statistiques de l’armée soviétique, le nombre d’hommes qu’ils ont perdus, au sortir de la guerre, ils sont sortis très grands. Et aujourd’hui, aucune armée n’a l’équipement que l’armée russe. Donc, nous aussi, nous devons apprendre de notre guerre. Au sortir de la guerre, on doit être très fort. La souveraineté commence par l’armée. Une fois que vous avez une armée forte, tous les autres volets peuvent facilement se développer. C’est ce qui a poussé le Burkina à se séparer de ces armées.

Le président du Faso a rendu un hommage aux victimes de la Grande guerre patriotique.

Un autre sujet important, c’est le dossier ukrainien. La Russie se déclare prête à négocier sans conditions préalables, tandis que l’Ukraine pose constamment des contraintes. De plus, Kiev soutient les terroristes au Sahel. Qui ne veut pas la paix entre ces deux pays, à votre avis ?
Je pense que bien avant, il y a le Président turc Erdogan qui avait réussi à créer un cadre de dialogue. Et je pense que les deux présidents se sont rencontrés en son temps. C’était au début de l’opération. Et nous tous, avons espéré que ça aboutisse, que les armes se taisent et que chacun revienne à des meilleurs sentiments. Mais ce sont les Occidentaux qui sont venus dire au président ukrainien de ne pas accepter. On a suivi cela et finalement, ça donne quoi ? Moi, je pense que tout cela rentre dans le cadre de la manipulation. Je pense qu’ils se sont fait manipuler. Sinon, les peuples ukrainiens et russes, c’était l’Union soviétique. Ils sont des frères. Comment se fait-il qu’on a pu cultiver la haine, la russophobie, au sein de cette population ? La guerre n’a pas commencé en 2022. C’est en 2014 qu’elle a commencé. C’est cette réalité aussi que beaucoup de gens peut-être ne connaissent pas ou bien qu’on refuse de dire. C’est en 2014 que la guerre a commencé. Et aujourd’hui, on est surpris de voir que les gens rejettent peut-être la balle sur la Russie. Quand on bombardait les civils russophones en 2014 qui parlaient ? Il y a des images qui sont toujours là. On a enfermé des gens dans des maisons, les brûlés. Il y a des images qui sont là. Mais il fallait agir pendant tout ce temps. Aujourd’hui, la réalité est là. Vous voyez, toute l’aide qu’on donnait, ce n’est pas une aide. On a dit de donner les minéraux. En réalité, l’Ukraine n’appartient plus aux Ukrainiens. On les a manipulés et ils sortent perdants. Tous les secteurs seront gérés par ceux qui les ont conduits dans cette guerre. Ils espéraient affaiblir la Russie. Mais la Russie sort encore plus grande de cette guerre. Donc, je pense qu’ils doivent comprendre cela et revenir à la raison pour avoir des négociations et aboutir à la paix. Parce qu’ils ont déclaré qu’ils soutiennent les terroristes. C’est une déclaration qu’ils ont faite. Vous avez tous suivi cela. On le constate sur le terrain également. Ce n’est pas une bonne guerre. Je pense qu’ils se trompent éperdument. Ils doivent revenir à la raison. De toute façon, ils peuvent les soutenir. Nous, nous les combattrons et nous gagnerons. Ils n’ont pas compris jusqu’aujourd’hui toute cette manœuvre est faite pour les effondrer et s’accaparer de leurs minéraux. Chaque peuple doit comprendre qu’il faut éviter de se faire manipuler et rentrer dans une situation très compliquée.

Monsieur le président, que pensez-vous de l’agence de presse Sputnik et de son rôle dans l’espace médiatique africain ?

En quoi ces contenus sont-ils attirants pour les auditeurs africains ? Et quelle est la différence principale avec les médias mainstream à votre avis ?
La presse est très importante. Vous savez que c’est à travers la presse qu’on conditionne les esprits des peuples. Donc, vous jouez un rôle déjà très important en faisant sortir une part de vérité de l’histoire et du présent. Il faut continuer dans ce sens à éveiller les consciences. Parce que vous voyez, c’est cette presse occidentale et autres qui ont contribué à endormir la conscience des peuples africains. C’est leur narratif qui passe. Et on a pu se rendre compte que souvent, ils inventent de gros mensonges pour juste diviser les peuples, pour permettre à leur politique d’agir et de faire ce qu’ils veulent, de préparer le terrain. Donc, il faut que vous fassiez l’antithèse de ce qu’ils font. C’est-à-dire contribuer à éveiller les consciences. Et vous avez un rôle important à jouer, surtout en Afrique même. Que l’Africain comprenne son histoire, se réveille et arrête de croire aux mensonges de ces médias occidentaux. Et vous voyez, quand ça ne les arrange pas, quand on leur dit la vérité, ils ferment le média. Chez nous, quand on ferme un média, ça devient tout un problème. Ce qui est malheureux, c’est de voir même des Africains soutenir cela. Là-bas, ils ferment les médias comme ils veulent, quand cela ne leur plaît pas. Ces mêmes personnes ne parlent pas. Mais quand nous, on ferme des médias, vous voyez des Africains, soi-disant intellectuels, sur les plateaux télé, en train de s’y opposer. On ne sait pas ce qu’ils ont pris, mais c’est dangereux. Donc, vous avez un rôle très important à jouer, et tous les médias d’ailleurs, pour éveiller la conscience des Africains. Nous sommes là pour que les jeunes se réveillent. On n’est pas là dans cette logique de chercher à piller. On veut construire l’Afrique. Et si les jeunes ne sont pas éveillés, on va les endormir. On fait chanter nos louanges par ces médias occidentaux. Pourtant, non, c’est faux. Nous, on veut que lorsqu’on n’est pas bien, qu’on sache qu’on n’est pas bien et que d’autres personnes prennent le relais. Mais quand ils mentent aussi pour dire qu’on n’est pas bien, on va prouver le contraire. Donc, continuer à communiquer et à éveiller la conscience en Afrique.

Suite au propos du commandant de l’Africom, devant le sénat américain, votre gouvernement a réagi avec fermeté, dénonçant des accusations infondées sur les choix souverains du Burkina Faso. Que répondez-vous à ceux, notamment à Washington, qui continuent de remettre en cause la légitimité de vos partenariats actuels, notamment avec la Russie et comment entendez-vous défendre l’image du Burkina Faso sur la scène internationale face à ce type de discours ?
De toute façon, nous sommes libres de lier les relations avec qui nous voulons. C’est cela, l’indépendance. Donc, sur ce volet, ils peuvent continuer à penser ce qu’ils veulent. Nous, nous irons où nous voulons, pourvu que ces partenariats puissent être, en tout cas, mutuellement bénéfiques pour chacune des parties. Quant à ces propos, vous l’avez dit, on a protesté à travers le ministère des Affaires étrangères. C’est une chose. Mais je ne sais pas ce qui s’est passé avec ce général. Il y a un souci quand même. Et je souhaite peut-être qu’il fasse son mea culpa. Si on l’a envoyé, qu’il comprenne que ce n’est pas la bonne mission. Si on l’a trompé, qu’il le dise publiquement. Ou aussi, si c’est une mauvaise intention, eh bien, nous allons l’affronter comme il le faut. Parce que tout ce qu’il a dit, c’est du mensonge. Et c’est très vilain de voir un adulte, officier général d’une grande armée mentir. C’est très grave. D’abord, il a parlé de l’or du Burkina qui sert à ce que nous utilisons pour se protéger. D’abord, c’est l’or du Burkina. Ce n’est pas son or. C’est la première des choses. En quoi cela le regarde ? Deuxième chose, il ment. Parce que le Burkina n’a jamais eu de réserve d’or, jusqu’à ce que nous arrivions. C’est nous qui avons commencé à réserver l’or au trésor du Burkina. Sinon, il n’y avait pas un seul gramme de réserve d’or au Burkina. Cela veut dire que c’est un menteur encore. Et autre chose, quand il dit qu’on l’utilise pour se protéger. On est libre. Si le peuple a décidé qu’on le gouverne, nous avons le devoir de nous protéger. Nous sommes libres. En quoi cela le regarde ? Et le volet qui m’a le plus fait mal, pas parce qu’il est général ou parce que c’est un Américain, c’est parce que c’est un Noir. Et cela fait très mal de voir qu’on utilise un Noir pour combattre un Noir. Et cela n’a pas commencé maintenant. Il faut que cela s’arrête. C’est très dangereux. Même la Libye, qui l’a détruit ? On a encore utiliser un Noir. Dans les films, dans le temps, chez les Américains, les Noirs jouaient toujours le mauvais rôle. On sait que c’est dans le film. Mais pourquoi les Noirs doivent continuer à jouer le mauvais rôle ? Je pense que s’il écoute cette interview, il doit se regarder dans un miroir, avoir honte, sortir et dire qu’on lui a fait un faux rapport. Je regrette. Il doit le dire publiquement. C’est possible qu’on lui ait fait un faux rapport parce que vous avez suivi, quand je prends un autre voisin, encore comme j’ai dit entre nos noirs, le ministre de la Défense ivoirien qui va en Turquie, voir le ministre de la Défense turc, et lui dire de ne pas nous vendre des armes. Vous voyez comment cela fait mal. Quand c’est un Noir qui se comporte ainsi, cela fait très mal. Est-ce qu’on lui a fait un faux rapport ? Qu’il sorte le démentir. Si on l’a envoyé pour créer un problème au Burkina, comme ils ont l’habitude de le faire, on va s’apprêter. On va les attendre. Parce qu’il faut que cela s’arrête maintenant. La race noire ne doit pas être utilisée pour combattre les Noirs. Chaque fois, c’est la même chose. Et c’est ce que nous déplorons. Et cela nous a fait beaucoup de mal de voir que c’est un Noir qui tient ces propos. C’est vrai qu’ils peuvent le regretter. Par plusieurs canaux, ils essaient de se rattraper. Mais non. Cela a été dit publiquement. Il faut se rattraper publiquement. Nous ne sommes plus dans l’hypocrisie diplomatique. Comme on aime le dire, dire des choses haut et fort, et venir en bas dire non, on s’excuse. Il faut le dire publiquement. Donc, je les invite à se rattraper, à le dire publiquement, parce que la jeunesse africaine a compris. La jeunesse noire dans le monde entier a compris. Cette manipulation ne passe plus. Cela a toujours été le cas. Utiliser des alibis pour espérer atteindre d’autres objectifs, cela ne passe plus. C’est regrettable. Mais, le Burkina reste dans sa lignée. Nous continuerons à nous développer. Il a oublié de dire tout ce que nous faisons pour le Burkina. Ce que nous faisons, aucun régime ne l’a réalisé. Nous sommes en train de construire beaucoup de centres de santé, équiper en appareillage d’examens médicaux, et baisser les coûts des examens médicaux. Quel régime a fait pareil ? Personne. Nous sommes en train d’agir sur l’agriculture, labourer gratuitement les champs des paysans, notre production a augmenté. Qui l’a fait ? Personne. L’armée burkinabè n’a jamais été autant fournie en effectif, en équipement, que maintenant. Qui l’a fait ? Aucun régime. En matière d’emploi, aucun régime n’a créé autant d’emplois que nous l’avons fait. Peut-être que c’est cela qui leur fait mal, qu’ils veulent arrêter, en inventant des mensonges. En tout cas, je les invite à revoir leur copie. C’était un gros mensonge, et c’est régrettable.

Votre Excellence, ce soir, vous rencontrez le Président Poutine. Pourriez-vous peut-être partager avec nous quels sujets envisagez-vous aborder et quels accords seront sur la table de négociation ?
C’est la coopération en gros que nous allons aborder. Il y a le volet défense-sécurité qui est d’office là, mais aussi le volet éducation. Pour former beaucoup de jeunes burkinabè, déjà des gens qui ont du talent, qui ont du génie, mais aussi former d’autres qui sont très bien sur le volet académique, aux sciences. Et ce sont les sciences qui permettent de développer un pays. Donc, il y a tous ces volets, toutes ces questions qui seront sur la table. Mais aussi, il y a la géopolitique qui est en pleine mutation. Tous les jours, il y a du changement. Nous avons la même perspective, c’est d’avoir un monde libre, un monde multipolaire libre, où les gens seront indépendants, souverains, et de faire tout ce qu’ils veulent faire. Ce sont des questions qui seront abordées.
Et aussi, principalement, notre espace, avec notre situation particulière au Sahel, éventuellement que nous allons aborder.

Pour clore notre conversation, je vous invite, si vous n’êtes pas contre, de dire un petit mot au lecteur de Sputnik Afrique.
Je souhaite que les chers lecteurs et toute la maison Sputnik puissent contribuer à éveiller la conscience en Afrique et un peu partout dans le monde et aider les politiques que nous sommes en train de mener pour créer un monde multipolaire, libre et de paix. Participez à contribuer à tous les niveaux que vous pouvez pour créer cet espace de paix que nous souhaitons pour notre monde.

Propos retranscris par la Rédaction

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