La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a clos, le mardi 22 septembre 2020 à 23h59, la réception des listes de candidats aux élections législatives du 22 novembre 2020, en attendant de « boucler » celle des candidatures à la présidentielle, le 2 octobre. Au sein des partis et formations politiques, mais aussi des regroupements de candidats indépendants, l’heure est à la préparation, en attendant la validation des candidatures. Certes, la précampagne a débuté depuis belle lurette, mais le défi majeur pour l’ensemble des acteurs reste le déroulement d’une campagne apaisée.
En effet, si les périodes des campagnes électorales sont reconnues comme des moments privilégiés d’empoignades de tous types, la crainte réside surtout dans les propos diffamatoires ou injurieux et parfois mensongers, à même de porter atteinte à la dignité de l’adversaire politique. De façon générale, la maîtrise du ton dans les discours dans les médias classiques (presse écrite, radio et télévision), est du ressort du Conseil supérieur de la communication (CSC). Reste que les émissions interactives échappent au contrôle instantané puisque c’est après coup qu’on constate les « dégâts ».
Le CSC doit donc prévenir les dérapages des auditeurs et téléspectateurs, en maximisant sur la sensibilisation avant le début de la campagne électorale, mais aussi et surtout sur la formation des animateurs de ces différentes émissions afin qu’ils puissent mieux encadrer les débats. Le chantier le plus titanesque porte sur la gestion des réseaux sociaux, notamment Facebook, devenu un véritable no man’s land sous nos cieux. A longueur de journée, les coups bas et autres attaques des plus virulentes sont publiées sur ce réseau social. A la lumière des récentes auditions d’internautes faites par les services judiciaires, les réseaux sociaux sont devenus un déversoir public d’insanités et de propos haineux. Au-delà du CSC, les partis politiques ont donc du pain sur la planche, parce que le rôle leur revient en premier, d’éduquer et de sensibiliser leurs militants et sympathisants.
La virulence sur les réseaux sociaux est donc un couteau à double tranchant, ce d’autant plus qu’on peut s’en servir pour détruire l’adversaire, en un seul clic. Elle peut servir à ruiner votre carrière politique, votre vie et par ricochet, celle de vos proches. Par conséquent, la responsabilité est collective d’œuvrer à une campagne électorale apaisée où la force de l’argument et la solidité du programme et du projet de société primeront sur les attaques ciblées dans le sordide but de nuire à l’autre, de « casser » sa popularité. Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, l’éveil des consciences a pris du galon dans notre pays.
C’est dire que les Burkinabè disposent d’une lucidité de plus en plus grande dans le choix de leurs dirigeants et représentants. Il est donc plus judicieux de chercher à les convaincre avec la solidité de son projet de société plutôt que par tout autre moyen. En attendant, les services judiciaires, la police et la gendarmerie doivent veiller au grain pour déceler et entendre ceux qui s’adonneront à ce jeu malsain d’attaques ciblées sur les réseaux sociaux. La maturité d’une démocratie et la grandeur de ses acteurs se mesurent aussi à cette étape importante de la vie d’une nation qui a choisi la voie des urnes pour désigner les représentants de son peuple. Le bon perdant, c’est celui qui sait reconnaître la victoire de son adversaire et le féliciter d’avoir gagné.
Jean-Marie TOE