Il est de retour au pays des Hommes intègres. L’Etalon d’or de Yennenga, après 28 ans, à chevaucher à travers l’Afrique, a fait son comeback au bercail, avec le sacre du cinéaste Dani Kouyaté pour son long métrage, « Katanga, ou la danse des scorpions » qui remporte l’Etalon d’or de Yennenga, la plus prestigieuse distinction du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Ce film offre ainsi au Burkina Faso, son troisième trophée après « Tilaï » de Idrissa Ouédraogo en 1991 et « Buud Yam » de Gaston Kaboré en 1997.
Après avoir manqué de peu le rendez-vous victorieux tant espéré en 2001 avec « Sya, le rêve du python », l’emblématique réalisateur et fils du monument Sotigui Kouyaté tient de ce fait sa revanche. Quatre prix spéciaux, le prix du public et enfin le graal, prouvent juste que le film qui a séduit le jury a reçu l’onction populaire des cinéphiles. Unanimement applaudi, l’Etalon d’or revient donc très bruyamment au Faso. C’est avec une fierté légitime donc que Dani Kouyaté a dédié son trophée au « vaillant peuple du Burkina » qui n’a pas marchandé sa mobilisation exceptionnelle autour du festival. Ainsi donc, et comme à chaque édition, le Burkina Faso a su démontrer son hospitalité légendaire et sa capacité à organiser un événement d’envergure mondiale. Malgré la mauvaise publicité qui est faite du Burkina, le FESPACO a brillé par son éclat et sa résilience, attirant cinéastes, producteurs, passionnés du 7e Art, journalistes et festivaliers venus du monde entier. L’enthousiasme populaire a été palpable, illustrant l’attachement profond du peuple burkinabè à cette grande célébration du cinéma africain. Disons-le, le FESPACO a rejoint les cinéphiles dans les quatre coins de la capitale burkinabè et bien d’autres localités du pays. L’affluence impressionnante a transformé le Festival en un véritable carrefour culturel et économique, sans pour autant écorcher la dimension professionnelle, avec une place de choix aux projections, formations etc. Le Marché international du cinéma et de l’audiovisuel africains (MICA) a une fois de plus confirmé son importance stratégique. Avec 30 panels animés, une centaine de stands et plus de 250 visiteurs par jour.
Cet espace a permis aux créateurs, investisseurs et diffuseurs de tisser des liens et d’explorer de nouvelles opportunités de collaboration. L’essor de la coproduction africaine et les projets de post-production Yennenga ont également bénéficié d’un engouement grandissant, ouvrant de nouvelles perspectives pour les talents du continent. La dimension panafricaine s’est une fois de plus brillamment affirmée par la présence effective d’une cinquantaine de pays d’Afrique et d’autres continents à cette manifestation inédite, illustrant la volonté de renforcer la coopération culturelle entre les pays et de célébrer la diversité des récits africains. Après une semaine d’émotions et de célébrations, le FESPACO 2025 s’est achevé en beauté, confirmant une fois de plus son statut de rendez-vous incontournable du cinéma africain avec un palmarès très riche. En plus des distinctions phares du palmarès officiel du Festival à savoir le Poulain d’or et l’Etalon d’or, 22 prix spéciaux ont été décernés, pour une valeur totale de 97 millions FCFA. Une reconnaissance bien méritée pour ces réalisateurs qui contribuent à l’essor du cinéma africain sur la scène internationale. Mais, au-delà du palmarès, le FESPACO se projette déjà vers l’avenir. Le Festival ambitionne de soutenir davantage les industries créatives, d’intensifier la promotion des coproductions et de moderniser ses infrastructures pour offrir un cadre encore plus attractif aux cinéastes et aux festivaliers. L’édition 2025 a prouvé que le FESPACO est bien plus qu’un simple festival : c’est un symbole de résilience, de créativité et de fierté africaine. En projetant le cinéma du continent sur un écran mondial, le Festival confirme son rôle de tremplin pour les talents africains et de vecteur de rayonnement culturel. Plus qu’une célébration, c’est une invite à l’espérance, à croire en la force du cinéma africain et à rêver toujours plus grand .
Par Assetou BADOH
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