Les hérauts d’antan ont rejoint la vallée des titans
Laissant derrière eux la corne des batailles livrées
Ils ont célébré sans faste des victoires le genou à terre
Ils ont enduré sans larme la défaite le poing en l’air
Dans la mémoire des éléphants leur voix bourdonne
Dans le cœur des lions impotents bat le pouls des preux
La poitrine du combattant est une vitrine tracée
au couteau
Au dos scarifié des insoumis torturés un livre est ouvert
Les hérauts d’hier se sont dirigés vers le couchant brillant
Ils marchaient lentement aux pas de charge sans se retourner
Comme le soleil ardent qui tombe à l’insu du jour ils sont partis
Laissant à la postérité la lueur d’un espoir
à prendre ou à vendre
Ils étaient dignes de leurs pères et adulés par leurs frères
Ils avaient du cœur et du cran et se battaient pour être grand
Ils se sont sacrifiés pour la cause sans mériter une seule rose
Ils ont tout donné sans abandonné ni concédé le moindre lopin
Nous avons oublié ceux qui se sont battus au prix du sang
Nous les avons oubliés par complaisance et dans l’aisance
Nous les avons oubliés par inaction coupable
et sans conviction
Nous les avons oubliés sans avoir le courage
de nous l’avouer
Sur le terreau du héraut poussent des champignons à venin
Dans le sillon du devoir du héraut clopine la relève sans pied
Le héros de demain est en route avec des béquilles cassées
Le futur est une gageure quand le présent manque de monture
Comment y arriver avec des slogans, des effigies et des monuments ?
Comment y parvenir avec sermon et sans serment ; sans cœur ni volonté ?
On ne commémore pas les morts en or, on les copie, on leur ressemble !
La glorieuse « défaite » des patriotes est vivace ; la victoire des camelotes est lâche !
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr