Les électeurs libériens étaient aux urnes, hier mardi 14 novembre 2023, pour le second tour de la présidentielle. Le président sortant, George Weah 57 ans, qui entend briguer un second mandat était face à un « vétéran » de la politique libérienne, Joseph Boakai âgé de 78 ans. Ces deux adversaires qui se connaissent parfaitement, les deux hommes s’étant déjà opposés au second tour de la présidentielle de 2017, ont joué leur va-tout pour tirer chacun son épingle du jeu.
L’ancienne gloire du ballon rond parviendra-t-elle à rééditer l’exploit de 2017 ? Dès sa prise de fonction en 2018, les chocs exogènes ont quelque peu contrarié ses ambitions. A peine remis de l’épidémie d’Ebola, le Liberia a été secoué par la COVID-19, puis par la guerre en Ukraine, deux évènements qui ont explosé l’inflation. La conséquence est que les efforts consentis par le gouvernement pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages n’ont pas produit les effets escomptés.
Cependant, sa lueur d’espoir découle de son programme d’infrastructures, avec la construction de routes et d’hôpitaux. Toute chose qui a rendu la vie quotidienne des libériens plus facile. De son côté, Joseph Boakai, joue sa dernière carte au regard de son âge avancé et présenté comme un handicap par son adversaire. Fin connaisseur de l’appareil d’Etat, il compte s’appuyer sur les failles de l’ancien ballon d’or à savoir son bilan économique jugé décevant et la corruption endémique.
En sus, il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l’ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu le président Weah il y a six ans. Cette alliance avec l’ancien chef de guerre lui a permis de cumuler de nombreuses voix dans le comté de Nimba, une zone fortement peuplée, dans le Nord. Le scrutin s’est déroulé sans couac, ce qui est un bon signe pour la suite du processus au regard des affrontements survenus pendant la campagne électorale et qui ont occasionné des pertes en vie humaine.
En effet, M. Boakai a fait état, ce dimanche, d’attaques et d’abus contre son camp, dont l’une à l’arme à feu, vendredi, contre un convoi de son équipe de campagne. Ces tensions s’expliquent certainement par le contexte qui diffère de celui de 2017. Les résultats du premier tour du 10 octobre dernier qui étaient serrés sont illustratifs.
En effet, George Weah était en tête du scrutin avec seulement 7 000 voix de plus que son challenger. Fini le second tour, les candidats se remettent désormais à la sanction des urnes. Les résultats sont attendus au plus tard dans 15 jours. Les libériens attendent énormément de cette élection, la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies. Ils espèrent qu’elle va contribuer à cimenter les plaies de leur page tumultueuse. Celle des guerres civiles qui ont secoué le Liberia et occasionné plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace.
Abdoulaye BALBONE