Les récentes passes d’armes entre l’Inde et le Pakistan, remettent au goût du jour les inimitiés séculaires sur fond ethnoreligieuses entre deux pays nés de ce que l’on appelait le Raj britannique, c’est-à-dire le Dominion britannique établi dans cette région depuis le 17e siècle et qui a pris fin en 1947 après la résistance pacifique (quoique) du Mahatma Ghandi.
Une indépendance qui a consacré donc la partition de ce joyau de la couronne britannique avec la création par « césarienne » du Pakistan en août 1947. Une césarienne ratée si l’on considère que le nouvel Etat était séparé par 1 600 km de territoire indien d’une part, et que la question du Cachemire, territoire revendiqué par les deux Etats n’avait pas été tranchée.
Depuis, ce condominium partagé entre l’Inde, la Chine et le Pakistan, a toujours constitué le nœud gordien des relations entre les deux voisins, chacun en réclamant la paternité pour des raisons historiques s’agissant de l’Inde et religieuses pour le Pakistan. Un imbroglio ethnoreligieux, disions-nous, qui a occasionné un affrontement brutal dès 1947, et qui s’est transformé en abcès de fixation au fil du temps.
La dernière confrontation donne cependant de l’urticaire au monde entier, en raison essentiellement du fait que les deux protagonistes disposent de l’arme nucléaire, mais surtout du fait que le conflit va nécessairement débordé pour impliquer l’Afgha-nistan qui dispose d’une forte communauté au Pakistan (dans le Balûchistân principalement), mais aussi la Chine qui a un œil sur le Cachemire et plus loin, l’Iran, en raison de la forte communauté chiite pakistanaise qu’elle a toujours considérée « sous le joug » des sunnites majoritaires dans le pays.
C’est le septième siècle arabe de l’après Prophète Muhammad qui ressurgirait ainsi avec les guerres de « courants » religieux qui avait occasionné le martyr de l’imam Hussein, neveu du Prophète à Kerbala. Une « bombe » qui exploserait jusqu’au Proche-Orient et dans la corne de l’Afrique avec les supplétifs houtis somaliens de l’Iran. Il faut donc le circonscrire rapidement et l’on comprend les appels au calme provenant du monde entier.
Mais, les enjeux économiques, politiques et de prestige étant importants, cette crise peut s’enliser sans pour autant que la déflagration nucléaire n’intervienne dans la mesure où il faut être en vie d’abord pour prétendre jouer aux « Rajahs » après. Il y a un temps pour tout et nous sommes pour l’heure à celui des égos surdimensionnés. Ainsi va le monde entre guerre et paix.
Boubakar SY