Pour le quinquennat 2021-2025, les partis et formations politiques appartenant à l’opposition et ceux de la majorité sont désormais connus. En effet, à la suite d’un communiqué du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, 114 partis et formations politiques ont « clarifié » leur appartenance, conformément à la loi portant statut de l’opposition politique. Au décompte final, 82 partis appartiennent à la majorité et 32, à l’opposition. Le simple constat de ces chiffres établit clairement une différence abyssale entre les deux entités, au même titre que la situation de l’Assemblée nationale qui comprend 107 députés de la majorité présidentielle (4 groupes parlementaires) et 25 de l’opposition (2 groupes parlementaires).
Cette nouvelle configuration de la scène politique burkinabè présage pour le président du Faso, un mandat relativement facile en ce qu’il pourra plus aisément « dérouler » son programme, tout au moins, dans son volet réformes et adoption des lois. Cela, du fait des exigences de la démocratie qui veulent que la majorité l’emporte sur la minorité. Mais étant donné que la qualité de l’opposition ne se jauge pas par le nombre des partis qui la compose, il serait erroné de considérer que celle du quinquennat qui débute est de moindre facture. Et pour cause, dans une dynamique de réconciliation nationale, de cohésion sociale et de développement socioéconomique du pays, l’institution désormais dirigée par le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, gagnera à s’illustrer par la force de ses arguments et propositions pour se faire valoir.
Même mise en minorité, elle peut ainsi apporter sa contribution au débat politique et à l’amélioration de la vie des Burkinabè. Certes, il ne faut pas compter sur Eddie Komboïgo et ses pairs pour « offrir » à Roch Marc Christian Kaboré et à la majorité présidentielle, les recettes aux maux qui minent la société burkinabè, mais la nation leur revaudra d’y avoir contribué, même étant dans la tunique d’opposants. L’exemple d’opposant le plus « utile » aura été le Pr Laurent Bado qui, étant dans l’opposition sous l’ère Blaise Compaoré a déposé à la Représentation nationale, une panoplie de propositions de loi dont les plus emblématiques sont la « Petite irrigation villageoise » et récemment, la loi sur la répression de la corruption et le délit d’apparence.
C’est dire qu’on n’a pas forcément besoin d’être dans la majorité présidentielle, pour apporter sa pierre à l’édification de son pays, pour peu qu’on soit animé d’une telle volonté.
Le moins qu’on puisse dire, l’opposition sera bientôt attendue sur des questions majeures telles que la modification du Code électoral (en vue des élections municipales notamment) et du Code général des collectivités territoriales (statut de l’élu local), le redécoupage du territoire national et l’adoption de la nouvelle Constitution.
En cela, la poursuite du dialogue politique, engagé en 2019 par le président du Faso et qui a permis la relecture à minima du Code électoral et par conséquent, la tenue des élections dans des conditions acceptées de tous, sera d’une grande aide. Eddie Komboïgo et ses camarades pourront ainsi combler leur infériorité numérique par des propositions constructives au risque de faire de la figuration sur toute la ligne.
Jean-Marie TOE