Etudiante en 5e année de médecine à l’université Saint-Thomas-d’Aquin, Mathilde Zerbo, âgée de 22 ans, a été sacrée championne à l’issue de la IVe édition du concours international des « débats oratoires francophones », tenue du 11 au 15 mars 2019 à Beyrouth, au Liban. Elle revient, dans cet entretien accordé à Sidwaya, sur les temps forts de cette compétition, son parcours de débatteur professionnel et ses projets.
Sidwaya (S.) : Vous avez remporté, le 15 mars dernier, le premier prix des « débats oratoires francophones » à Beyrouth au Liban. En quoi a consisté la compétition ?
Mathilde Zerbo (M.Z.) : Le principe de base de ce championnat est d’opposer un gouvernement et une opposition fictifs. Nous étions 100 candidats venant de 14 pays différents. Pour les phases éliminatoires, nous avons eu trois matches avec trois thèmes différents. En demi-finale, nous avons eu un thème et en finale un autre thème. En ce qui concerne le déroulement des débats, des groupes de huit personnes ont été constitués de manière aléatoire. Quand il y a une motion à débattre, un tirage au sort permet de repartir les candidats dans le « gouvernement » et dans l' »opposition ». Chaque groupe dispose d’une heure pour se préparer. Les différents rôles (chef de file de l’opposition, député, Premier ministre, ministre, secrétaire général du gouvernement, etc.), sont distribués librement à l’interne. « Les concours de beauté », « La politique de l’enfant unique » et « Ce gouvernement imposerait l’exclusivité du droit du sol », ont été les thèmes sur lesquels nous avons débattu.
Dans un premier temps, des notes individuelle et collective sont attribuées. En principe, chaque participant doit, à cette étape, se retrouver avec une note sur 100. A l’issue des phases éliminatoires, un cumul de points est fait et les 16 meilleurs débatteurs sont retenus. Le même procédé est repris au terme des demi-finales pour retenir huit personnes. Et à la finale, un seul vainqueur est désigné.
S.: Est-ce votre première participation à ce championnat ?
M.Z.: C’est ma première participation au championnat international de débats francophones au Liban. J’ai néanmoins pris part au championnat national de débats oratoires en 2017. L’année dernière, l’équipe de l’Université-Saint Thomas-d’Aquin (USTA) a été championne et j’ai été meilleure oratrice du championnat national 2018.
S.: Hormis le trophée, avez-vous reçu des lots en nature et en espèces?
M.Z.: Le premier prix des « débats oratoires » est uniquement composé d’un trophée et d’une attestation. Il n’y a aucun lot en espèces ou en nature. Pour ma part, cette reconnaissance internationale est bien plus importante. Ce prix est le couronnement de mes efforts, le résultat d’un travail acharné. De plus, le trophée et l’attestation peuvent plus tard servir autrement, notamment à des fins professionnelles.
S.: Avez-vous suivi une formation préalable pour devenir débatteur professionnel?
M.Z.: J’ai commencé à m’initier aux débats au sein du Club des débats oratoires de l’USTA. Cette structure représente le creuset des débatteurs de notre université. En plus de cette formation initiale à l’USTA, je me suis également formée auprès d’une structure de la place dénommée « Les débats oratoires ». C’est d’ailleurs elle qui s’occupe du championnat national et qui nous a accompagnés au Liban. Je suis sortie de cette formation avec une attestation de formatrice. J’organise donc régulièrement avec des amis des formations en dehors du cadre universitaire pour les débatteurs amateurs ou toute personne intéressée. On peut, en outre, aller sur la page Facebook de ladite organisation (débats oratoires, ndlr), pour de plus amples informations sur les sessions de
formation.
S.: Au cours de la finale, vous avez joué le rôle d’un leader de l’opposition qui critiquait l’inopportunité d’une loi. Comptez-vous faire carrière à l’avenir dans la politique?
M.Z.: Je dois dire que tout au long de la compétition, j’ai eu à occuper plusieurs rôles. J’ai été chef de file de l’opposition, député, Premier ministre, etc. A la finale, j’étais chef de file de l’opposition. Pour revenir à votre question, la politique ne fait pas partie de mes priorités ou de mes centres d’intérêt. Je préfère la suivre de loin. Je peux peut-être donner mon avis sur certaines questions, mais je ne m’engagerai jamais en politique.
S.: Votre quotidien a-t-il changé depuis votre retour triomphal de Beyrouth?
M.Z.: Rien n’a changé, en dehors des sollicitations de la presse (rires). Je continue de mener une vie normale en famille et sur le plan académique. Je vais à mes cours, je poursuis mon stage au Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo.
S.: Quels sont vos projets ?
M.Z.: J’entends m’investir dans la formation des futurs débatteurs burkinabè. J’adore partager mes connaissances avec les autres, du moins pour ceux qui le désirent. J’aimerais également mettre plus tard à profit mon savoir pour des besoins professionnels ou personnels, notamment pour défendre une cause qui me tient à cœur.
Interview réalisée par
Aubin W. NANA