Après quatre ans d’interruption, le gouvernement et les syndicats renouent le fil du dialogue. Les 6 et 7 février 2025 à Ouagadougou, en effet, les deux parties se sont retrouvées autour de la table de la rencontre annuelle Gouvernement / Organisations syndicales de travailleurs, pour examiner l’état de mise en œuvre des engagements pris par l’exécutif en 2015, 2016 et 2021, mais aussi, ses réponses au cahier de doléances du 1er mai 2022 des syndicats.
Cette reprise des négociations dans un contexte sécuritaire et socioéconomique difficile suscite un espoir d’apaisement et de décrispation du front social. Car, malgré les défis économiques et sécuritaires, le gouvernement du Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a fait de l’écoute, du dialogue et de la compréhension, des leviers essentiels de sa gouvernance afin de mobiliser l’ensemble des Burkinabè, sur les fronts de la reconquête du territoire national, de la souveraineté et du développement endogène.
En acceptant la main tendue du gouvernement, les syndicats font preuve de patriotisme et de résilience pour aller à la table des négociations.
Au-delà du symbole, ce retour au dialogue traduit une volonté assumée des deux parties de restaurer un climat social apaisé, dans un contexte où la lutte contre le terrorisme et la conjoncture économique exigent de l’ensemble des Burkinabè et particulièrement des travailleurs, sacrifice, don de soi, patriotisme et contribution à la cohésion nationale.
Le Premier ministre ne cache pas son ambition : replacer le dialogue social au cœur de la gouvernance. L’exécutif reconnaît ainsi la nécessité d’une concertation franche et constructive avec les forces sociales, conscientes des sacrifices imposés par la situation sécuritaire et économique.
Dans un pays où les revendications salariales et les conditions de vie des travailleurs restent des préoccupations majeures, la réouverture de ces discussions est perçue comme un premier grand pas vers la décrispation.
Mais, cette reprise salutaire du dialogue social ouvre de grandes attentes, même si les syndicats reconnaissent que des efforts ont déjà été consentis. L’Etat doit donc concilier revendications légitimes et contraintes budgétaires imposées par la guerre contre le terrorisme. Déjà, le jeu en vaut la chandelle ; la volonté des deux parties étant fort louable.
Loin des postures de confrontation systématique, ce dialogue s’est inscrit dans une dynamique constructive. La situation sécuritaire du pays et la lutte pour la souveraineté véritable imposent des concessions. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre exigences sociales et responsabilité nationale. Même si cette relance du dialogue est une avancée, elle ne doit pas être un feu de paille. La mise en place d’un observatoire indépendant du dialogue social, couplé à un pacte de stabilité engageant les deux parties sur des objectifs réalistes, pourrait garantir une dynamique plus durable.
L’heure est à la reconstruction d’une relation de confiance entre l’Etat et les partenaires sociaux. C’est donc une lueur d’espoir pour une vision partagée d’un Burkina de demain, pacifié, indépendant et prospère que toute sa population est appelée à bâtir.
Assetou BADOH