Ils sont sept candidats en lice pour briguer la magistrature suprême au Togo, le 22 février 2020. A la pêche aux voix, chacun d’eux espère remporter le scrutin. Tour d’horizon des prétendants.
Me Mouhamed Tchassona Traoré rêve d’alternance
Né le 31 décembre 1960 à Sokodé, Me Mouhamed Tchassona Traoré est un juriste-notaire chevronné, qui fut attaché à la justice près le parquet d’instance de Lomé de 1993 à 1995. Nommé en décembre 1994 à la 25e charge de notaire à Lomé, il exerce en qualité de notaire depuis 1995. Me Tchassona a été président de la Chambre nationale des notaires du Togo de 2002 à 2008 et du Fonds africain de garantie nationale et sécurité sociale des notaires de 2001 à 2007. Me Traoré a été membre de la Commission sécurité sociale des notaires de l’Union internationale de notariat latin (UINL) de 2004 à 2010. Il a, par ailleurs, été légiste-consulte près la Commission de coopération nationale internationale (CCNI) de l’UINL de 2010 à 2013. Il est également membre du Conseil d’administration de l’Association de notariat francophone depuis juin 2005 et de la Commission nationale de modernisation de la législation et président de la sous-commission réforme du droit foncier depuis 2006. Expert national et contributeur du rapport Doing business de la Banque mondiale depuis 2009, Me Tchassona est aussi expert national pour le groupe de travail
« titrement » de l’Union international du notariat depuis 2011. Membre fondateur du Parti pour la démocratie et le renouveau (PDR), il a représenté ce parti aux divers pourparlers, notamment l’Accord-cadre de Lomé en 1998 puis l’accord politique global en 2006. Il a créé son propre parti, le Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD) depuis novembre 2006. Candidat malheureux aux élections législatives de 2013 et à la présidentielle d’avril 2015. Me Tchassona est chevalier de l’Ordre du Mono. Il se représente en 2020. Le président du MCD fait partie des six candidats en course pour le fauteuil présidentiel. Interviewé par nos confères de RFI, il a indiqué que « le combat politique est une affaire de convictions, de visions ». Pour lui, « l’alternance est possible, si les Togolais le veulent. Crédité de 0,9% des suffrages en 2015, il pense que cette fois-ci sera la bonne. A 60 ans, il croit encore en ses chances de devenir président. En bataille, non seulement avec le candidat du parti au pouvoir, mais aussi ceux de l’opposition qu’il critique sévèrement par moment, l’opinion le place encore loin derrière dans les intentions de vote. Mais le natif de Sokodé n’entend pas se laisser faire et a adopté pour la stratégie du porte-à-porte pendant sa campagne électorale. « Le RPT et l’UNIR ont toujours gagné sur le fil du rasoir. Si les électeurs proches de l’opposition vont voter en masse, le succès sera au bout de l’isoloir », est-il convaincu.
Komi Wolou, l’homme de la situation
Titulaire d’un Doctorat en droit de l’université de Lille Il (France) en 1996, Pr Komi Wolou est enseignant-chercheur à la Faculté de Droit de l’Université de Lomé. Natif de Kamboli, une localité située dans la préfecture de Tchamba, il a décroché en 2007 son agrégation en Droit privé et science criminelle en étant major de sa promotion. M. Wolou a occupé plusieurs postes de responsabilité à la Faculté de Droit de Lomé. D’abord chef de département de droit privé, il a occupé ensuite le poste de responsable de l’école doctorale, directeur du Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) puis doyen de la Faculté de droit. Il est actuellement président du conseil académique de l’Institut de hautes études des relations internationales et stratégiques (IHERIS), une université privée de Lomé. Il intervient dans plusieurs universités au Bénin, en Côte d‘Ivoire, au Burkina Faso notamment. Sur le plan national, il a été consultant de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et du Projet d’appui à la réforme de la justice et à la promotion des droits de l’Homme (PAJDH). Spécialiste du droit de travail, il a été consultant du Bureau international du travail (BIT) et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur différentes questions se rapportant au droit togolais. Porte-parole du Pacte socialiste pour le renouveau sous Me Abi Jean Tchessa, il succède à ce dernier au poste de secrétaire national depuis décembre 2015. Ainsi, Pr Wolou est candidat à la présidentielle avec la certitude de gagner. Beaucoup pourraient se demander pourquoi il s’est jeté dans le marigot politique togolais. Mais, Pr Wolou, candidat du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR) estime qu’il est grand temps pour lui de faire la différence. Aussi se positionne-t-il comme « l’homme de la situation ». Sauf que le parti au pouvoir n’accorde pas grande importance à sa candidature qui ne semble pas faire des émules.
Jean-Pierre Fabre: enfin la consécration?
Né le 2 juin 1952 à Lomé, au Togo, Jean-Pierre Fabre est un économiste de formation. Militant de première heure de la Ligue togolaise des droits de l’Homme, il est aujourd’hui le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), principal parti politique de l’opposition togolaise. Il va à la conquête de la présidence sous la coupe de cette formation politique soutenu par d’autres partis. Sa
première candidature à une présidentielle remonte à 2010, alors qu’il était secrétaire général de l’Union des forces de changement, où il avait remplacé le président, Gilchrist Olympio qui n’avait pas pu déposer sa candidature pour raisons de santé. Il s’était positionné à la deuxième place derrière l’actuel président, Faure Gnassingbé, avec 33,93%. A la suite d’une division au sein du parti, il crée le 10 octobre de la même année, l’ANC. En 2015, il est à nouveau candidat et finit au même rang, cette fois-ci avec 35,19%. Certains observateurs de la scène politique togolaise estiment que c’est le candidat de l’opposition qui a une carte à jouer. Mais le boycott des élections législatives et les brouilles avec ses collègues de l’opposition pourraient jouer sur sa popularité.
Agbéyomé Kodjo, le communicateur aux ambitions présidentielles
Diplômé en gestion organisationnelle de l’Université de Poitiers en France, Agbéyomé Kodjo est né en 1954. Il fut membre du gouvernement sous le président Eyadéma Gnassingbé en tant que ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture de 1988 à 1991, de l’Administration territoriale et de la Sécurité de 1992 à 1993. Il fut également directeur général du Port autonome de Lomé pendant dix ans. Aux élections législatives de 1999, il est élu député et président de l’Assemblée nationale. Après un peu plus d’un an à ce poste, le président Eyadéma a nommé Kodjo, Premier ministre le 29 août 2000, en remplacement de Eugène Koffi Adoboli après que Adoboli a été battu lors d’un vote de censure. En 2001, il déclare que la Constitution devrait être modifiée pour permettre au président de briguer un troisième mandat. Il était considéré alors comme successeur de Eyadéma. Mais en 2002, en raison de divergences au sein de son parti le RPT, le président le limoge. A la même année, il critique le chef de l’Etat dans un journal et se met à dos la justice pour l’avoir déshonoré et porté atteinte à l’ordre public. Il quitte alors le Togo et se réfugie en France. Il est de facto expulsé de son parti. Il ne revient au pays qu’en 2005 après le décès du président Eyadema et crée un nouveau parti, l’Alliance démocratique pour la patrie. Il se présente à la présidentielle de 2010 sans succès. A la présente élection, il est porté et investi par Mgr Fanoko Kpodzro comme « candidat unique de l’opposition ». Communicateur, le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement a mis assez de moyens dans les affiches et son image. Kodjo mise également sur ses capacités d’homme d’Etat et sa maîtrise du système de gouvernance actuel.
Aimé Gogué, l’opposant modéré
Président de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI), Pr Aimé Gogué est en lice pour la présidentielle. Né en 1947 à Lomé, il est titulaire d’un Ph.D. en sciences économiques de l’Université de Montréal au Canada. Professeur à l’Université de Lomé, il est sollicité comme consultant par plusieurs organismes internationaux. Comme beaucoup d’autres intellectuels africains de son époque, il fut sensible à la chose politique dès sa jeunesse mais ses actions ont commencé dans les années 1990 avec la création du Comité d’action pour le développement intégrale (CADDI). Le CADDI se transforme en parti politique, Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) après la Conférence nationale souveraine (CNS). Il est ensuite nommé ministre du Plan et de l’aménagement du territoire, poste qu’il va quitter en 1993. Il se présente aux législatives de 1994 et 2007 mais a toujours été battu à cause de la mauvaise organisation de son parti. Mais lors, des législatives de 2013, le parti s’organise mieux et remporte trois sièges dans le canton de Nano, son fief. Il a dirigé les campagnes électorales des candidats de l’opposition en 2005 et 2010. Plusieurs fois déçu par les résultats des urnes, il est considéré comme un opposant modéré. Bien installé dans sa base électorale à Tandjouaré au Nord du Togo, dans la région des Savanes, le candidat reste conscient qu’il doit travailler dur pour se positionner .
Dr Georges Kuessan, le candidat de la transition
C’est une première expérience dans sa jeune carrière politique. Docteur en pharmacie et en médecine, Dr georges Kuessan est le candidat du parti « Santé du peuple ». Il justifie sa participation à cette présidentielle, par le fait que tous ses pairs de l’opposition aient décidé de jouer le jeu. « Nous nous sommes battus pour qu’il y ait une candidature unique, mais nous avons constaté qu’à la veille du dépôt des candidatures, qu’on ne pouvait plus parler de candidature unique de l’opposition. Comme les gens n’ont pas voulu respecter la consigne, nous avons jugé bon de nous lancer », justifie Dr Kuessan. Ce qui amène certains à le qualifier de « chantre de la candidature unique de l’opposition ». Né en 1957 à Lomé, il est connu pour ses œuvres sociales en faveur des personnes les plus démunies. Son expérience politique commence en 2013 avec la création de son parti. Il a également joué un rôle dans la coalition CAP 2015 dont il fut coordonnateur national. Il participe à la présidentielle en 2015 en soutien au candidat de la coalition. Il est le moins âgé des candidats en lice et son parti, le seul à n’avoir jamais participé à une présidentielle. Porteur d’un programme axé sur la transition et les réformes socioéconomiques, Dr Kuessan a encore un grand travail de représentativité à faire.
Faure Gnassingbé, l’expérimenté
Faure Essozimna Gnassingbé se présente pour un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle du 22 février 2020, qui oppose sept candidats. Pour un grand nombre de togolais, il est le plus expérimenté pour assurer une bonne gouvernance au Togo. Né le 6 juin 1966 à Afangagan au Togo, Faure Gnassingbé est président de la République depuis 2005. D’abord président par intérim du 7 au 25 février 2005, il est ensuite élu 3 fois de suite les 24 avril 2005, 4 mars 2010 et 25 avril 2015, et se présente pour un quatrième mandat en 2020. Par ailleurs, Faure Gnassingbé promet s’il est réélu président de garantir la stabilité et la sécurité au Togo, afin d’accentuer encore plus la tendance de développement économique du pays.
Abdel Aziz Nabaloum
Joseph Haro