Le caucus genre de l’Assemblée nationale organise, du 3 au 8 avril 2019 à Ouagadougou, des rencontres de plaidoyer auprès des partis politiques pour le positionnement des femmes sur les listes électorales. L’activité vise une meilleure représentativité des femmes dans les instances de décision.
Malgré les efforts déployés par l’Etat burkinabè pour accroître la participation des femmes à l’animation de la vie politique, à travers l’adoption de la loi portant quota genre en 2009, on assiste toujours à une faible représentativité de la gent féminine dans les instances politiques. Pour inverser la tendance, le caucus genre de l’Assemblée nationale tient, du 3 au 8 avril à Ouagadougou, des rencontres avec les états-majors des partis politiques sur le thème : «positionnement des femmes sur les listes électorales». Le député Oudagou Goula, membre du caucus, s’est confié à la presse à l’issue d’une rencontre, le mercredi 3 avril 2019 dans la capitale burkinabè. Cette initiative vise, selon lui, une amélioration de la représentativité des femmes dans les instances politiques à partir des élections de 2020. «Il s’est agi de rencontrer les différents partis pour échanger avec eux sur la question, comprendre leur stratégie interne pour promouvoir la participation des femmes et les moyens mis à leur disposition en vue de les aider à accéder aux sphères de décision dans les milieux politiques», a-t-il précisé. De son avis, l’état des lieux sur la participation des femmes à la vie politique au Burkina Faso présente des résultats très mitigés. A titre d’exemple, le nombre de femmes députés à l’Assemblée nationale a évolué ainsi qu’il suit : 10 sur 111 en 1997, 13 en 2002, 17 en 2007, 24 femmes sur 127 députés en 2012, et 15 actuellement sur 127. On peut citer entre autres obstacles à la participation des femmes, la perception négative des femmes en politique, les conflits conjugaux, l’opposition ou le faible soutien de la famille et les charges familiales liées à la division des tâches selon le sexe. Dans des partis politiques, ce tableau sombre trouve son explication dans le mauvais positionnement des femmes sur les listes électorales, le faible investissement dans la formation politique des militantes, la faible représentation dans les hautes instances des partis, le harcèlement ou chantage sexuels de la part des hommes et les conflits entre militantes pour quelques rares postes qui leur sont attribués.
A en croire Oudagou Goula, ce serait également l’occasion pour le caucus genre d’avoir l’appréciation des états-majors des partis politiques sur la loi quota genre adoptée en 2009, notamment ses forces et ses faiblesses en vue de formuler des recommandations pour son amélioration. «En somme, il s’agit de passer en revue certaines dispositions du texte, prendre conscience des limites et les adapter afin d’obtenir une plus grande participation des femmes lors des batailles électorales de 2020 qui se profilent à l’horizon», a indiqué le député du groupe parlementaire Renouveau démocratique. Une étude réalisée récemment sur le sujet par des experts en genre du Centre parlementaire canadien se veut formelle sur la contribution de la femme en politique.
«La vitalité et la valeur de la démocratie au Burkina Faso dépendront de la place et du rôle qui seront réservés aux femmes», lit-on dans le rapport. Face à ces perspectives orageuses sur l’avenir de la démocratie aux pays des Hommes intègres, les membres du caucus genre tirent d’ores et déjà sur la sonnette d’alarme. «Les présentes rencontres entrent dans le cadre des activités de plaidoyer du caucus dont l’ambition est de sensibiliser les décideurs, notamment les chefs de partis politiques et l’opinion nationale à la question. Cela pour une meilleure représentativité des femmes aussi bien dans les tissus de développement que dans les instances de décisions», a ajouté le député Goula. Le caucus genre a bénéficié de l’accompagnement financier du Centre parlementaire canadien à travers le Projet d’appui à la démocratie au Burkina Faso (PADEB). La cellule genre de la représentation nationale regroupe des députés, membres des partis politiques de la majorité ainsi que de l’opposition.
Beyon Romain NEBIE
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Arnaud YAMEOGO
(Stagiaire)