Jacqueline Nikiéma est réputée être stricte dans l’application des règles.

Arbitre internationale depuis 2019, Jacqueline Nikiéma fait la fierté du pays des Hommes intègres dans le football aussi bien sur le plan national qu’international par la qualité de son travail.

«C’est un exemple pour tous les jeunes arbitres qui veulent grandir ». C’est la conviction de l’instructeur d’arbitres FIFA/CAF, Losséni Paré, président de la commission centrale des arbitres à la Fédération burkinabè de football à propos de l’arbitre internationale burkinabè, Jacqueline Nikiéma. L’ancien arbitre assistant international est loin d’être le seul à reconnaitre le mérite de la jeune athlète. Et ce, depuis 2016 quand elle a commencé comme élève-arbitre. Pour l’ancienne joueuse des Princesses du Kadiogo, ce retour sur le rectangle vert est une autre manière de vivre sa passion pour le ballon rond après une carrière de joueuse écourtée par la force des choses quelques années plus tôt.

« J’étais pour mes études au privé et mes cours ne me permettaient pas de m’entraîner comme il se doit. Du coup j’ai arrêté le football comme joueuse », explique-t-elle. Son abnégation au travail et son engagement dans cette nouvelle orientation vont lui permettre de vite valider sa formation et bénéficier de la confiance de ses encadreurs. C’est ainsi que dès 2017 elle est autorisée à faire ses preuves sur des matches de D1 féminine tantôt en tant que 4e officielle, parfois comme arbitre assistante. La saison suivante, elle franchit un cap et intervient désormais comme arbitre centrale. Une tâche qu’elle exécute à la perfection, ce qui lui vaut d’être désignée à la fin de la saison 2017-2018 par la Fédération, meilleure arbitre dame du championnat féminin.

Il en sera de même en 2019, année à laquelle elle accède au grade d’arbitre FIFA. Un tournant majeur dans la carrière de la fille de Vipaalgo, département de Komki-Ipala (Kadiogo). Une nouvelle étape qui l’a conduite depuis presque cinq ans maintenant sur plusieurs terrains africains pour une vingtaine de matches internationaux. En guise d’exemple, elle a été au sifflet dès 2021 de la finale des qualificatifs de la ligue des champions féminine de l’UFOA-B à Abidjan. En 2022, elle officie la demi-finale de la même compétition en tant qu’arbitre principale.

En 2023, lors de la coupe UFOA-B U20 Dames au Ghana, elle intervient comme 4e officielle. « J’ai également fait les éliminatoires des CAN féminines U20, U17 et jeux Olympiques », précise-t-elle. Elle vient de rallier la Côte d’Ivoire ce week-end où elle officiera aux côtés de sept de ses homologues comme arbitre principale pour les qualificatifs de la Ligue des champions féminine de la zone UFOA-B qui se dérouleront jusqu’au 5 septembre prochain. Ceci, après être rentrée des jours plus tôt de la coupe UFOA-B U20 masculine tenue, du 10 au 23 juillet 2025, au Ghana.

Des qualités remarquables

Ces nombreuses sollicitations témoignent des bonnes performances de Jacqueline sur l’échiquier international, fruits d’un travail acharné et de ses nombreuses qualités. « Elle est assez sereine sur le terrain et j’apprécie beaucoup son courage et sa condition physique. Je n’oublie pas son calme olympien car c’est une qui est très calme comme arbitre et soucieuse de réussir ses matches si bien qu’elle reste concentrée du début jusqu’à la fin. Toujours à côté des actions avec des gestes clairs. C’est vrai qu’elle n’est pas de grande taille (1,65m ndlr) mais elle se fait respecter et regarde les joueurs dans les yeux au moment d’infliger une sanction », confie l’inspecteur d’arbitre, Losséni Paré. L’arbitre international Jean Ouattara ne tarie pas non plus d’éloges au sujet de sa collègue qu’il considère comme l’une des meilleures au Faso.

« Je dirais même la meilleure. Elle bosse dur et est très sérieuse depuis que je la connais lorsqu’elle a été inscrite arbitre FIFA. Cette année, elle a officié des matches très chauds même dans le championnat masculin de D1. Dans la vie, chacun a sa chance mais, elle a beaucoup d’avenir si elle continue de travailler ainsi », avoue celui-ci. Décidée à repousser les limites sans bruler les étapes, Jacqueline a poussé les portes de la Ligue 1 masculine du Burkina, la saison dernière. Et pour une première, elle a plutôt fait bonne impression aux observateurs parmi lesquels ses superviseurs.

« Qu’elle maintienne le cap car elle a toujours tiré son épingle du jeu. Elle a maîtrisé tous ses matches en Ligue1 masculine, la saison écoulée. Nous l’avons bien appréciée au niveau de la commission à ce propos », affirme le président de la commission centrale des arbitres, Losséni Paré. La jeune arbitre est cependant consciente qu’il va falloir faire des ajustements pour ne pas décrocher. « Ce fut une belle expérience car cela a permis de me surpasser et d’acquérir plus d’expérience. Un match reste un match, mais pour les matches masculins le rythme est généralement plus élevé ce qui requiert plus de travail », dit-elle.

Nul doute qu’elle prendra le temps qu’il faut pour s’aguerrir dans ce nouvel environnement, elle qui est décrite comme une personne très patiente mais persévérante. « Depuis 17 ans que je la connais c’est une qui est réservée mais toujours en quête de connaissances afin de rehausser son niveau dans ce qu’elle fait. Elle vise l’excellence et cherche à se surpasser chaque fois », témoigne son amie d’enfance, Sophie Kabré. C’est sans doute dans cette optique qu’en tant que professeure d’éducation physique et sportive, elle s’attèle à boucler son Master en Management du sport.

Proches, encadreurs et collègues reconnaissent également en Jacqueline sa grande disponibilité pour les autres. L’assistante Ami Kouma présentement en Côte d’Ivoire avec elle se souvient de sa première sortie à l’international avec Jacqueline Nikiéma. « Elle m’a soutenue en tant que plus expérimentée en me guidant et conseillant sur ce qu’il fallait faire et la manière de bien le faire pour réussir le travail. Et petit à petit, nous sommes devenues un duo complice. C’est une qui n’est pas compliquée, elle donne beaucoup de conseils et est réceptive aux propositions pour qu’ensemble nous arrêtons ce qu’il y a de mieux », se rappelle-t-elle. Jacqueline Nikiéma rêve d’officier un jour la finale d’une CAN et en Coupe du Monde mais comme aime à répéter la trentenaire : elle ira étape par étape.

Voro KORAHIRE

 

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