C’est peut-être la dernière ligne droite avant la tenue des élections générales censées mettre fin à la Transition au Tchad. Samedi 13 janvier dernier, le Mouvement patriotique du salut (MPS), l’ex-parti au pouvoir sous l’ancien président Idriss Déby, a investi au cours d’un congrès extraordinaire, le président de la Transition, Mahamat Idriss Déby comme son candidat à la prochaine élection présidentielle. Et pourtant, le MPS qui a su se maintenir au pouvoir pendant plus de 30 ans (1990 à 2021) avait la possibilité de désigner un candidat en son sein au regard des poids lourds dont il dispose.
Déby fils qui a été porté au pouvoir à la suite du décès de son père, en avril 2021, ne s’est pas encore prononcé sur le choix porté sur sa personne. Mais pour bon nombre de Tchadiens, cette décision n’est véritablement pas une surprise au regard des prises de positions du parti sur les sujets majeurs de la vie la Nation depuis l’avènement de la Transition. En effet, elle a été prise par acclamation sans la moindre objection par des congressistes acquis à la cause du pouvoir en place. En sus, le MPS a activement pris part au dialogue national inclusif et souverain en octobre 2022 et a grandement contribué au succès du « oui » au referendum constitutionnel en décembre 2023.
Ce qui fait dire à certains analystes que le choix du MPS n’est qu’une officialisation d’un « pacte secret » scellé entre le président de la Transition et le principal parti politique tchadien. Ce soutien intervient également après la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre, Succès Masra, un fervent opposant au pouvoir de la Transition il y a peu. L’on se souvient que M. Masra s’était lancé dans une caravane aux allures de pré-campagne durant laquelle, il faisait les éloges de son programme politique.
Va-t-il se présenter aux prochaines élections ou soutiendra-t-il, le président Deby dans un contexte où, ses marges de manœuvres sont réduites avec le ralliement de l’ex-parti au pouvoir en place ?. En « fin politicien », il n’est pas exclu que le Premier ministre emboite les pas du MPS en déclarant son candidature. Si tel est le cas, ce serait créer un boulevard à Mahamat Idriss Déby pour briguer la magistrature suprême.
Pour l’heure, il ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature, mais sauf cataclysme, le scénario prévu du camp présidentiel est en marche. Dans un tel contexte, l’on se demande quelle sera la marge de manœuvre d’une opposition privée de son leader charismatique. Il est certain que des électeurs n’auront plus confiance à l’opposition avec le virage spectaculaire de Succès Masra.
Conscients d’une telle situation, très peu d’opposants ont réagi à la décision du MPS de soutenir la candidature de Deby. Le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), Max Kemkoye, à la tête du groupe de concertation des acteurs politiques, qui s’est dit pour sa part « outré » de ce choix, montre si besoin en était, la délicatesse de leur mission de conquête du pouvoir.
Cependant, l’opposition ne désarme pas et appelle de tout son vœu la tenue à bonne date des élections. Vivement qu’une date soit retenue afin que les Tchadiens puissent désigner leurs futurs dirigeants en renouant avec une vie constitutionnelle normale et mettant un terme à la Transition qui dure depuis près de 3 ans.
Abdoulaye BALBONE